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Friday, September 27, 2024

L’adhésion de Corneille Naanga au M23: une diversion du Rwanda pour masquer ses « ambitions expansionnistes »

La récente alliance entre Corneille Naanga et le M23, qui semblait initialement un soutien stratégique à la rébellion contre le gouvernement de Kinshasa, se révèle être une manœuvre savamment orchestrée par le Rwanda. Derrière les apparences d’une « offensive militaire » pour renverser le pouvoir central en République démocratique du Congo (RDC), se cache une « stratégie bien plus subtile » de la part du Rwanda, visant à masquer ses « ambitions expansionnistes » dans la région des Grands Lacs. Cette analyse explore comment cette adhésion s’inscrit dans un plan plus vaste et les répercussions géopolitiques de cette « tromperie ».

Si cette stratégie a temporairement réussi à détourner l’attention de la communauté internationale, elle n’en reste pas moins risquée, car elle renforce les tensions régionales et les luttes internes au sein du M23. À long terme, cette manipulation pourrait affaiblir la cohésion du mouvement rebelle et exposer davantage les ambitions expansionnistes de Kigali, exacerbant ainsi « l’instabilité » dans la région des Grands Lacs.

Corneille Naanga : une alliance de surface

Corneille Naanga, ancien cadre influent et homme d’affaires congolais, a officiellement rejoint le M23 avec la promesse d’un soutien financier massif pour renverser le régime de Félix AntoineTshisekedi. Sa vision semblait claire : « organiser une offensive militaire décisive contre les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) et prendre le contrôle de Kinshasa pour rétablir un pouvoir qu’il juge légitime ». Naanga a ainsi investi des millions de dollars dans l’armement et le soutien logistique au M23, croyant pouvoir influencer la rébellion et orienter ses objectifs vers une prise de pouvoir au niveau national. Cependant, plusieurs observateurs sur le terrain ont remis en question cette ambition. Les capacités militaires du M23, limitées à des zones stratégiques du Nord-Kivu, ne pouvaient pas justifier une telle opération à grande échelle sans un soutien extérieur. Cette surenchère financière et militaire cache en réalité un objectif bien différent, piloté depuis Kigali : « détourner l’attention internationale des véritables ambitions expansionnistes du Rwanda dans la région ».

Naanga : un leurre au service des ambitions de Kigali

L’adhésion de Naanga au M23 n’aurait donc été qu’un leurre, une « diversion orchestrée » pour occulter les véritables intentions expansionnistes du Rwanda. En focalisant l’attention sur un possible renversement du gouvernement à Kinshasa, Kigali a détourné les regards de la consolidation de son contrôle sur des territoires clés dans le Nord-Kivu. Naanga, convaincu de l’importance de sa mission, semble avoir été manipulé pour servir « d’outil » dans une stratégie bien plus vaste, qui vise à « redéfinir les frontières de la région des Grands Lacs ».

Naanga, après plusieurs tentatives infructueuses d’obtenir des résultats tangibles sur le terrain, a réalisé que ses efforts étaient vains et que le M23 poursuivait d’autres priorités. Le véritable objectif de ce groupe terroriste du M23 ne serait pas de mener une offensive directe contre Kinshasa, comme Naanga l’espérait, mais plutôt de consolider un pouvoir local dans le Rutshuru, le Masisi et le Lubero pour permettre le retour des réfugiés tutsis. Cette divergence d’objectifs entre Naanga et les dirigeants du M23 souligne la manipulation à laquelle il aurait été soumis. La stratégie rwandaise, consistant à utiliser Naanga comme « couverture » pour ses ambitions territoriales, a des conséquences géopolitiques majeures pour la région. D’une part, elle complique les efforts de résolution du conflit en RDC, en détournant l’attention des « véritables enjeux ». D’autre part, elle renforce les « tensions ethniques et territoriales » dans le Nord-Kivu, où les populations locales, notamment les Wazalendo, résistent de plus en plus à l’influence rwandaise et à la progression du M23.

De même, l’appui de Naanga au M23 a également exacerbé les tensions internes au sein du mouvement. Accusant certains responsables de détourner les fonds, Naanga se retrouve aujourd’hui marginalisé, sans véritable contrôle sur la rébellion qu’il chante contrôler. Cette situation illustre la dynamique classique des luttes de pouvoir et des rivalités internes dans le mouvement rebelle étranger, où les intérêts financiers prennent souvent le pas sur les objectifs politiques ou militaires.

>> Lire aussi : SULTAN MAKENGA, UN VA-T-EN-GUERRE PILOTÉ PAR KIGALI ET KAMPALA ? VOICI SON PORTRAIT ROBOT

Sultan Makenga : stabiliser les frontières pour le Rwanda

Contrairement à Naanga, Sultan Makenga, le leader militaire du M23, a toujours eu des objectifs plus pragmatiques et régionalistes. Pour lui, l’enjeu n’est pas de s’emparer de Kinshasa, mais de « stabiliser les zones stratégiques du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, pour garantir la sécurité et le retour des réfugiés tutsis rwandophones ». Cette approche, moins spectaculaire que celle de Naanga, s’inscrit néanmoins dans une stratégie plus large de « sécurisation des intérêts rwandais à la frontière congolaise ». Le Rwanda utilise cette rébellion comme « levier » pour étendre son influence en RDC, tout en protégeant ses populations d’origine tutsie.

En se concentrant sur la stabilisation de ces territoires frontaliers, Makenga sert les intérêts du Rwanda, en créant des « zones tampons » sous contrôle rwandophone, qui pourraient à terme permettre une intégration plus formelle de ces régions à l’influence de Kigali.

Si l’adhésion de Corneille Naanga était en réalité une diversion, cela pourrait indiquer que le M23 utilise des alliances opportunistes pour servir des objectifs qui dépassent la simple défense ethnique.

Daniel MOMBELE

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