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Afrique : Les anciennes alliances et leur rôle dans la configuration des conflits modernes

L’Afrique, riche de son histoire millénaire, est le berceau d’anciennes alliances qui ont façonné les relations interethniques et interrégionales, mais qui continuent également d’influencer les conflits modernes. Comprendre ces alliances historiques est crucial pour déchiffrer les enjeux contemporains, car elles révèlent comment le « passé » peut interagir avec le présent. Des empires africains tels que l’Empire du Mali, l’Empire ottoman, et le Royaume Kongo ont façonné les interactions entre les peuples africains et d’autres civilisations, notamment au Moyen-Orient et en Europe. Cette analyse examine comment ces héritages historiques nourrissent les enjeux actuels et les rivalités internationales.

L’héritage des empires africains

Les empires africains ont établi des réseaux de commerce, de culture et de religion qui ont transcendé les frontières géographiques. L’Empire du Mali, sous la direction de Mansa Moussa au XIVe siècle, est un exemple emblématique de la manière dont les alliances et les échanges ont façonné l’identité africaine. Mansa Musa a effectué un pèlerinage à La Mecque, un événement qui a non seulement renforcé ses liens avec le monde islamique, mais a également établi le Mali comme un centre intellectuel et commercial. Cette interaction a tissé des relations durables entre les peuples maliens et arabes, qui persistent aujourd’hui à travers le commerce et les échanges culturels.

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L’Empire ottoman, qui s’étendait sur une grande partie du Moyen-Orient et du nord de l’Afrique, a également joué un rôle crucial dans les dynamiques de pouvoir en Afrique. En intégrant des territoires africains dans ses structures politiques et économiques, l’Empire a favorisé des échanges commerciaux qui ont renforcé les liens entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Cette interaction a eu un impact durable sur les rivalités contemporaines, où des pays comme la Turquie cherchent à réaffirmer leur influence en Afrique, en s’appuyant sur des héritages historiques partagés.

Le Royaume Kongo et les Missionnaires : Le Royaume Kongo, qui s’étendait sur plusieurs pays d’Afrique centrale (notamment le Gabon, la République Centrafricaine, la République du Congo et l’Angola), a également connu une profonde transformation grâce aux contacts avec les missionnaires européens. Au XVe siècle, les missionnaires catholiques ont introduit le christianisme, établissant des relations qui ont modifié le paysage religieux et politique de la région. Cette influence chrétienne, tout en s’alignant sur les structures politiques locales, a également créé des tensions et des rivalités, notamment avec les pratiques religieuses traditionnelles.

Instrumentalisation des alliances historiques

Les héritages de ces alliances historiques continuent d’influencer les rivalités contemporaines sur le continent. Par exemple, les conflits actuels au Sahel peuvent être retracés à des « rivalités ethniques et religieuses » exacerbées par des influences extérieures. L’utilisation « d’extrémisme religieux » par des groupes comme Al-Qaïda et l’État islamique rappelle les anciennes fractures entre communautés qui étaient, autrefois, unies par des alliances dynastiques ou commerciales.

Les anciennes alliances sont souvent manipulées par des acteurs contemporains pour légitimer des revendications territoriales ou politiques. Par exemple, les tensions entre le Maroc et l’Algérie, qui sont héritées de conflits historiques liés aux dynamiques tribales et coloniales, sont exacerbées par des discours nationalistes qui évoquent des luttes pour l’autonomie et l’identité. Les rivalités modernes sont ainsi souvent enracinées dans des alliances et des hostilités historiques, que ce soit dans la région du Maghreb ou ailleurs en Afrique.

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Les rivalités contemporaines : Soudan et RCA

Les rivalités contemporaines au Soudan et en République centrafricaine (RCA) sont des exemples frappants de la manière dont les conflits modernes sont souvent influencés par des dynamiques historiques, exacerbées par des intérêts géopolitiques actuels et la compétition pour les ressources.

Le Soudan a été marqué par des tensions ethniques et religieuses depuis sa colonisation par les Britanniques et les Égyptiens. Ces puissances coloniales ont largement favorisé le Nord, majoritairement musulman, tout en négligeant le Sud, où prédominent les croyances chrétiennes et animistes. Cette marginalisation historique a posé les bases d’une guerre civile qui a duré des décennies, culminant avec l’accord de paix de 2005 et l’indépendance du Soudan du Sud en 2011.

Cependant, l’indépendance n’a pas suffi à pacifier les tensions internes. Le Soudan continue d’être déchiré par des luttes de pouvoir entre différents groupes, comme les récentes violences impliquant les Forces de soutien rapide (FSR) et l’armée soudanaise en 2023. La compétition pour le contrôle des ressources, notamment pétrolières, reste un facteur central des affrontements. De plus, l’intervention de puissances étrangères, telles que les Émirats arabes unis et la Russie, complique encore la situation, en soutenant diverses factions pour préserver leurs intérêts stratégiques et économiques.

En RCA, les rivalités ethniques et religieuses ont également des racines profondes, alimentées par l’histoire coloniale et les divisions politiques. Le conflit actuel trouve ses origines dans la prise de pouvoir de l’ex-coalition Seleka, majoritairement musulmane, en 2013, qui a engendré une riposte violente des milices Anti-Balaka, à majorité chrétienne. Ce conflit a exacerbé les tensions ethniques et religieuses, plongeant le pays dans un cycle de violences.

Au-delà de ces tensions internes, la RCA est devenue le théâtre d’une guerre par procuration, où des puissances régionales et internationales cherchent à exercer leur influence. Par exemple, la Russie a consolidé sa présence par l’envoi de mercenaires du groupe Wagner, qui fournissent un soutien militaire au gouvernement centrafricain en échange de concessions minières. Cette implication étrangère ne fait qu’ajouter à la complexité du conflit, rendant la réconciliation plus difficile, d’autant que les intérêts des puissances extérieures divergent souvent des aspirations locales à la paix.

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Le Soudan et la RCA partagent des dynamiques communes en matière de rivalités ethniques, religieuses et tribales, souvent exacerbées par l’ingérence extérieure. Dans les deux cas, les groupes armés exploitent les fractures historiques et la marginalisation de certaines communautés pour justifier leurs actions et recruter de nouveaux membres. Les efforts de stabilisation, qu’ils soient internes ou soutenus par la communauté internationale, sont entravés par des rivalités persistantes et des intérêts géopolitiques concurrents, qui rendent la paix et la réconciliation extrêmement complexes.

Les conflits au Soudan et en RCA montrent que la paix durable ne peut être atteinte sans un engagement sérieux en faveur de la réconciliation nationale, qui prend en compte les racines historiques des tensions, tout en neutralisant les ingérences étrangères qui exacerbent les rivalités. Dans ces contextes, la création d’États capables de gouverner de manière inclusive, respectant la diversité ethnique et religieuse, est essentielle pour éviter la perpétuation des cycles de violence.

La dimension géopolitique

La géopolitique contemporaine en Afrique est également influencée par des alliances historiques. La quête pour les ressources naturelles en Afrique est un autre aspect influencé par ces alliances historiques. Des puissances étrangères, exploitent ces anciennes rivalités pour renforcer leur présence sur le continent. Les anciennes routes commerciales ont évolué en nouveaux corridors d’extraction des ressources, attirant l’attention des puissances internationales. Par exemple, la France a des liens historiques avec de nombreux pays francophones en Afrique, notamment au Sahel. Les interventions militaires françaises contre des groupes djihadistes, tels que dans l’opération Barkhane, s’inscrivaient dans le cadre d’alliances héritées de l’époque coloniale. De même, la RDC riche en minéraux, devient un point de convoitise pour des acteurs internationaux qui exploitent non seulement les ressources, mais aussi les rivalités historiques entre les groupes ethniques pour établir leur contrôle.

Les États-Unis, quant à eux, ont intensifié leur engagement en Afrique à travers des programmes de lutte contre le terrorisme, notamment en Somalie et au Sahel, où les anciennes alliances tribales sont souvent prises en compte dans la stratégie de stabilisation. Ces interventions révèlent comment les enjeux géopolitiques d’aujourd’hui s’entrelacent avec les alliances et les rivalités héritées du passé.

L’analyse des alliances historiques en Afrique révèle que les enjeux contemporains ne peuvent être compris sans un regard sur le passé. Les liens tissés par des figures emblématiques comme Mansa Musa, l’impact de l’Empire ottoman, et l’influence des missionnaires dans le Royaume Kongo sont autant d’éléments qui continuent de façonner les relations politiques, économiques et culturelles sur le continent. En prenant en compte ces héritages, les décideurs africains et internationaux peuvent mieux naviguer dans les défis complexes du XXIe siècle, en promouvant la paix et la coopération tout en honorant les leçons du passé.

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