Alors que la première Conférence ministérielle Russie-Afrique approche, prévue à Sotchi les 9 et 10 novembre 2024, la République centrafricaine (RCA), sous la présidence de Faustin-Archange Touadéra, se retrouve dans une situation géopolitique particulièrement « délicate ». La ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, est attendue à cet événement pour rencontrer son homologue russe, Sergueï Lavrov.
Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra se retrouve aujourd’hui pris dans une « toile complexe d’alliances géopolitiques concurrentes ». Après avoir initialement placé sa confiance dans le soutien militaire de la Russie et du groupe Wagner, sa stratégie diplomatique s’est précipitée vers un « enchevêtrement de relations délicates », un phénomène que certains qualifient de « feu dévorant sans l’anti-incendie », en référence aux « pièges politiques » dans lesquels il s’est empêtré.
La Russie : un partenaire de longue date sous pression
Dès son arrivée au pouvoir, Touadéra s’est appuyé sur les forces russes de Wagner pour restaurer un semblant de stabilité dans certaines régions du pays, déchirées par des années de guerre civile. En échange de ce soutien militaire, la Russie a consolidé son influence en Centrafrique, notamment en obtenant des concessions minières cruciales. Cependant, cette alliance forte avec Moscou n’a pas empêché Touadéra de tendre la main à d’autres puissances, en particulier les États-Unis.
En 2023, la tentative de diversifier ses partenaires sécuritaires en invitant un groupe américain à contribuer à la stabilité du pays a été perçue comme une manœuvre risquée. Cette ouverture envers l’Occident a éveillé les soupçons de Moscou, qui n’a pas tardé à voir en cela un effort pour rééquilibrer la balance des influences internationales en Centrafrique, au détriment de la Russie.
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Le Rwanda : un allié stratégique et concurrent de Wagner
Simultanément, la coopération militaire et économique avec le Rwanda a aussi créé de nouvelles tensions. Le président Touadéra a octroyé d’importantes concessions minières à des intérêts rwandais, renforçant ainsi la présence du Rwanda en RCA. Ce partenariat a rapidement mis en concurrence les forces de Wagner, qui voyaient cette émergence de Kigali comme une menace directe à leur contrôle des ressources et à leur influence régionale.
Ces rivalités ont exacerbé les tensions diplomatiques, non seulement entre Touadéra et ses partenaires étrangers, mais aussi entre ces puissances elles-mêmes. Le Rwanda, qui est devenu un acteur incontournable dans la région, constitue une nouvelle force que Wagner et la Russie ne peuvent ignorer. Ainsi, Touadéra se retrouve dans une situation périlleuse, jonglant avec des alliances conflictuelles et des pressions diplomatiques croissantes.
Une stratégie diplomatique en équilibre précaire
Dans un effort pour trouver une issue à cette situation compliquée, Touadéra a récemment cherché à renouer des liens avec Moscou. En amont de la conférence ministérielle Russie-Afrique, prévue pour novembre 2024, il a chargé la ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon, de rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans l’espoir de restaurer la confiance avec son allié initial.
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La stratégie de Faustin-Archange Touadéra, marquée par une diversification des alliances, semble aujourd’hui le mettre en difficulté. Il se retrouve au bout du chemin ne sachant pas prendre à droite ni à gauche et droite, et se manifeste l’urgence avec laquelle il doit apaiser les tensions, tout en préservant l’accès aux ressources vitales de son pays. Les rivalités entre Wagner et le Rwanda, exacerbées par les ambitions économiques de ces deux puissances, soulignent la fragilité de sa position. Seul un rééquilibrage réussi de ces alliances pourrait permettre à Touadéra de sortir de cette impasse diplomatique sans exacerber davantage les tensions internes et internationales.
La participation de Sylvie Baïpo-Temon à la conférence ministérielle Russie-Afrique en novembre ne se limitera pas à une simple rencontre diplomatique. Elle s’inscrit dans un contexte géopolitique où chaque mouvement est scruté avec attention. Pour Touadéra, cette conférence sera l’occasion de réaffirmer son engagement avec Moscou, tout en continuant de jouer sur plusieurs fronts diplomatiques pour sécuriser l’avenir de son régime. Mais il doit aussi se préparer à gérer les tensions croissantes entre Wagner et le Rwanda, qui ajoutent une couche supplémentaire de complexité à ses choix stratégiques.
D. Sangara
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