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Friday, October 18, 2024

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Afrique : Fédération afro-moyen-orientale – vers une unité historique et géopolitique

L’idée d’une Fédération Afro-moyenne-orientale s’inscrit dans une vision unificatrice fondée sur des « liens historiques, religieux et stratégiques ». En se référant aux dynasties « Ayyoubides et Fatimides, à l’Empire Umayyad Caliphate ainsi qu’à l’héritage spirituel du patriarche Abraham », cette proposition vise à « rétablir des connexions qui existaient avant la colonisation et à proposer un modèle de gouvernance interrégionale » pour résoudre des défis actuels, notamment en matière de sécurité et de développement.

Liens historiques à travers les dynasties Ayyoubides et Fatimides

Les dynasties Ayyoubides et Fatimides ont marqué l’histoire des deux régions. Les Fatimides, avec leur capitale au Caire, contrôlaient non seulement l’Égypte, mais également des portions de la Libye, la Tunisie, et des territoires du Moyen-Orient. De même, les Ayyoubides, sous Salah al-Din, régnaient sur l’Égypte, la Syrie, et l’Arabie Saoudite actuelle. Cette interconnexion entre les terres africaines et arabes montre l’intégration historique de ces régions sous des « entités politiques communes ».

Unité spirituelle basée sur le patriarche Abraham

Sur le plan spirituel, la figure d’Abraham joue un rôle central dans l’unification des trois grandes religions monothéistes – le judaïsme, le christianisme et l’islam – qui ont vu le jour dans la région afro-moyen-orientale. Ismaël, fils d’Abraham et d’une Égyptienne, est un personnage clé dans la généalogie arabe et islamique, reliant ainsi les peuples du Moyen-Orient à l’Afrique. La mère d’Ismaël, ainsi que sa femme, sont toutes deux égyptiennes, ajoutant une autre dimension aux relations entre l’Égypte (en Afrique) et le peuple d’Israël.

La reine de Séba et le roi Salomon : La relation entre la reine de Séba (ou Zéba) et le roi Salomon est un exemple significatif de l’interaction entre l’Afrique et Israël. Leur descendance, qui inclut les Falashas, joue un rôle crucial tant en Afrique qu’en Israël aujourd’hui. Les enfants de Salomon, nés de son union avec la reine de Séba, illustrent « l’héritage africain au sein de la lignée israélite ». Moïse, figure centrale de l’Exode, est né et a grandi en Afrique. Son mariage avec une femme éthiopienne renforce l’idée d’un « lien fort entre l’Afrique et l’histoire israélite ». Ce lien profond offre une base religieuse pour renforcer l’unité entre ces deux régions ; et cette connexion souligne l’importance historique et culturelle des peuples africains dans le récit biblique.

Les identités partagées : le Moyen-Orient et l’Afrique

Le fait que le Moyen-Orient ait été historiquement considéré comme faisant partie de l’Afrique (en particulier avant la séparation moderne des continents par le canal de Suez) renforce les liens culturels et géographiques entre ces régions. Des relations commerciales, religieuses et politiques ont longtemps existé entre l’Afrique du Nord, la Corne de l’Afrique, et les pays de la péninsule arabique, formant une zone d’interaction dynamique.

La relation entre Salomon et la reine de Séba sert également de métaphore puissante pour les liens historiques et géographiques entre l’Afrique et Israël, ainsi que pour la relation complexe entre les peuples sémitiques et africains. Historiquement, l’Éthiopie et Israël (ainsi que le Yémen) faisaient partie de ce que l’on pourrait appeler une zone d’échanges afro-sémitique. Le royaume de Séba, souvent localisé dans le sud de l’Arabie ou dans la Corne de l’Afrique, faisait partie des civilisations commerçantes qui reliaient l’Afrique de l’Est, la péninsule arabique, et le Proche-Orient. Les langues sémitiques parlées dans la région de la mer Rouge et du golfe d’Aden renforcent l’idée que des interactions culturelles, économiques et linguistiques ont façonné ces régions bien avant l’ère chrétienne.

Le rôle de Ménélik Ier et la dynastie Salomonienne en Éthiopie

Selon le Kebra Nagast, un texte éthiopien du 14ème siècle, Ménélik Ier serait le fils de Salomon et de la reine de Séba. Ce texte joue un rôle central dans l’histoire de l’Éthiopie car il légitime la dynastie salomonienne, qui a régné sur l’Éthiopie jusqu’à la chute de l’empereur Haïlé Sélassié en 1974. D’après ce récit, Ménélik Ier aurait voyagé à Jérusalem à l’âge adulte, où Salomon l’aurait accueilli comme son fils légitime. En quittant Israël, Ménélik aurait emporté avec lui « l’Arche de l’Alliance », l’objet sacré contenant les Tables de la Loi données à Moïse. L’idée que les rois éthiopiens descendaient directement de Salomon a eu une importance immense pour la légitimité du pouvoir en Éthiopie, liant l’Éthiopie à Israël par une continuité royale et spirituelle.

Rôle clé dans l’émancipation de l’Afrique de la géopolitique actuelle

L’Afrique, avec ses immenses ressources minières, agricoles et énergétiques, et le Moyen-Orient, avec ses richesses pétrolières et son positionnement géographique stratégique, formeraient un bloc puissant. L’unité afro-moyen-orientale offrirait un accès conjoint aux ressources naturelles et stratégiques des deux régions, renforçant leur pouvoir de négociation sur la « scène internationale »

En effet, une union pourrait :

  • Réduire la dépendance économique des deux régions vis-à-vis des puissances occidentales et asiatiques ;
  • Créer un marché commun, boostant les économies locales par l’augmentation du commerce intra régional ;
  • Développer une politique étrangère plus indépendante, loin des anciennes tutelles coloniales. Historiquement, le continent africain et le Moyen-Orient ont été des terrains de jeu pour les puissances coloniales et néocoloniales.

En créant une force unie, l’Afrique et le Moyen-Orient pourraient résister aux pressions extérieures, négocier collectivement des accords plus équilibrés, et gérer leurs ressources de manière autonome. Une telle « union » modifierait la « géopolitique mondiale » en bouleversant les équilibres régionaux.

Réappropriation des récits historiques : Une telle union pourrait également servir à réécrire les récits historiques imposés par les colonisateurs, qui ont souvent coupé les liens historiques entre l’Afrique et le Moyen-Orient. L’histoire des dynasties, des empires, des routes commerciales (comme la route de l’encens) montre des liens profonds entre ces régions. En rétablissant ces connexions historiques, les peuples d’Afrique et du Moyen-Orient pourraient retrouver une fierté commune, ce qui renforcerait leur cohésion et leur sentiment d’identité.

Stabilité et paix régionale : L’unité pourrait également contribuer à résoudre certains des conflits internes et régionaux qui fragilisent ces zones. En effet, en unissant les efforts diplomatiques et sécuritaires, des solutions régionales pourraient être trouvées aux conflits qui continuent d’affaiblir l’Afrique et le Moyen-Orient, comme :

  • La question israélo-palestinienne pourrait être repensée dans une logique afro-moyen-orientale ;
  • Les interventions étrangères (en Libye, en Syrie, au Yémen) pourraient être réduites, car la région aurait davantage de moyens pour résoudre ses propres problèmes.

Renforcement de la souveraineté technologique : Une coopération renforcée dans des domaines comme l’innovation technologique, la recherche, et les infrastructures pourrait également permettre à l’union afro-moyen-orientale de réduire sa dépendance vis-à-vis des technologies et du savoir-faire importés. En investissant conjointement dans des programmes d’éducation et de développement technologique, cette union pourrait favoriser l’émergence d’un pôle technologique alternatif, émancipé des grandes puissances mondiales.

L’union afro-moyen-orientale pourrait, en théorie, permettre à l’Afrique de s’émanciper de la géopolitique mondiale actuelle en créant une nouvelle dynamique fondée sur l’autonomie économique, la réappropriation historique, et la coopération régionale. Cependant, il faudrait surmonter de nombreux défis politiques, culturels et économiques pour concrétiser cette vision.

Rôle géopolitique des États du Golfe

De nos jours, les États du Golfe, tels que l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis (EAU) et le Qatar, jouent un rôle majeur dans la scène internationale. Leur influence économique, notamment par le biais des ressources énergétiques, et leur poids stratégique sont des éléments à prendre en compte dans une « éventuelle fédération afro-moyen-orientale ». Une telle alliance pourrait offrir une « nouvelle dynamique économique », renforçant la stabilité et la prospérité des deux régions ou de l’Afrique et le Moyen-Orient.

D. Sangara

© 2024 – LNL News

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