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Friday, October 18, 2024

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Le Commonwealth à l’épreuve des puissances mondiales et des défis climatiques : quel avenir pour l’organisation ?

Alors que le sommet du Commonwealth se tiendra à Samoa en octobre 2024, l’organisation se trouve confrontée à des enjeux géopolitiques, économiques et climatiques majeurs. Composée de 56 pays, principalement issus de l’ancien Empire britannique, l’Alliance doit réévaluer son rôle dans un monde en mutation rapide, marqué par la montée des nouvelles puissances mondiales comme la Chine et les États-Unis, ainsi que par la crise climatique qui menace de nombreuses petites nations insulaires membres.

La montée de la Chine et des États-Unis : un enjeu commercial et politique pour le Commonwealth

Le Commonwealth est de plus en plus confronté à l’influence croissante de la Chine, particulièrement en Afrique et dans les Caraïbes, des régions clés pour plusieurs de ses membres. L’initiative chinoise « Belt and Road » a injecté des milliards de dollars en investissements dans les infrastructures, érodant l’influence traditionnelle du Commonwealth. En 2023, les investissements chinois en Afrique ont représenté 50 milliards de dollars, contre 15 milliards pour l’ensemble des pays du Commonwealth, selon la Banque mondiale.

Pour de nombreux pays africains et caribéens, ces projets chinois offrent des opportunités économiques immédiates. « Nous sommes à un moment critique où nos choix d’investissements et de partenariats définiront notre avenir économique », déclare un représentant caribéen. Si le Commonwealth ne propose pas des alternatives plus attrayantes ou des partenariats renforcés, il pourrait perdre de son influence.

Par ailleurs, bien que les États-Unis ne fassent pas partie du Commonwealth, leur impact économique est incontournable. Washington intensifie sa présence dans les Caraïbes et le Pacifique, notamment par le biais de nouvelles relations commerciales. Les entreprises américaines augmentent également leur présence, créant une pression économique supplémentaire sur certains membres du Commonwealth, notamment ceux qui dépendent fortement des échanges avec les États-Unis.

Brexit et renégociation des accords commerciaux

Le Brexit, qui a vu le Royaume-Uni quitter l’Union européenne en 2020, a bouleversé la dynamique au sein du Commonwealth. Le Royaume-Uni cherche à renforcer ses liens avec les anciennes colonies, mais les nouvelles négociations commerciales post-Brexit n’ont pas encore produit de résultats tangibles. Les échanges commerciaux du Royaume-Uni avec les pays du Commonwealth ont chuté de 5 % en 2022, selon les données du Bureau des statistiques nationales britanniques.

Le Brexit a également obligé Londres à repenser son rôle en tant que leader de l’organisation. Alors que certains membres comme l’Australie et le Canada adoptent une approche plus autonome, les nations africaines et caribéennes cherchent des partenariats commerciaux plus avantageux avec des puissances comme la Chine et l’Inde.

Crise climatique : une urgence pour les petites nations insulaires

Le changement climatique est un défi majeur pour le Commonwealth, en particulier pour les petites nations insulaires comme Samoa, qui accueille le sommet de 2024. L’élévation du niveau des mers et l’intensification des catastrophes naturelles menacent directement la survie de ces pays. Selon la Banque mondiale, ces nations pourraient voir leurs économies rétrécir de 10 % d’ici 2050 si des actions immédiates ne sont pas prises.

Le sommet de Samoa sera l’occasion pour le Commonwealth de réaffirmer son engagement en faveur de la lutte contre le changement climatique. Toutefois, de nombreux observateurs estiment que l’organisation n’a pas encore proposé de solutions concrètes pour soutenir ces pays vulnérables dans leur adaptation aux changements climatiques. « Les nations insulaires du Pacifique sont en première ligne de la crise climatique, et si le Commonwealth ne prend pas des mesures significatives, nous risquons de perdre des membres clés qui se tourneront vers d’autres alliances plus capables de répondre à leurs besoins immédiats », explique un analyste environnemental basé à Fidji.

Diversification économique : un impératif pour l’Afrique et les Caraïbes

La diversification économique est une priorité pour les pays membres du Commonwealth, notamment en Afrique et dans les Caraïbes. Ces économies, souvent dépendantes de l’exportation de matières premières, sont particulièrement vulnérables aux fluctuations des marchés mondiaux. En 2023, les exportations africaines de pétrole et de matières premières ont chuté de 8 %, exacerbant la dépendance des pays africains à des partenaires extérieurs, principalement la Chine.

Le Commonwealth pourrait jouer un rôle plus actif en facilitant la diversification économique de ces pays, notamment en soutenant l’industrialisation et l’innovation technologique. Toutefois, les experts estiment que l’organisation n’a pas encore mis en place des mécanismes suffisamment efficaces pour encourager cette transition. Des partenariats renforcés avec des institutions financières internationales et des entreprises technologiques pourraient être des solutions à explorer pour stimuler cette diversification.

Fracture numérique : un défi pour l’accès à la technologie

La fracture numérique reste un problème majeur pour de nombreux pays du Commonwealth, notamment en Afrique et dans les Caraïbes. Selon l’Union internationale des télécommunications, plus de 40 % des habitants des pays du Commonwealth n’ont pas accès à une connexion Internet stable. Cette situation freine le développement économique et limite la capacité de ces pays à participer pleinement à l’économie mondiale.

La Chine, avec son programme d’expansion technologique, notamment à travers la 5G, a comblé une partie de ce fossé, mais cette dépendance pourrait poser des problèmes de souveraineté à long terme. Le Commonwealth doit donc proposer des solutions pour aider ses membres à combler cet écart technologique et garantir un accès équitable aux infrastructures numériques.

Réformes internes du Commonwealth : nécessité de modernisation

Le Commonwealth est souvent critiqué pour sa lenteur à s’adapter aux réalités contemporaines. L’organisation peine à prendre des décisions rapides face aux crises mondiales et n’a pas encore engagé de réformes institutionnelles majeures. Si elle veut rester pertinente, des réformes internes sont nécessaires pour améliorer sa gouvernance, sa transparence, et sa capacité à répondre aux crises économiques, climatiques et géopolitiques. « Le Commonwealth doit évoluer s’il veut rester un acteur influent dans les affaires mondiales. Il doit moderniser ses processus de gouvernance et renforcer sa capacité à agir rapidement sur des questions économiques et climatiques », déclare un expert en politique internationale basé à Londres.

Réinvention ou fragmentation ?

L’avenir du Commonwealth repose sur sa capacité à répondre aux défis actuels. S’il échoue à se réinventer, en particulier face à la montée en puissance de la Chine et aux pressions climatiques croissantes, il risque une fragmentation progressive, avec des membres se tournant vers d’autres alliances régionales ou internationales plus adaptées à leurs besoins économiques. Cependant, en prenant des mesures décisives, notamment en matière de réforme interne et d’adaptation climatique, le Commonwealth pourrait encore jouer un rôle clé sur la scène mondiale.

Daniel Mombele

© 2024 – LNL News

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