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Friday, October 18, 2024

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Tchad : La légitimité des élections législatives en péril

La situation politique actuelle au Tchad est marquée par un climat d’incertitude et de tension qui soulève des inquiétudes quant à la légitimité des prochaines élections législatives, provinciales et communales prévues pour le 29 décembre 2024. Deux éléments centraux illustrent ce tableau : « l’hésitation de Succès Masra à prendre position sur sa participation à ces élections et le renforcement du contrôle des médias par les autorités », qui menace la liberté d’expression et d’information.

L’hésitation de Succès Masra

Succès Masra, leader du parti « Transformateurs », fait face à un dilemme qui est devenu courant dans de nombreux pays africains : participer à des élections jugées non transparentes et peu crédibles ou boycotter le scrutin au risque de se voir accusé de capitulation. Tandis que plusieurs partis de l’opposition ont déjà pris la décision de boycotter les élections, affirmant que les conditions nécessaires pour des élections justes ne sont pas réunies, Masra demeure indécis.

Cette « hésitation » reflète une profonde inquiétude parmi les leaders d’opinion tchadiens. D’un côté, la participation pourrait donner une légitimité à un processus qu’ils jugent manipulé, et de l’autre, le boycott pourrait les isoler politiquement et nuire à leur influence sur les décisions futures. Le fait que des figures politiques éminentes comme Mahamat Zène Chérif et Avocksouma Djona Atchenemou exhortent au boycott souligne l’ampleur de la défiance envers le système électoral actuel. Pour Chérif, participer à ces élections serait contraire aux intérêts des citoyens, tandis qu’Atchenemou met en garde contre des conséquences désastreuses pour les générations futures.

Contrôle des médias et climat de peur

En parallèle, le renforcement du contrôle des médias constitue un autre « indicateur alarmant » de l’état de la démocratie au Tchad. Les nouvelles mesures restrictives annoncées par les autorités visent à limiter la liberté de la presse, en interdisant la diffusion de contenus audiovisuels par des médias privés et en restreignant l’utilisation des réseaux sociaux pour la diffusion d’informations. Ces décisions sont perçues comme une tentative de « museler toute voix critique et de contrôler le récit médiatique à l’approche des élections ».

Cette évolution s’accompagne d’un climat général de peur et de répression. Les arrestations et détentions hors procédure se multiplient, comme le souligne l’Organisation mondiale contre la torture, et la récente nomination d’un nouveau ministre de la sécurité, Ali Ahmat Akhabache avec un passé militaire, suggère une volonté de renforcer le contrôle sur les populations. Dans ce contexte, les journalistes et les médias indépendants se retrouvent dans une « position précaire », redoutant des représailles pour avoir exprimé des opinions critiques.

Conséquences potentielles

La combinaison de ces deux dynamiques – l’hésitation de l’opposition, en particulier de Masra, et le contrôle accru des médias – pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la légitimité des élections à venir. Si les partis d’opposition décident finalement de ne pas participer, cela pourrait entacher le processus électoral d’une légitimité déjà fragile, réduisant encore la voix des citoyens dans le processus démocratique. D’autre part, si des médias critiques sont réduits au silence, le public risque de ne pas être suffisamment informé pour faire des choix éclairés lors des élections.

En somme, le Tchad se trouve à un « carrefour crucial ». La capacité de ses leaders politiques à naviguer ces défis, couplée à la volonté de la population de défendre ses droits démocratiques, sera déterminante pour l’avenir politique du pays. Dans un contexte où le mécontentement et les frustrations sociales sont palpables, la question demeure : le Tchad sera-t-il capable d’assurer un processus électoral juste et transparent ou continuera-t-il sur la voie de la répression et de l’illégitimité ?

Daniel Mombele

© 2024 – LNL News

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