Résumé
L’absence prolongée du président camerounais Paul Biya, âgé de 91 ans, suscite des inquiétudes croissantes quant à sa santé et à la stabilité politique du Cameroun. L’annulation soudaine de son retour à Yaoundé a intensifié les rumeurs, tandis que des personnalités politiques de haut rang se rendent en Suisse pour des discussions cruciales sur le budget national. Les marchés financiers réagissent avec prudence, alors que la situation politique du pays reste incertaine.
YAOUNDÉ — L’absence prolongée de Paul Biya, président du Cameroun depuis plus de quatre décennies, continue d’alimenter les spéculations sur son état de santé et l’avenir politique du pays. L’annulation de son retour attendu à Yaoundé le 13 octobre a accru l’incertitude dans les rangs du gouvernement, où plusieurs personnalités influentes sont actuellement en Suisse pour des réunions d’urgence.
Annulation soudaine du retour de Biya
Le 13 octobre, les partisans du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir, avaient été discrètement mobilisés pour accueillir le président à l’aéroport de Yaoundé. Cependant, le dispositif mis en place a été levé quelques heures plus tard, sans explication officielle. Cette annulation intervient après une série de reports et d’absences du président, notamment lors de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies et du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie en septembre.
Malgré un communiqué publié par le gouvernement camerounais le 8 octobre, affirmant que Paul Biya « poursuivait son séjour en Suisse » et qu’il était en « parfaite santé », le mystère persiste. Une semaine après ces déclarations, Biya ne semble toujours pas prêt à revenir au Cameroun, laissant les spéculations enfler.
Rumeurs et démentis
Les spéculations sur la santé du président se sont intensifiées après des rumeurs propagées par des groupes proches des séparatistes ambazoniens, qui ont affirmé que Paul Biya serait hospitalisé dans un pavillon VIP de l’hôpital militaire Percy, près de Paris. En réponse, l’ambassadeur du Cameroun en France, André Magnus Ekoumou, a catégoriquement nié ces allégations, déclarant que le président ne se trouvait pas à Paris, mais bien en Suisse.
Malgré ces démentis officiels, la situation reste floue, exacerbée par l’interdiction imposée par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, de tout débat médiatique sur l’état de santé du chef de l’État. Une journée de prières prévue à Yaoundé pour le 17 octobre, organisée par le ministre Henri Eyebe Ayissi, a également été annulée sur ordre du cabinet civil de Paul Biya, accentuant l’ambiance de secret qui entoure l’affaire.
Réunion d’urgence en Suisse sur le budget
Pendant que les spéculations continuent, plusieurs figures politiques de premier plan ont été convoquées à Genève pour une réunion d’urgence avec Paul Biya. Parmi elles, Louis-Paul Motaze, ministre des Finances, et Aboubakary Abdoulaye, vice-président du Sénat, ainsi que Marcel Niat Njifenji, président du Sénat, qui sort tout juste de l’Hôpital américain de Paris.
Cette réunion, officiellement centrée sur l’élaboration du budget national, a pris une importance particulière en raison des retards accumulés dans sa finalisation. Le budget, qui devait être signé en août, est désormais une priorité avant la session plénière de novembre de l’Assemblée nationale et du Sénat. Les inquiétudes se multiplient concernant l’impact de ce retard sur les engagements financiers du Cameroun, notamment le remboursement imminent de sa dette extérieure.
Pressions économiques et politiques
Les incertitudes entourant l’état de santé de Paul Biya et les retards dans l’élaboration du budget national ont généré une certaine nervosité sur les marchés financiers internationaux. Les agences de notation s’inquiètent des risques potentiels pour la stabilité économique du Cameroun, un pays dont l’économie repose en grande partie sur l’exportation de matières premières.
Les opérateurs économiques attendent des clarifications, alors que le pays se prépare à affronter des échéances financières cruciales. Dans ce contexte, la convocation de plusieurs hauts responsables camerounais à Genève est perçue comme une tentative d’éviter une crise budgétaire, bien que l’absence prolongée du président et les spéculations sur sa santé ajoutent une couche d’incertitude.
Un avenir politique incertain
L’absence prolongée de Paul Biya soulève également des questions sur la stabilité politique du Cameroun. Âgé de 91 ans, Biya gouverne depuis 1982, mais les rumeurs concernant sa capacité à continuer à diriger s’intensifient. Le prochain scrutin présidentiel est prévu pour 2025, et si Biya ne se présente pas, il reste à voir qui prendra la relève dans un pays où la scène politique est largement dominée par son parti.
Pour l’instant, aucune date de retour n’a été annoncée pour Paul Biya. Le mystère qui entoure son absence risque de continuer à alimenter les spéculations, tandis que le Cameroun fait face à des défis politiques et économiques pressants.
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