28.5 C
Kinshasa
Friday, October 18, 2024

Le Nigéria est à l’entrée de l’école de la Russie ?

Le Nigéria, en cherchant à renouer avec...

Macky Sall sous le spectre d’un procès pour haute trahison

Résumé : Macky Sall, ancien président du Sénégal,...

Mali : la Minusma à la croisée des chemins

La Minusma, qui a été envoyée en 2013 pour restaurer l’autorité de l’État et protéger les civils dans le nord du Mali, a souvent été critiquée pour son efficacité. Face aux critiques internes et menaces par la junte au pouvoir, la force des Nations unies au Mali peine à s’acquitter de ses tâches sur le terrain.

La junte dirigée par Assimi Goîta lance des hostilités ouvertes contre la force onusienne. Constitués d’au moins de 13 600 militaires envoyés au Mali sous le drapeau de l’ONU, les casques bleus doivent décider de rester au pays alors que le pays est paralysé par leurs actes ou de fuir au risque d’abandonner les civils exposés aux activités des groupes terroristes.

>> Lire Aussi : Mali : Antonio Guterres risque de mettre le feu sur la dynamite

La corruption des témoins

Plusieurs rapports de l’organisation Human Rights Watch s’empennent aux Forces armées maliennes (FAMa) ainsi que les éléments de l’armée russe pour leur implication directe dans le massacre des civiles à Moura (ou Mourrah) du 27 au 31 mars 2022. Dans ce village situé au cercle de Djenné, dans la région de Mopti, chef-lieu de la commune de Togué Morari, près de 300 personnes abattus à bout portant.

Une année après, les résultats de l’enquête ne sont toujours pas sortis. L’enquêteur principal de la Minisma à Mopti au centre du Mali a été arrêté par l’armée régulière pendant qu’il auditionné quelques rescapés. A ce sujet, les membres du Conseil ont exprimé ouvertement leur inquiétude à ce sujet le 12 avril lors d’une réunion à New York. Les autres membres de la délégation occidentale, le représentant américain a exigé que le document du rapport soit rendu public.  La Minisma fait face à une pression de la part de la junte malienne qui a intentionnellement décidé de retarder son exécution.

Une source interne à l’ONU fait savoir que les chefs militaires de Bamako ont initialement demandé explicitement « de ne pas rendre public le rapport sur ce massacre ». Lors d’un déplacement à Genève en décembre 2022, Abdoulaye Diop, le ministre malien des affaires étrangères, avait avoué au Haut – commissariat des Nations unies aux droits de l’homme que « la Minusma avait payé des témoins de Moura pour qu’ils identifient des militaires comme responsables du meurtre ».

La Minusma poussé à la porte de sortie

L’une des preuves tangibles que la mission de l’ONU au Mali est en train d’être poussée vers la sortie, c’est la déclaration par la junte en  février 2023  de Guillaume Ngefa, chef du département des droits de l’homme de la Minusma comme ‘Persona non grata’. En juillet 2022, la junte avait déjà donnée expulsé le porte-parole de la mission au Mali. Selon une source au sein de la Minusma et des sources complémentaires, le but pour les autorités maliennes serait de « manipuler la mission pour en faire un instrument qui ne défend que les intérêts des militaires au pouvoir ». Des menaces qui ne vont pas empêchées la publication des résultats de l’enquête, précise des sources de la Mission.

Depuis début 2022, chaque patrouille aérienne et terrestre de la Minusma doit demander quarante-huit heures à soixante-douze heures à l’avance à Bamako une autorisation spécifique – qui est loin d’être automatiquement délivrée. Les autorités maliennes reprochent au français Olivier Salgado d’avoir posté sur le réseau social Twitter des “informations inacceptables” au lendemain de l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à Bamako le 10 juillet.

>> Lire AUSSI : Mali : L’avenir incertain d’Amnesty International et la FIDH

Il avait publié, en tant que porte-parole de la Minusma, des éléments de communication de la mission sur cette affaire. Les soldats ivoiriens, qualifiés de “mercenaires” par Bamako, étaient selon Abidjan des éléments de soutien au contingent ivoirien de la Minusma, des “Eléments nationaux de soutien” (ENS), une procédure de l’ONU permettant aux contingents des missions de maintien de la paix de faire appel à des prestataires extérieurs à l’ONU pour des appuis logistiques.

Des annonces fracassantes

Suite à la situation devenue préoccupante au Mali. Après la Jordanie, l’Allemagne annonce à son tour vouloir retirer ses 665 soldats d’ici à la fin 2023. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, nommé en janvier, a rendu visite au contingent allemand de la mission de Casques bleus de l’ONU (MINUSMA) à Gao (nord), dans la perspective de ce retrait déjà annoncé d’ici à mai 2024. Il était accompagné de la ministre du Développement, Svenja Schulze. Sa collègue au Développement a cependant souligné que l’aide civile allemande, effective depuis l’indépendance, était également très appréciée. “Le message que nous voulions envoyer, c’est que même si l’engagement militaire prend fin, la coopération pour le développement continue”, a-t-elle dit en invoquant l’accès à l’eau ou l’agriculture. 

L’Allemagne compte plusieurs centaines de soldats parmi les quelque 13 600 déployés par la MINUSMA dans ce pays en proie à la propagation djihadiste et aux violences de toutes sortes. C’est la plus importante contribution occidentale, selon un rapport de la mission rendu public. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a indiqué cette semaine que la Jordanie avait informé à son tour l’ONU en février de sa décision de mettre fin immédiatement à sa contribution. “Si nous pouvons encore accomplir notre mission, dons nous pouvons encore rester “, a dit M. Pistorius.

Le chef de la mission perd de plus en plus sa crédibilité

A la tête des casques bleus depuis mai 2021, le général mauritanien El Ghassim Wane est actuellement perçu par ses propres collaborateurs comme étant trop accommodant avec la junte. Le rôle de ce chef attire les critiques tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment de l’ONU. L’envoyé mauritanien a également assuré le 12 avril au Conseil de sécurité que “la majorité” des violations des droits de l’homme commises dans le pays au cours des trois premiers mois de 2023 étaient imputables “à des groupes extrémistes ” mais pas à l’armée malienne.

>> Lire Aussi : Mali : Le chef de la junte Assimi Goïta accentue les bâtons dans les roues de la Minusma

Un constat en contradiction avec les données de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), dont les chiffres servent de référence pour l’analyse des conflits. Environ 220 des 350 civils tués au Mali au premier trimestre 2023. Selon cette organisation, ces derniers ont été tués par les militaires maliens, souvent avec l’aide de ses supplétifs russes du Groupe Wagner. Les opérations des casques bleus au Mali sont actuellement entravées. El Ghassim Wane tente de sauver sa tête et celle de la mission.

©2023 – Paulin AGANZE, LNL News

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Articles les plus populaires

TRANSLATION