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Friday, September 27, 2024

Antagonisme entre Washington et le Kremlin, les dessous des cartes

Washington accuse les hommes d’Evgueni Prigojine de vouloir passer par le Mali pour acheter des armes à la Turquie, enfin de combattre l’Ukraine. Cela a même valu des sanctions à certains des responsables de Wagner, notamment d’Ivan Maslov régissant Wagener au Mali. Cet agissement de Washington est plutôt perçu par d’aucuns comme une question de rapport des forces, où l’administration Américaine ne voudrait pas voir la Russie prendre le dessus sur son hégémonie planétaire gardée depuis tant !

Depuis plusieurs années, les Etats-Unis ne travaillent qu’à contrecarrer l’influence russe en Afrique. Ils accusent la Russie et précisément le groupe Wagner, de « commettre des violations des droits humains et d’extorquer les ressources naturelles en Afrique ». Ces affirmations de Washington, pourraient être perçues comme de la pitié de l’administration Américaine vis-à-vis de l’Afrique.

Mais avoir ce regard ou ce sens de compréhension sans tenir compte des accusations selon lesquelles Washington alimenterait des réseaux mafieux pour une exploitation illicite des minerais sur le continent, est une façon compromise de lire l’histoire…

Avoir cette perception sans se rendre compte de la vraie destination des avoirs saisis par le département d’Etat Américain lorsqu’il impose des sanctions contre les uns et les autres, est aussi une manière erronée de lire l’histoire…

Le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, a annoncé lundi 22 mai, devant la presse, que le « Wagner [le groupe de mercenariat russe] a tenté d’acheter du matériel militaire à des fournisseurs étrangers et d’acheminer ces armes via le Mali ». Et cela a valu au groupe Wagner des sanctions.

Alors sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, Monsieur Brian Nelson a annoncé dans un communiqué, que ces sanctions « contre le plus important responsable du groupe Wagner au Mali visent à mettre un terme à des opérations essentielles de soutien à l’activité mondiale du groupe ». C’est comme si cela n’étonne personne quand on sait que depuis sa création à 2014, les groupes paramilitaires russes du type Wagner sont présentés par Washington comme une organisation terroriste internationale.

Des sanctions, oui… Mais à qui profitent-elles ?

« Ces sanctions impliquent la saisie de l’ensemble des actifs d’Ivan Maslov aux Etats-Unis, financiers et immobiliers, ainsi que des entreprises ayant un lien capitalistique direct avec M. Maslov, et interdisent aux entreprises américaines ou présentes sur le territoire américain de réaliser la moindre opération avec M. Maslov ou des entreprises qu’il contrôlerait » M. Maslov étant le responsable de Wagner au Mali pour l’instant. Pour Washington, « La présence du groupe Wagner sur le continent africain est une force déstabilisatrice pour tout pays qui en autorise le déploiement sur son territoire », comme s’il en aurait été le cas pour la force Barkhane au Mali, chassée précipitamment par la junte au pouvoir.

Le gangstérisme, une routine de Washington…

C’est un sentiment de gloutonnerie hégémonique, dont fait toujours montre Washington depuis la nuit des temps. Sur tout terrain où il ne voit pas ses intérêts, il crée toujours des incompréhensions, gèle les avoirs de ceux qui excellent dans une ou telle autre stratégie, mais personne ne sait à qui profite les avoirs gelés, ni qui sanctionne Washington, le sanctionneur par excellence…

Les velléités de Washington

L’administration Biden accuse Wagner de vouloir se servir du Mali pour acheter des armes en destination de l’Ukraine. Elle allègue que Bamako a un rôle à jouer auprès de la société russe, pour faire acquérir au Wagner, des armes destructrices de l’Ukraine. Même si coté Wagner la réaction tarde à venir, Le Monde, écrit que le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, a « confirmé que le Mali pourrait acquérir des armes auprès de la Turquie pour le compte de Wagner ».

Mais ces informations non suffisamment recoupées ont du mal à élucider les faits. Et quand-bien même il s’avérait vrai, il est pour l’instant difficile de confirmer que les intentions pour Wagner d’acquérir les armes turques au compte du Mali ont pour l’intention d’aller être utilisés en Ukraine. Car même Washington qui en est l’auteur, indique ne pas savoir si ces tentatives d’achat d’armements via Bamako ont été « finalisées ou exécutées » mais affirme surveiller la situation de près.

Dans ses déclarations, Washington a automatiquement gagné le soutien de plusieurs de ses pairs du vieux continent. « C’est un jeu de fausses signatures, explique un diplomate occidental en poste à Bamako. Wagner cherche des Etats suffisamment faibles, comme le Mali, pour signer des faux contrats d’armement avec un autre pays tiers, en échange d’une commission. L’Etat signe, en faisant croire que les armes lui sont destinées alors qu’elles sont en réalité acheminées en Ukraine », souffle un cerveau occidental, qui obtient pour autant, le soutien de Matt Schroeder, chercheur principal au sein de l’ONG suisse Small Arms Survey.

« Les trafiquants tentent souvent de dissimuler la véritable destination d’une cargaison d’armes en prétendant, par exemple, que ces dernières seront livrées à un utilisateur final légitime, telles que les forces armées d’un Etat. Dans certains cas, le trafiquant est de connivence avec des fonctionnaires corrompus du pays tiers. Dans d’autres, personne dans le pays tiers n’a connaissance du transfert. » Explique Matt Schroeder.

En l’occurrence, le circuit d’acquisition et d’acheminement d’armes vers l’Ukraine via le Mali qu’aurait tenté de mettre sur pied le groupe paramilitaire privé russe reste flou. L’administration américaine a par ailleurs indiqué ne pas savoir si ces tentatives d’achat d’armements via Bamako ont été « finalisées ou exécutées » mais affirme surveiller la situation de près.

Une question de rapport des forces

L’arrivée au pouvoir en août 2020, du colonel Assimi Goiita au Mali est caractérisée par éloignement de ce pays des Occidentaux, la France caracolant en tête. En un temps record, l’ambassadeur Français au Mali Joël Meyer, été expulsé en janvier 2022, et pas très longtemps après, Bamako a contraint Paris de mettre fin à l’opération « Barkhane » en août.

La phase critique qui trouble aujourd’hui Washington, est ce parallélisme ambigu : autant que Bamako se débarrasse de la France, autant il renforce son partenariat militaire et économique avec la Russie mais aussi avec la Turquie, et multiplie les acquisitions d’armes et de matériel.

L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, mentionne dans ses données d’entre 2021 et 2022, que la Russie a « livré sept avions, sept hélicoptères et un radar de surveillance à la junte. La Turquie a, pour sa part, fourni deux drones en 2022. Un arsenal notamment complété en mars par la livraison de trois drones turcs supplémentaires et de quatre nouveaux avions de chasse russes ».

Au même moment, « la force de Wagner au Mali s’est accrue », les effectifs du groupe sont allés de 1 000 hommes (environ) fin 2021 à près de 1 500 début 2023.

Aujourd’hui, alors que la Russie se bat contre l’OTAN en Ukraine, elle renforce aussi son influence en Afrique, démarche perçue par Washington comme une épine dans ses bottes… Avec cet antagonisme en pleine ascension entre l’Orient et l’Occident, qu’adviendra-t-il dans la sphère géopolitique mondiale ? Ouvrir grands les yeux et les oreilles, est de mise, car l’histoire ne nous sera pas sans surprises.

©2023-John TSONGO, LNL News

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