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Friday, September 27, 2024

Au Sahel, le groupe Etat Islamique (EIGS) impose sa loi

Communément appelée « trois frontières » la zone frontalière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso est au cœur d’une violente altercation entre les deux groupes rivaux, dont les djihadistes affiliés à l’Etat islamique (EI) et l’Al-Qaida. Dans cette région située au Sahel comme dans d’autres régions sous l’emprise du djihadisme, l’on enregistre des combats sanglants, des massacres et des déplacements massifs de la population civile qui vit actuellement dans des conditions précaires. 

La position stratégique de la zone « des trois frontières »

Occuper cette zone permettra à telle ou tel autre branche de renforcer sa vision de l’expansion dans les trois pays, dont : le Mali, le Niger ainsi que le Burkina Faso. Actuellement, c’est le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) qui est en position de force dans le nord-est du Mali, ce qui l’ouvre à un contrôle sur la zone considérée comme goulot d’étranglement entre les deux ailes.

Considéré comme le plus puissant de la région, le EIGS impose la loi et s’adonne ainsi à faire couler injustement le sang des paisibles habitants. Dans le nord du cercle d’Ansongo et autour d’Inékar, dans le nord-est du Mali occupée généralement par les Daoussahak ( un peuple des Berbères pasteurs vivant pour la majorité d’entre eux dans le cercle de Ménaka), en mars 2022, il a été décrétée une fatwa [un avis ou un décret donné par un mufti, c’est-à-dire un homme spécialiste de la loi islamique, pouvant porter sur l’ensemble de la vie quotidienne (économie, pratiques rituelles, voyage, travail…), parfois jusqu’à la condamnation] ayant autorisé le reversement de sang dans cette région.

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Le même décret a autorisé aussi de saisir tous les biens des Daoussahak. Des dizaines de villages ont été attaquées et un grand nombre des civils a été massacré. Selon l’ONU, plus de « 30 000 déplacés » ont convergé depuis un an dans la ville de Ménaka. L’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) qui rapporte l’information affirme aussi que ces attaques ont principalement ciblées l’ethnie Daoussahak.

Dans les trois pays au tour de cette zone frontalière, les djihadistes préfèrent s’attaquer à des zones rurales et aux agglomérations. C’est ainsi qu’ils ont pris le contrôle de Tidermène, une dernière offensive avant d’atteindre Ménaka où les habitants sont actuellement traumatisés suite à la guerre. 

Resserrement pour se renforcer

Au nord-est du Nigeria où est trop active la branche ouest-africaine du groupe Etat islamique, l’Iswap (acronyme anglais), les analystes craignent que ce dernier ne s’approche pas de l’État islamique dans le grand Sahel (EIGS) et renforcer ainsi son expansion dans la région entière.

Au Niger voisin, Kalla Moutari, ancien ministre de la défense alerte sur le recrutement effectué au sein des communautés par ces djihadistes. Il craint le rayonnement progressif de ces dernières dans cette région ainsi que leur rapprochement. Cette extension menace également le centre du Niger, un corridor large d’environ 200 km entre le Mali et le Nigeria où sévissent depuis des décennies des groupes de bandits qui se livrent notamment à la contrebande d’armes.

L’auto financement au tour des habitants

Les habitants des régions occupées par les djihadistes payent actuellement les ponts cassés. Au tour de Ménaka qui le relie au Niger ou à Gao, des barrières illégales sont érigées de part et d’autre dans la partie contrôlée par l’EIGS. Des bétails de la paisible population sont extorqués par ces assaillants et constituent l’une des principales sources de financement de l’organisation, qui recrute essentiellement parmi les éleveurs nomades menacés par le développement des cultures agricoles dans une région impossible d’être contrôlée par le gouvernement central.

Dans les territoires conquis, les populations doivent se soumettre à la charia (la loi islamique) et payer la zakât, une taxe prélevée au nom de l’islam, en échange d’une forme de protection. L’organisation capitalise également sur un phénomène de « jacquerie paysanne contre des Etats qui ont des difficultés à remplir leur contrat sécuritaire et social », souligne le général Abou Tarka, président de la Haute Autorité pour la consolidation de la paix au Niger.

©2023- Paulin AGANZE, LNL News

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