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Friday, October 18, 2024

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Avancées fragiles dans les pourparlers à Luanda

© KTLPress

Résumé :

Les négociations entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, sous la médiation de l’Angola, ont permis de réaliser des avancées modestes lors d’une réunion à Luanda. Pourtant, des différends sur le retrait des troupes rwandaises de la RDC et la neutralisation des rebelles des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) compliquent encore la voie vers un accord de paix durable.


LUANDA, Angola – Les diplomates de la République Démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda se sont retrouvés ce mois-ci dans la capitale angolaise pour des pourparlers qui visent à mettre fin à des décennies de violence armée dans l’est de la RDC, où la région demeure piégée entre la présence de groupes rebelles et des forces militaires rwandaises. Malgré de légers progrès, les négociations ont révélé des divergences persistantes qui pourraient bien prolonger l’impasse.

Sous la médiation du président angolais João Lourenço, les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont entamé le 12 octobre une série de discussions visant à résoudre le différend qui oppose la RDC au Rwanda, notamment sur la question des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle armé opérant à l’est de la RDC depuis le génocide de 1994 au Rwanda. Alors que les deux parties s’accordent sur l’importance d’un cessez-le-feu, elles continuent de s’opposer sur le calendrier des mesures à prendre pour désamorcer le conflit.

Désaccords sur le retrait des troupes rwandaises

Les pourparlers de Luanda marquent la cinquième tentative diplomatique visant à élaborer une feuille de route commune. Au cœur des discussions : la neutralisation des FDLR et le retrait des troupes rwandaises, estimées entre 3 000 et 4 000 soldats, qui sont stationnées dans l’est de la RDC pour des raisons de sécurité nationale, selon le Rwanda. Ce déploiement, jugé essentiel par Kigali, est toutefois perçu par Kinshasa comme une ingérence sur son territoire souverain.

Malgré un consensus sur le principe de retirer les troupes et de neutraliser les FDLR, les parties se heurtent sur la manière de procéder. Kinshasa a insisté sur le fait que ces deux opérations doivent avoir lieu simultanément. Le Rwanda, en revanche, exige que des « progrès significatifs » soient d’abord réalisés contre les FDLR avant d’envisager le retrait de ses troupes.

Médiation angolaise : un plan en préparation

Le président angolais, qui mène ces discussions depuis plusieurs mois, a cherché à trouver un compromis. Les deux parties ont convenu que l’Angola serait chargé de rédiger un “Concept d’opération” (Conops), un plan détaillant les manœuvres militaires destinées à neutraliser les FDLR et à organiser le retrait graduel des troupes rwandaises. Ce document doit être finalisé d’ici la fin du mois d’octobre et sera ensuite présenté à une nouvelle réunion à Luanda, prévue pour le 30 octobre.

« Ce sont des pas modestes, mais dans la bonne direction », a déclaré un diplomate angolais, en soulignant les défis qui subsistent. Ce Conops devrait permettre de lever certaines ambiguïtés sur la séquence des opérations, un sujet sensible depuis plusieurs mois.

Un contexte diplomatique complexe

Ces pourparlers font suite à des tensions exacerbées entre les deux pays, visibles notamment lors du sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en France début octobre. Les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda ont évité tout contact direct, malgré les efforts du président français Emmanuel Macron pour les réunir. La sortie abrupte de Tshisekedi après un discours de Macron, qui n’a pas mentionné le conflit dans l’est de la RDC parmi les crises mondiales prioritaires, a souligné la gravité de la situation.

« Il est clair que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir », a déclaré un officiel congolais après la réunion de Luanda, évoquant la complexité des relations avec le Rwanda et l’impatience croissante de Kinshasa face au manque de progrès tangible sur le terrain.

Les prochaines étapes : une rencontre présidentielle en jeu

Si le Conops est approuvé par les deux parties à la fin du mois, cela pourrait ouvrir la voie à une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, une étape jugée cruciale par la communauté internationale pour débloquer le processus de paix. Pourtant, une telle rencontre reste incertaine. Les deux présidents continuent de maintenir leurs distances tant que des résultats concrets ne sont pas obtenus.

Le président angolais João Lourenço doit se rendre en France début novembre pour discuter de la situation avec Emmanuel Macron, une rencontre qui pourrait également influer sur les négociations en cours. Lourenço s’est engagé à poursuivre ses efforts diplomatiques, tout en soulignant que la paix dans l’est de la RDC dépend avant tout de la volonté des dirigeants de la région à surmonter leurs différends.

La communauté internationale suit de près

Alors que le conflit à l’est de la RDC continue de déstabiliser la région des Grands Lacs, la communauté internationale, y compris les Nations Unies, observe de près les développements à Luanda. La présence continue de groupes armés, combinée aux tensions entre la RDC et le Rwanda, alimente une insécurité prolongée, entraînant des conséquences humanitaires dramatiques.

Des observateurs s’inquiètent que le manque de progrès lors des prochaines étapes des négociations ne conduise à une nouvelle escalade des violences. Les enjeux sont particulièrement élevés alors que des millions de civils dans l’est de la RDC continuent de subir les conséquences de ce conflit interminable.

© O Bulamba / ADR

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