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Friday, September 27, 2024

BELGIQUE – RDC : BRUXELLES PREND SA CONSCIENCE

Les assurances de bonne volonté d’Alexandre De Croo envers les anciennes colonies, notamment la RDC, se sont multipliées depuis sa nomination à la tête du gouvernement fédéral fin 2020.

C’est ironiquement un jour de fête la proclamation de l’indépendance qui marque le début du voyage aux enfers de l’ancien Congo belge. Les images de cette journée mémorable sont largement connues, depuis le Te Deum chanté en grande pompe à la cathédrale Sainte-Anne jusqu’à la séance solennelle qui s’est déroulée peu après le service religieux dans l’immense salle du Palais de la Nation. L’intervention de Baudouin Ier, arrivé la veille, est restée dans les mémoires de tous les témoins de la cérémonie. Le Roi des Belges a rendu hommage à la tâche planifiée par la créativité du Roi Léopold II et menée avec persévérance par la Belgique. Rien d’étonnant venant de l’héritier d’un souverain qui traitait le Congo comme sa propriété personnelle.

Les nationalistes congolais, quant à eux, ont considéré le discours suivant de Joseph Kasavubu, le chef du nouvel État congolais, comme un affront. A commencer par le Premier ministre Patrice Emery Lumumba, à la tête du groupe. Au lieu de commémorer la libération de son peuple, le président de la République a rendu un vibrant hommage à l’ancienne capitale, exhortant le chef de l’Etat à intervenir alors qu’il n’y avait pas été invité par la procédure.

Le nouvel État congolais périra à la suite des crises institutionnelles survenues ce jour-là. Selon l’historien Isidore Ndaywel celle-ci s’est effondrée en trois temps : Les mutineries de la Force Publique ont éclaté au lendemain du départ des derniers visiteurs arrivés pour participer aux festivités (5 juillet). Elles ont été suivies six jours plus tard par la déclaration d’indépendance du Katanga (11 juillet), puis celle du Sud Kasaï (8 août). Enfin, le 5 septembre, le président a limogé le Premier ministre, qui l’a riposté. La fête du 30 juin à Léopoldville était puissante. Mais vite oubliée.

Leurs Majestés le Roi Philippe de Belgique et son épouse la Reine Mathilde ont dû reporter pour la seconde fois leur visite officielle en République Démocratique du Congo. Le couple royal, accompagné du Premier ministre Alexander De Croo, de la ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès et de sa collègue de la Coopération au développement Meryame Kitir, avait prévu de séjourner à Kinshasa du 6 au 10 mars pour répondre à l’invitation du président Félix Tshisekedi. Suite à l’invasion de l’Ukraine et à la situation qui en a résulté, il a été convenu de reporter cette visite à une date ultérieure, a confirmé le Palais dans un bref communiqué de presse le 28 février. Au grand désappointement du monarque, il n’a toujours pas été autorisé à visiter l’ancien territoire belge. Alors que la République démocratique du Congo fêtait ses 60 ans d’indépendance en 2020, la pandémie l’avait contraint à annuler sa visite, malgré sa volonté d’exprimer ses profondes condoléances pour les blessures du passé. Une déclaration puissante et inédite de la part de la couronne belge, que le monarque a dû tenir depuis Bruxelles dans une lettre au chef de l’Etat congolais datée du 30 juin 2020. Il était bien décidé à établir qu’il aurait prononcé le même discours à Kinshasa cette fois, assure un ami proche de Castle. Il devra attendre encore un peu pour suivre les traces de son père, Albert II, le roi des Belges qui s’est rendu à Kinshasa pas très longtemps à l’occasion du 50e anniversaire de la fondation du pays. Ce petit revers ne devrait pas arrêter la quête de réponses de la Belgique sur son passé.

Bruxelles, enragée par le mouvement Black Lives Matter, a versé de la peinture rouge sang sur les sculptures du roi Léopold II, mais contrairement à d’autres pays, la Belgique a choisi d’aller au-delà des symboles. Notamment avec l’arrivée à la tête de l’exécutif du libéral Alexander De Croo, Premier ministre d’un premier gouvernement à part entière après plus de 490 jours de gouvernement intérimaire, depuis fin 2020. Le gamin d’Herman comme la majorité de son gouvernement était trop jeune pour avoir connu la colonisation un vieux routier de la politique belge, ancien ministre, toujours député et ami personnel de Mobutu est prêt à ouvrir la boîte de Pandore, y compris les musées et les archives du royaume, au nom de l’apaisement des relations avec les anciennes possessions belges en Afrique, à commencer par la République démocratique du Congo. Est-il temps de déboulonner les statues et de renommer les rues pour purger la sphère publique des personnalités racistes et oppressives ? La discussion se déroule à l’échelle mondiale. Qui racontera le récit et comment sera-t-il raconté ? Quand les reliques du passé agacent, jusqu’où faut-il les garder ? Autant de sujets compliqués que les pays africains et occidentaux sont parfois contraints d’aborder malgré eux. Plusieurs semaines après la mort de Georges Floyd, un Afro-Américain mort asphyxié lors de son interpellation par un policier, un mouvement mondial de résistance a éclaté.

Les individus ont abordé cette question à leur manière dans les rues des immenses villes africaines, européennes et nord-américaines. Des cordes sont utilisées. Avec l’aide de leurs mains et de leurs pieds. Avec l’utilisation de peinture en aérosol. Longtemps accusée de faire fi de son histoire de traite négrière, la capitale girondine met un point d’honneur à honorer les figures noires ces dernières années. Elle a nommé l’un des salons de sa mairie en l’honneur de l’auteure guadeloupéenne Maryse Condé et envisage de rebaptiser une de ses bibliothèques en l’honneur de René Maran, premier Français noir lauréat du prix Goncourt. La débaptisation n’est pas une option pour la ville de Bordeaux : “A un moment, cette forme de pensée était la norme.” Faut-il donc rebaptiser toutes les rues de France et supprimer toutes les statues ? Cela fait partie de notre passé, pour le meilleur ou pour le pire, conclut Marik Fetouh. Pour cela, le Premier ministre bénéficie d’un certain degré de concordance horaire. Les relations avec Kinshasa sont nettement meilleures aujourd’hui qu’elles ne l’étaient sous la précédente présidence, confirme Colette Braeckman, journaliste au Soir de Bruxelles. Bruxelles peut désormais s’appuyer sur les liens de longue date entre les Tshisekedi et De Croo, pères d’hier, fils d’aujourd’hui, après avoir craint l’éclatement de la période Joseph Kabila. Le président Tshisekedi a vécu en Belgique pendant de nombreuses années ; Comme plus de la moitié de son cabinet, précise le journaliste, qui n’a pas peur d’utiliser le terme “relations familiales”.

La période coloniale, selon les universitaires belges, a été une dure histoire d’extraction de ressources. Bruxelles a relancé la coopération économique et envisage de reprendre les accords de coopération militaire avec la République démocratique du Congo dans les semaines à venir. Cependant, en se gardant bien de faire des critiques, alors que le gouvernement du pays reste toujours aussi difficile, estime un responsable du secteur privé belge à Kinshasa. Les Belges sont presque aveuglés par leur bonheur avec la normalisation congolaise, commente un responsable européen de Bruxelles. Colette Braeckman déclare : La visite royale était très attendue des deux côtés pour entériner cette remise en beauté. La Belgique entend poursuivre la stupéfiante décolonisation des consciences entamée depuis douze mois. Le 27 octobre, la commission spéciale, créée fin 2020 pour étudier le passé colonial de la Belgique au Congo, a rendu son rapport. Et les résultats de ce document de près de 700 pages sont écrasants pour le gouvernement belge, les spécialistes décrivant la période coloniale comme “une terrible histoire d’extraction des ressources”. Le rapport est maintenant entre les mains du destinataire. Des parlementaires qui devront se prononcer sur les recommandations des auteurs pour les réparations ainsi que sur d’éventuelles excuses. L’une des recommandations des experts, que le gouvernement s’est empressé de mettre en œuvre, est la restitution des œuvres d’art pillées. Le processus a été officiellement présenté en novembre 2021, lors de la visite à Kinshasa du secrétaire d’État Thomas Dermine, en charge de ce dossier très suivi en Belgique comme au Congo, et les premiers retours pourraient avoir lieu avant la fin de cette année. Autre la question de la restitution tant attendue à Kinshasa, celle des reliques de Patrice Lumumba : une dent, prise à l’époque par un commissaire belge.

Avant que la pandémie ne retarde le calendrier, Bruxelles prévoyait de le remettre aux autorités congolaises le 21 juin 2021, à l’occasion du soixante-cinquième anniversaire de la mort du premier chef d’Etat du pays. Cette restauration était initialement fixée au 17 janvier, date exacte du décès, mais est désormais reportée à fin juin, quand le mausolée destiné à recueillir les ossements sera prêt, selon Roland Lumumba, l’un des fils. Cela ne devrait pas empêcher le héros national congolais de défrayer la chronique dans les semaines à venir. Le 18 janvier, le parquet fédéral belge a procédé à une perquisition au Parlement. Cela a fait sensation dans le royaume. Les documents utilisés par la commission d’enquête qui a conclu à la “responsabilité morale” de certains représentants belges en 2001 et 2002 ont été placés sous scellés. Ils pourraient alors être renvoyés au dossier, débouchant à terme sur un procès aux assises, permettant à la famille de réagir à la plainte déposée en 2011 par la famille Lumumba, qui qualifiait l’exécution de Patrice Lumumba de “crime de guerre”.

De nombreux facteurs devraient contribuer à réchauffer davantage les relations belgo-congolaises, à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo. Mais le calcul d’Alexander De Croo n’est pas uniquement diplomatique, puisqu’il cherche à séduire la diaspora africaine en Belgique avant les élections fédérales de 2024. Elle est en première ligne dans le réexamen de conscience en cours dans le pays, selon Colette Braeckman, particulièrement engagée sur ces sujets. Après avoir réussi à imposer sa volonté à la sphère publique, la diaspora, qui comprend désormais environ 14 % de l’électorat belge, pourrait opter pour la commercialisation de ses votes.

© ERIC KUIKENDE, LEO NJO LEO NEWS

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