Très proche du président béninois Patrice Talon, le ministre de l’économie Romuald Wadagni a de nouveau été mérité la confiance de celui-ci. Wadagni gère aussi le ministère de la coopération régionale et devrait profiter du limogeage de Aurélien Agbénonci, ancien chef de la diplomatie pour se maintenir à ce poste. Ne disposant d’aucune expérience dans l’acquisition de la flotte militaire, celui-ci a quand même mérité la confiance du chef de l’Etat conseillé par son chef de cabinet militaire, le général Bertin Bada, et son chef d’état-major, le général Fructueux Gbaguidi.
Apprécié pour sa capacité à faire le lien entre les milieux publics et privés, considéré comme l’étoile montante du gouvernement, le quadragénaire Romuald Wadagni, que le président appelle « jeune homme », s’est formé à l’expertise-comptable en France et aux Etats-Unis, avant de gravir les échelons du cabinet de conseil Deloitte jusqu’au rang d’associé.
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Une tache pas tout à fait facile
Secrètement, le technicien en finances et économies a longtemps été à la tête de plusieurs négociations de gré à gré à l’avantage de son pays. Avec sa main droite Shegun Adjadi Bakari, Romuald Wadagni a entamé des négociations portant sur des appareils « Mi-171 de Russian Helicopters » et des unités H225 du français Airbus Helicopters. Peu habitué à négocier avec de jeunes économistes l’achat d’équipements militaires, le ministre béninois de l’économie devra alors « mener à bon port cette lourde tâche lui assignée ».
Sa principale mission n’est rien d’autre que de concurrencer les canaux d’acquisition plus traditionnels de l’état-major, qui a commandé deux hélicoptères légers Airbus H125 en début d’année. De son côté, le ministre délégué en charge de la défense, Fortunet Alain Nouatin, dont l’administration est directement rattachée à la présidence, ne dispose pas d’une marge de manœuvre suffisante pour conduire ces pourparlers.
Une nomination qui éloigne le Bénin du Rwanda
Pourtant les choses allaient bien jusque-là entre le Rwanda et le Bénin, du coup cette nomination vient éloigner les deux pays. Paul Kagame, président du Rwanda et Patrice Talon du Bénin étaient d’accord sur un probable déploiement des militaires rwandais au Bénin pour faire face au terrorisme. Le remplacement de l’ex-chef de la diplomatie béninoise, qui a longtemps été en poste à Kigali pour les Nations unies a un peu changé la donne pourtant considéré comme principal artisan du rapprochement entre les deux parties. Romuald Wadagni devra alors récupérer le dossier en contribuant à tracer les contours financiers de l’accord. Si les premiers éléments de la Rwanda Defence Force (RDF) étaient attendus dès la fin 2022, aucune unité n’a pour l’heure pris pied sur le sol béninois. Actuellement, les discussions en cours entre les deux pays portent sur la formalisation juridique de l’accord, qui comprendrait la formation des instructeurs, un déploiement conjoint du Rwanda Defense forces (RDF) et de la Force armée béninoise (FAB), ainsi qu’une coopération accrue entre les systèmes éducatifs.
Les FAB disposent déjà sur le terrain de formations militaires fournies par les Etats-Unis, la France ou encore la Belgique. Le 5 mai dernier, le chef de la commission des forces armées de la Chambre des représentants des États -Unis Mike Rogers, a rendu visite à Patrice Talon, le flanker de Romuald Wadagni. Afin de faciliter cette réconciliation, l’ambassade américaine au Bénin a créé début mai un poste d’officier de coopération sécuritaire. Ce responsable supervisera diverses initiatives de coopération en matière de sécurité, telles que le programme Borsec II, qui débutera en 2023 et visera à former 700 militaires béninois à la protection des frontières via le prestataire de sécurité privé Amentum (anciennement PAE).
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Des recrutements en cascade
Les Américains ont procédé à un recrutement en cascade. Une quinzaine de militaires, anciens des forces spéciales de l’armée français ont été intégrés. A partir de 2024, un deuxième 8 millions de dollars est programmé pour la formation des nouvelles recrues des FAB à plus grande échelle, en commençant par les 2000 unités qui ont été activées tout récemment et en progressant jusqu’aux quelque 3000 militaires qui viendront progressivement grossir les rangs.
De plus, une entreprise privée devrait en tirer de ce régime. En outre, Washington prévoit de mettre en place un programme de ventes militaires à l’étranger (FMS) pour faire face aux pénuries de matériels dans l’armée béninoise à l’approche de la visite de Bonnie Jenkins à Cotonou en mars.
©2023- Paulin AGANZE, LNL News