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Saturday, October 19, 2024

Cameroun : Laurent Esso et Pierre Amougou Belinga : des affinités inédites qui posent des doutes sur l’évolution de l’affaire Zogo.

L’enlèvement de Martinez Zogo, journaliste Camerounais continue de délier les langues. L’homme d’affaires Pierre Amougou Belinga et le ministre de la Justice Laurent Esso sont visiblement pointés, mais leur affinité avec le président Paul Biya laisse planer des doutes sur l’évolution de l’affaire jusqu’à la condamnation des coupables.

« C’est très grave ce que nous, acteurs de la justice, apprenons dans les médias. Nous qui, en tous temps, vous faisons confiance, sommes profondément ennuyés par votre silence et inaction publique face aux révélations publiées par la presse internationale », ces propos de Me Hippolyte Meli Tiakouang au sujet de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo viennent relancer la question « de qui est complice de la mort des journalistes dans le monde ».

En effet, ça fait plus de trois mois le corps du Journaliste Camerounais Martinez Zogo fut découvert. Depuis lors, la justice Camerounaise est restée molle sur cette affaire. La justice a-t-elle ses mains dans ce dossier ? Les tendances tentent de le confirmer ainsi. Dans ladite affaire, le Ministre de la Justice Monsieur Laurent Esso « n’est toujours pas sorti de son mutisme ».  Pourtant il y a peu dans la même affaire, lui et l’homme d’affaires Amougou Belinga ont été cités par le lieutenant-colonel Justin Danwe (chef du commando) d’avoir joué un rôle dans la disparition de Zogo.

La déception

Le silence déception du Magistrat Laurent Esso déçoit le corps des avocats et des journalistes. A tous ces égards, le juriste Hippolyte Meli Tiakouang a pris le courage d’attaquer le Ministre de la justice. En des termes les plus crus, il est allé jusqu’à mettre le ministre devant ses responsabilités : « Votre serment de magistrat continue de vous lier malgré les fonctions politiques que vous occupez et qui imposent une réserve. Mais le secret disparaît face aux accusations pénales publiques graves », a-t-il écrit à cet ancien del’École nationale d’administration et de magistrature (Enam).

L’œil de Biya

Le ministre de la Justice a eu des explications à faire devant Biya, président Camerounais. Mais la question de savoir si les dénégations d’Esso ont su convaincre le président, demeure.

Néanmoins, d’un certain point de vue, le silence de Biya estime la presse, n’a rien à confondre à ce qu’il aurait oublié ou tait le dossier. Car estime ce point de vue, Paul Biya est une « personnalité complexe ».  Loin de là, il a « ses colères froides et sa capacité à différer la résolution d’un problème pressant », écrit même la presse d’outre-mer. Les mêmes connaisseurs de Biya analysent « qu’Il peut ne rien faire pendant des mois, voire des années. Puis, soudainement, licencier et faire incarcérer l’objet de son courroux ». Ces assurances autour de Biya vis-à-vis de l’affaire Zogo, tentent de raviser l’espoir que les coupables payeront un jour le prix de leur acte.

Parlant toujours d’Esso, une source confie je cite : « Quoique le garde des Sceaux fasse pour échapper à l’humiliation d’un interrogatoire, il ne s’adressera pas à des juges d’instruction qui sont sous son autorité. L’affaire est confiée au tribunal militaire, une juridiction échappant à son pouvoir. La justice militaire est compétente pour toute infraction commise à l’aide d’une arme à feu ou impliquant un militaire » fin de citation.

Mais le flou n’a pas libéré sa place

L’homme d’affaires Pierre Amougou Belinga et ministre de la Justice Esso ont des affinités inédites. Et cela est perçu par d’aucuns comme une épine dans le dossier. Laurent Esso est par exemple incriminé de ne toujours pas parler aux enquêteurs « qui, eux, n’osent pas non plus user de tous les moyens légaux pour obtenir sa déposition », alors que c’est lui la bouche autorisée.

Homme « froid et méchant », comme d’aucuns tentent de la qualifier, le Ministre de la justice à qui plusieurs hommes politiques camerounais en prison tentent de coller l’origine de leur malheur, ne sait toujours jusqu’à démontrer son absence dans la question Zogo. Et sa rigidité tout comme le froid du pouvoir vis-à-vis dudit dossier, vient remettre en cause la liberté d’expression au Cameroun.

Une presse muselée

On dirait un comportement général de complot contre les journalistes… Car partout au monde, ils sont toujours la cible, tout simplement pour leur métier. Pire encore, les hostilités rebelles sont venues accentuer les violations des droits des journalistes.

En RDC par exemple, 68 journalistes vivant dans les zones sous contrôle de la Coalition Mouvement du 23 Mars et les forces de défense rwandaises (M23-RDF), ont été contraints début octobre 2022, de fouir les territoires de Masisi et Rutshuru pour se réfugier en ville de Goma jugée sécurisée. Dans le même contexte, l’union nationale de la presse du Congo section du Nord-Kivu et l’ONG Journaliste en danger JED, qui livrent ces statistiques, ajoutent que 18 radios communautaires ont été touchées : fermées, soit vandalisées par les agresseurs. Les deux sources ne font jusqu’à présent pas mention sincère aux autres cas des journalistes ayant été soit kidnappés ou incarcérés ou encore intimidés en plein exercice de leur métier.

Au Cameroun, « la presse n’a pas davantage ses faveurs ». Le journaliste Christophe Bobiokono, a par exemple été convoqué par le ministre de la Justice aussitôt qu’il a lancé le Kalara, un hebdomadaire spécialisé dans la couverture de l’actualité judiciaire.

 Après avoir boudé la convocation du ministre de la justice, en décidant de développer l’hebdomadaire malgré « l’hostilité ambiante », Christophe Bobiokono et deux journalistes de Kalara ont finalement été le 20 décembre 2019, « condamnés à deux ans de prison avec sursis, assortis de lourdes peines pécuniaires (10 millions de francs CFA de dommages et intérêts et 2,5 millions d’amende) ». Ils ont ainsi certainement payé le prix de leur opposition au tout puissant ministre de la justice.

©2023 – John TSONGO, LNL News

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