Yaoundé – Après plusieurs semaines de silence, le gouvernement camerounais a finalement réagi aux rumeurs persistantes concernant l’état de santé du président Paul Biya. Le 8 octobre, le porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, a fermement démenti ces allégations, les qualifiant de “fantasmes et pures imaginations”.
Ces déclarations surviennent alors que l’inquiétude grandissait autour du leader de 91 ans, alimentée par des spéculations sur sa supposée hospitalisation. Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil, a également pris la parole depuis Genève, confirmant que Paul Biya est en “excellente santé” et qu’il continue de s’acquitter de ses fonctions quotidiennes.
Pression croissante de la diaspora
Cette réponse officielle a été déclenchée par les pressions croissantes des groupes de la diaspora camerounaise, en particulier des opposants au régime tels que les Brigades Anti-Sardinards et les partisans des séparatistes ambazoniens. Le 6 octobre, le Conseil des Camerounais de la diaspora a adressé une lettre au directeur de l’hôpital militaire Percy à Clamart, où certains prétendaient que Biya était hospitalisé. Des manifestations étaient également planifiées.
Deux jours plus tard, la situation s’est intensifiée lorsque des militants ambazoniens basés aux États-Unis ont diffusé une fausse information sur la chaîne ABS (Ambazonia Broadcasting System), annonçant à tort le décès de Paul Biya. Devant la viralité de cette fausse nouvelle, le gouvernement a été contraint de réagir pour mettre un terme aux spéculations.
Une stratégie politique bien rodée
Malgré ce démenti officiel, les rumeurs continuent de circuler, et l’opposition s’est empressée de demander plus de transparence sur la santé du président. Certains opposants ont même évoqué l’éventualité de déclarer une vacance du pouvoir, comme le prévoit l’article 6 de la Constitution en cas d’incapacité du chef de l’État.
Cependant, cette pression politique n’a pas produit de résultats immédiats. Fidèle à sa stratégie habituelle, la présidence a préféré laisser les débats s’enliser sur les réseaux sociaux, espérant ainsi décrédibiliser les lanceurs d’alerte qui avaient annoncé prématurément la mort du président.
Vers un retour triomphal
Selon René Emmanuel Sadi, le retour de Paul Biya à Yaoundé est prévu “dans les tous prochains jours”, une déclaration qui semble préparer le terrain pour un accueil triomphal du chef de l’État à l’aéroport de la capitale. Cet épisode rappelle un précédent en 2004, lorsque des rumeurs similaires avaient circulé, et que Biya était réapparu à Yaoundé en déclarant, avec une pointe d’humour : “Le fantôme vous salue bien.”
Alors que l’élection présidentielle de 2025 se profile, la gestion de cette nouvelle crise de santé pourrait bien avoir des répercussions sur la scène politique camerounaise, où Paul Biya reste un acteur central après plus de quatre décennies au pouvoir.
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