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Friday, September 27, 2024

Comment l’Afrique peut s’émanciper de la « géopolitique » pour développer son économique ? Ep. 2

En Afrique du Nord, dans la région du Maghreb, en examinant la complexité des relations entre Etats maghrébins et les acteurs non-étatiques, ainsi que les enjeux qui transcendent les frontières nationales ; vous trouverez que le Maroc est un « obstacle » pour l’émancipation du Maghreb face à la géopolitique. A présent, le Maroc semble être devenu un point « névralgique », accueillant un armement conséquent des grandes puissances. La présence massive et désorganisée des forces occidentales dans la région est une « source d’inquiétude » pour les pays aspirant à une « véritable indépendance ».

Analyse du contexte géopolitique de la région du Maghreb

Les rivalités territoriales, les conflits entre les pays du Maghreb tirent leur origine depuis les IIIe, IXe, XVIe, XVIIe et XIXe siècles. Le Maroc ne facilite pas la coopération diplomatique dans cette zone stratégique et maintient l’influence « hégémonique du pouvoir institutionnel régional » dans le Maghreb et la Méditerranée. Au IIIe siècle, les « Massæsyles » et les « Massyles » rêvaient d’unifier la Numidie, la région dont ils se partageaient, mais ils n’ont jamais réussi à y parvenir en raison de leur « forte rivalité ».

Aux XVIe et XVIIe siècles, la longue lutte entre corsaires d’Afrique du Nord et flottes européennes au XVIe siècle a donné lieu à des alliances qui, aujourd’hui, peuvent paraître étonnantes. Le Maroc actuel, également connu sous le nom de Maghréb al-Aksa, est un passage maritime unique entre la Mare Nostrum et l’océan Atlantique (Saraoui actuel). Sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar et sa véritable coopération avec Algérie pour combattre les Espagnols a aidé les musulmans andalous », et a permis aux pirates de toutes sortes de vivre en paix. L’union entre Sayyida al-Horra et Khayr al-Din Barberousse a permis des sauvetages massifs en Andalousie (al-Andalus vers l’Afrique du Nord). En raison de cette alliance, une période de partage des eaux de la Méditerranée a eu lieu, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Et « la bataille des Trois Rois en 1578 sera l’événement sidérant qui hissera le Maroc au premier rang des puissances se disputant la maîtrise de l’Afrique du Nord et de l’Est », confirme l’historien Daniel Rivet. Cette victoire marocaine sur des troupes chrétiennes va faire, aux yeux de l’Occident, de l’Empire chérifien une puissance régionale.

En 1830, les Français entament leur conquête de l’Algérie. Menée par l’émir Abdelkader, la résistance reçoit le soutien du sultan marocain Abderrahmane. Ensemble, les deux leaders donnent du fil à retordre à la France. Mais cette alliance conduira in fine à la colonisation de l’Algérie et à la mise sous protectorat du Maroc. 

Le Maroc doit corriger ses erreurs du passé où il avait l’Empire que par le nom, avait décidé de collaborer avec la France au détriment de l’Algérie. Et pourtant il avait toutes les raisons de soutenir l’émir et les tribus algériens engagés dans le combat anticolonialiste en raison d’abord de la « solidarité et de la fraternité au nom de l’Islam ».

« Pris en étau, l’Empire chérifien est également sollicité par la France, qui le considérait certes comme un « voisin », mais néanmoins « dangereux ». Dès 1832, après la prise d’Alger, Louis-Philippe le dernier roi de France envoie une importante délégation diplomatique menée par le comte Mornay au Maroc, et dont fera partie le peintre Eugène Delacroix. Objectif : obtenir la neutralité du Maroc et l’arrêt de l’aide militaire des Marocains aux Algériens. Le 24 janvier, la délégation débarque à Tanger ; le 22 mars, elle est reçue en audience impériale à Meknès, et le 4 avril, enfin, le sultan s’engage à rester neutre et à retirer ses troupes d’Algérie ».

L’« égoïsme marocain » a permis à la France d’écraser son voisin frère Alger. Au lieu de favoriser l’Union, le Maroc avait signé un contrat avec la France. « Selon les clauses de ce « contrat », la France reconnaît l’autorité de l’émir Abdelkader en Oranie et lui laisse Tlemcen. En contrepartie, il doit reconnaître la souveraineté de la France en Afrique et lui concéder Oran et Alger, deux villes côtières éminemment stratégiques ». Idem avec le « corridor Est-africain ».

Rabat doit se souvenir du geste du fameux Abdelkrim El Khattabi, un émir algérien qui avait combattu les colons espagnols aux côtés des marocains. Cette volonté de synergie du passé devrait donner lieu aujourd’hui à « l’Unité maghrébine » et inviter la Libye et la Tunisie, ensemble à restaurer le « Comité de libération du Maghreb de 1948 » dans lequel ces pays maghrébins s’engagent à « collaborer ensemble et se partager les armes et les hommes pour une défense commune ».

D’autant qu’au Caire, entre 1954 et 1955, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie se sont engagés à poursuivre la lutte anticoloniale jusqu’à ce que les trois pays obtiennent leur indépendance, à présent, face à la « géopolitique africaine » dans la région, les pays maghrébins doivent travailler encore ensemble et unir leur force pour empêcher la géopolitique d’installer la base de l’OTAN dans la région sous prétexte de la lutte migratoire vers l’Europe, ce qui permet de contrôler la mer Méditerranée au désavantage des pays maghrébins.

Aujourd’hui, les pays du Maghreb ont l’obligation de « collaborer et nouer des amitiés indéfectibles » qui pourront déboucher à l’ « Unité maghrébine » comparable au « Comité de libération du Maghreb de 1948 » qui va se rallier avec le Sahel et le groupe Nigérian-congolais pour la création de l’ « Unité Sahélo-Maghrébine d’Afrique indépendante (USMA) ».

La vague de la démocratie dite « Printemps arabe »

Je pense que le Maghreb devrait tirer une leçon du « Mouvement du Printemps Arabe » qui a conduit à la fragilisation de leurs Etats maghrébins et des pays du Sahel.  La vague de la démocratie qui a éclaté en Tunisie et dans d’autres pays arabes en 2010-2011 n’a pas permis la stabilité de l’État, mais a plutôt suscité l’insécurité et des groupes terroristes de l’État islamique au Maghreb et au Sahel. Le « chaos » du Maghreb au Moyen-Orient, suivant la stratégie occidentale de « l’installation artificielle du gouvernement » sous diktat américain, est la teneur des slogans entendus lors des mouvements de 2011 : « libéré », « chute du régime », « liberté, dignité, … »

Tout au long de cette révolution, il y a eu des conflits, de la violence, du terrorisme, des non-compromis, etc. Tunisie, Égypte, Libye, Yémen, Syrie, etc. où sont les pays qui ont connu un « printemps arabe » des années plus tard ? En première ligne, la jeunesse ; elle qui a porté ce soulèvement exigeant la démocratie se demande parfois, ce qu’il reste à « célébrer » à part la « destruction » de leurs Etats.

Le bilan est plus que décevant. La violence a englouti la Libye et l’Égypte est désormais sous le contrôle d’un régime militaire ou policier. En Tunisie, la misère persiste. Malgré le besoin de changements radicaux et de démocratie, « les pays du Maghreb ne sont pas sur la bonne voie ». Ils sont dans des conflits qui débordent et où des éléments externes viennent attiser le feu. La concurrence géopolitique a choisi de s’affronter en dehors de leurs camps, convainquant les jeunes arabes que leurs anciens régimes autoritaires étaient un « obstacle à leur bien – être ». Aujourd’hui, les espoirs portés par ces révoltes baptisées « Printemps arabe » ont conduit à la chute historique de leurs dirigeants.

Le Maghreb est une zone stratégique en raison de sa « proximité avec l’Europe », de son importance géoéconomique (notamment en termes d’énergie avec les réserves de gaz naturel) et de son rôle dans la « stabilité régionale », c’est pourquoi le contrôle de la Méditerranée par les pays de la région devient une « priorité ».

Didier Amani SANGARA

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