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Friday, September 27, 2024

Corne de l’Afrique : entre enjeux géopolitiques et crises régionales

Les tensions dans la Corne de l’Afrique, en particulier au Soudan et en Somalie, sont au cœur des préoccupations internationales à l’approche de l’Assemblée générale des Nations unies. Ces crises, alimentées par des conflits internes, sont aggravées par l’implication d’acteurs étrangers et par des problèmes structurels tels que l’immigration. Alors que l’Europe et les États-Unis peinent à coordonner une réponse unifiée, les intérêts divergents des puissances régionales et internationales compliquent davantage la recherche de solutions durables.

La Corne de l’Afrique illustre parfaitement le jeu complexe des intérêts internationaux dans une région stratégique pour le commerce mondial et les puissances militaires. Les bases militaires de grandes puissances à Djibouti, ainsi que l’ingérence étrangère dans les crises du Soudan et de la Somalie, démontrent à quel point la région est devenue un terrain de confrontation pour des acteurs externes. Ces rivalités contribuent à la déstabilisation de la Corne de l’Afrique, rendant difficile toute perspective de paix durable.

Pour la région, la question de savoir comment gérer ces influences extérieures tout en rétablissant une stabilité interne demeure cruciale. Les solutions ne pourront émerger qu’à travers une approche équilibrée, prenant en compte les besoins des populations locales, la stabilité régionale, et une réduction de la militarisation étrangère dans cette zone d’une importance géostratégique capitale.

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La Crise au Soudan : rivalités et interventions extérieures

Le Soudan, en proie à des luttes intestines entre factions militaires et paramilitaires depuis la chute du régime d’Omar el-Béchir en 2019, est le théâtre de violences continues. Les rivalités entre généraux, exacerbées par des tensions ethniques, bloquent toute transition démocratique. La violence, loin de se limiter à des conflits locaux, s’internationalise avec l’implication de puissances extérieures.

L’Égypte soutient certaines factions militaires soudanaises, cherchant à maintenir son influence stratégique dans la région, notamment en ce qui concerne le contrôle des ressources hydriques du Nil.

L’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis jouent un rôle central en fournissant un soutien financier et logistique aux différents acteurs et factions militaire en échange d’influence géopolitique et de concessions économiques.

Le Kenya, bien que plus impliqué dans la stabilisation de la Somalie, joue un rôle dans la gestion de la crise soudanaise, notamment dans la question des flux de réfugiés qui se répercutent sur la région.

L’Ouganda, bien que davantage concentré sur ses propres enjeux comme la construction de barrages, surveille également de près la situation dans la région, car tout conflit prolongé affecte la stabilité de l’Afrique de l’Est.

La Somalie : Entre instabilité politique et menaces terroristes

La Somalie reste un épicentre d’instabilité en raison de la lutte entre le gouvernement central et des groupes militants comme Al-Shabaab. Les interventions étrangères visent à renforcer les capacités militaires locales, mais les intérêts divergents des acteurs régionaux compliquent la situation. Les Émirats, par exemple, soutiennent certaines factions locales, ce qui aggrave les tensions.

Bien que la Somalie ait renforcé sa coopération diplomatique avec le Kenya, des tensions persistantes, notamment sur des différends frontaliers, nuisent à la stabilité régionale. La concurrence pour les ressources maritimes et l’influence régionale rend la gestion des conflits plus difficile, même si des efforts de stabilisation sont en cours.

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Le problème de l’immigration : Un défi régional et global

Les crises prolongées au Soudan et en Somalie ont déclenché des vagues massives de migrations, exacerbant les pressions dans les pays voisins et au-delà. Les populations de la Corne de l’Afrique fuient les violences et la pauvreté, cherchant refuge en Europe et dans les pays arabes, comme l’Arabie Saoudite, Israël et les Émirats. Ces migrations massives posent des défis humanitaires importants, notamment en matière de gestion des frontières, de protection des droits des migrants, et de soutien aux pays d’accueil surtout dans la bande de Gaza en proie des conflits.

L’Arabie Saoudite, bien qu’impliquée dans les conflits régionaux via des soutiens financiers et militaires, se retrouve aussi confrontée à l’afflux de demandeurs d’asile en provenance de la Corne de l’Afrique. Les tensions liées à l’immigration compliquent encore la situation, car ces mêmes pays, tout en soutenant certains acteurs des conflits, sont également appelés à gérer des pressions internes dues à la migration. L’implication de puissances arabes dans les conflits renforce ainsi les dynamiques de dépendance et de fragilité dans la région.

Les enjeux géopolitiques dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Est

Les pays de l’Afrique de l’Est, tels que le Kenya et l’Ouganda, jouent un rôle dans les efforts de stabilisation, mais aussi dans la protection de leurs propres intérêts. Le Kenya, avec ses tensions historiques avec la Somalie, est un acteur majeur dans la région, cherchant à équilibrer sa coopération diplomatique avec ses intérêts nationaux. L’Ouganda, quant à lui, est impliqué dans les questions de développement, notamment à travers la construction de barrages, ce qui le place au cœur des enjeux hydrauliques de la région.

Les bases militaires : un jeu d’influence dans la Corne de l’Afrique

La Corne de l’Afrique, et plus particulièrement Djibouti, est devenue une zone d’intérêt stratégique pour plusieurs grandes puissances. Grâce à sa position géographique clé sur le détroit de Bab-el-Mandeb, qui relie la mer Rouge à l’océan Indien, Djibouti accueille plusieurs bases militaires étrangères. La Chine, les États-Unis, la France et le Japon y maintiennent des bases, chacune cherchant à sécuriser ses intérêts dans une région cruciale pour le commerce mondial.

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La Chine a établi sa première base militaire à Djibouti en 2017. Officiellement, elle vise à soutenir les missions de lutte contre la piraterie et à protéger ses routes commerciales vers l’Europe et l’Asie. Toutefois, sa présence renforce l’influence chinoise dans une région où Pékin cherche à consolider sa position en tant que superpuissance.

Les États-Unis et la France, deux puissances occidentales historiques dans la région, maintiennent également des bases à Djibouti, reflétant leur intérêt pour le contrôle des routes maritimes et la surveillance de la région de la Corne de l’Afrique. La base américaine de Camp Lemonnier est particulièrement importante pour les opérations militaires américaines en Afrique de l’Est, dans la lutte contre le terrorisme et la piraterie.

L’installation de bases militaires étrangères dans la Corne de l’Afrique amplifie les tensions locales, notamment en Somalie et au Soudan. Alors que ces puissances prétendent agir pour des raisons de sécurité et de stabilité, leur présence militaire nourrit souvent l’instabilité politique en soutenant indirectement certaines factions au détriment d’autres. Par exemple, la lutte d’influence entre les États-Unis et la Chine dans la région reflète les rivalités géopolitiques mondiales qui viennent aggraver les conflits locaux.

La Corne de l’Afrique : un nœud stratégique pour le commerce mondial

La Corne de l’Afrique est au cœur des flux commerciaux internationaux, reliant l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient via le canal de Suez et l’océan Indien. Cette région stratégique voit transiter une grande partie du commerce mondial, y compris les cargaisons de pétrole, ce qui en fait une zone d’une importance géopolitique capitale. Les puissances militaires stationnées à Djibouti cherchent à sécuriser ces routes commerciales, mais leur présence exacerbe aussi les tensions régionales.

La majorité des flux commerciaux entre l’Europe et l’Asie transitent par la mer Rouge, passant près de Djibouti, avant de traverser le canal de Suez pour rejoindre la Méditerranée. Ce passage est non seulement stratégique pour les exportations de matières premières mais aussi pour le transport d’énergie. La sécurisation de ces routes est ainsi un enjeu majeur pour les puissances stationnées dans la région.

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La région de la Corne de l’Afrique, en plus d’être un foyer de crises internes, est aussi cruciale pour le commerce maritime mondial. Les grandes puissances s’efforcent de contrôler cette zone stratégique pour sécuriser les routes commerciales qui relient l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient. Le passage par la mer Rouge, le canal de Suez et l’océan Indien est vital pour le transport de marchandises, notamment de pétrole, vers l’Europe et l’Asie.

Cette combinaison d’intérêts commerciaux et militaires dans la Corne de l’Afrique a des conséquences directes sur la stabilité des États de la région. La Somalie, en particulier, est profondément affectée par ces ingérences étrangères. Bien que certaines interventions visent à lutter contre des groupes terroristes comme Al-Shabaab, les rivalités entre les puissances mondiales et les dynamiques géopolitiques en jeu viennent souvent perturber les efforts de pacification, renforçant les tensions internes. De plus, les pays environnants, tels que l’Éthiopie et l’Érythrée, ne sont pas épargnés, car ces puissances cherchent également à influencer leur stabilité pour sécuriser leurs propres intérêts dans la région.

Les voies de résolution et de stabilisation

« A la corne de l’Afrique : les pays de la région ne sont pas épargnés par des tensions diplomatiques – les clivages politiques nourris par les séquelles de la traite négrière qui sont source des conflits au Soudan et dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest – conflit autour du partage des eaux du Nil (la construction du barrage de la Renaissance, un dilemme régional) – le conflit du Tigré – conflit dit à l’accès à la mer rouge et à l’océan indien – mauvais regard dit à la coopération militaire entre États ».

Pour apaiser les tensions, la communauté internationale doit œuvrer à la réduction de l’ingérence étrangère, notamment en encourageant les puissances extérieures à cesser leur soutien aux factions locales. Une solution durable ne peut émerger que si les acteurs internationaux s’accordent à ne plus exploiter les crises pour servir leurs intérêts économiques ou stratégiques.

La solution passe aussi par le renforcement des institutions locales et la stabilisation politique interne. Cela inclut la gestion des migrations et la mise en place de mécanismes régionaux pour mieux accueillir et intégrer les réfugiés. Enfin, la coopération entre les pays de la Corne de l’Afrique, avec l’aide de la communauté internationale, doit se concentrer sur des initiatives à long terme visant à renforcer la sécurité, la résilience économique et la paix dans la région.

En résumé, la Corne de l’Afrique fait face à des défis interconnectés qui incluent des conflits internes, l’intervention étrangère, et des pressions migratoires croissantes. Une solution durable nécessitera une approche coordonnée qui aborde non seulement les intérêts étrangers mais aussi les causes profondes de l’instabilité, tout en promouvant une coopération régionale renforcée.

Les pays comme le Kenya, l’Éthiopie et l’Ouganda doivent renforcer les mécanismes de dialogue pour prévenir la propagation des conflits et gérer efficacement les ressources partagées, telles que les bassins fluviaux et les territoires frontaliers contestés.

Daniel MOMBELE

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