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Friday, September 27, 2024

COTE D’IVOIRE : DECHU DE SES DROITS CIVIQUES ET POLITIQUES, LAURENT GBAGBO A DU MAL A BOIRE CETTE COUPE DEVENUE AMERE

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo ne pourra pas voter ni être voté aux prochaines élections générales prévues le 2 septembre 2023 en Côte-d’Ivoire. Celui-ci a été radié de toutes les listes électorales par la Commission électorale indépendante (CEI) pour des différends avec la justice ivoirienne. Très ambitieux, cet ancien prisonnier à la Cour pénale internationale (CPI) a déposé un recours ce 8 juin, pour obtenir sa réinscription sur ces listes afin de restaurer sa dignité.

Acquitté par la CPI mais en conflit avec la justice ivoirienne

Après une longue procédure judiciaire de près de dix ans, la chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a rendu le 31 mars 2021, un arrêt définitif confirmant l’acquittement de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et de son bras droit, l’ex-ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé. Ils étaient tous deux, accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité à savoir : meurtres, viols, actes inhumains et persécutions, supposément commis durant les violences postélectorales de 2010 et 2011 en Côte d’Ivoire.

Cet acquittement ramène à son point de départ, le combat des victimes pour la justice après une décennie de guerre civile et de violences politiques qui ont ensanglanté le pays entre 2002 et 2011. L’implication de la CPI dans cette quête de la justice, au lendemain de la crise postélectorale avait suscité beaucoup d’espoirs de la part des survivant(e)s qui commençaient déjà à désespérer  face à l’indifférence et à la passivité des juridictions ivoiriennes. Malgré l’acquittement de Gbagbo et son allié Blé Goudé, la justice ivoirienne lui tient toujours au coup.

L’ancien chef de l’État reste sous le coup d’une condamnation à vingt ans de prison par la justice ivoirienne dans l’affaire dite du casse de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui remonte à 2011. Le ministère de la Justice l’avait informé qu’il figurait sur la liste des personnes privées de leurs droits politiques et civils, ce que la CEI a confirmé.

Un recours afin de se battre pour sa dignité

Très amère, la coupe n’est pas facile à digérée pour l’ancien chef de l’Etat ainsi que ses sympathisants du parti le PPA-CI (Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire) mais aussi ceux du PDCI-RDA, les deux grands partis d’opposition ivoiriens récemment alliés, dénoncent d’une même voix des irrégularités sur cette liste. Dans cette perspective, l’ancien président Laurent Gbagbo a déposé jeudi 8 juin, à Abidjan, une réclamation en recours auprès de la Commission électorale indépendante (CEI), pour son inscription sur la liste électorale 2023.

Radié pour avoir été condamné dans l’affaire du braquage de la BCEAO, Laurent Gbagbo a déclaré à sa sortie du bureau de la CEI : « Je réfute avec vigueur une telle accusation. Dans ma vie, j’ai toujours travaillé pour que je n’aie aucune ombre dans mon casier judiciaire. »  Poursuivant, M. Gbagbo rassure que tout est mis en œuvre pour rétablir sa dignité. « Non, non et non, je ne laisserai pas mon nom sali sans me battre !  On n’a pas mis mon nom sur la liste électorale, prétextant que j’ai été condamné après un procès qui m’a jugé parce que j’aurais braqué la BCEAO.», a affirmé l’ancien président ivoirien. Des jeunes sympathisants qui ont déposé des réclamations (350 au total) pour obtenir sa réinscription.

Pour sa part, la CEI appelle tous les candidats et électeurs de faire foi à ces listes électorales pour espérer avoir des élections apaisées en Côte d’Ivoire. Réagissant aux propos de Gbagbo et son parti, Ibrahim Coulibaly-Kuibiert président de la CEI a fait savoir que « à chaque élection, on sort cela, on brandit cela comme un chiffon rouge. Puis, après les élections, personne n’en parle comme si ce n’était pas un problème sérieux. Et ce que j’ai envie de dire, qui me paraît plus hilarant, c’est qu’on fait croire aujourd’hui que cette liste électorale est infecte et n’est même pas propre à l’usage auquel on la destine ».

Des arguments rejetés en bloc par le PPA-CI qui, depuis samedi, mène un offensif médiatique tous azimut. « Je mets au défi toute personne détentrice de la décision de justice qui dit que Laurent Gbagbo est déchu de ses droits civiques de la publier afin que les Ivoiriens voient. Nous, nous n’en avons pas connaissance », martelait Me Habiba Touré, avocate et cheffe de cabinet de l’ancien président, lors d’un récent débat télévisé. « Le fait d’être adversaire politique ne doit pas retirer à son opposant les droits élémentaires attachés à sa citoyenneté. » Entre ceux qui estiment que la CEI n’a fait que respecter la loi et les partisans de l’ancien président, les positions semblent irréconciliables. La présidence en 2025 est également un facteur de son retrait des listes électorales.

Des nouvelles tensions et polémiques

Le climat politique a été de nouveau basculé ces derniers mois après un bouleversement et des actions qui suscitent l’appréhension, comme la liquidation des avoirs de Laurent Gbagbo. La tension monte d’un cran à l’approche des élections locales, qui auront lieu le 2 septembre, suite à la détention de militants du PPA-CI et à la remise en cause de l’intégrité du fichier électoral et de l’indépendance de la CEI. Laurent Gbagbo appelle le président de la République Alassane Dramane Ouattara ainsi celui de la CEI Ibrahime Coulibaly-Kuibiert à s’impliquer à fond pour qu’il ait des élections pacifiées sans aucun trouble.  Le fait que Gbagbo soit radié des listes électorales demeure un sujet de controverse dans la classe politique en Côte d’Ivoire. Plusieurs opposants de grand renom ne s’accordent pas aussi sur cette prise de position de la centrale électorale au pays.

La marge de manœuvre de Gbagbo semble relativement étroite. « Pour qu’il retrouve ses droits civiques, il lui faut bénéficier d’une loi d’amnistie. L’amnistie peut être prise par le parlement, mais également par le président de la République à travers une ordonnance, explique Julien Kouao. Dans le cas de Laurent Gbagbo, la solution n’est pas juridique, elle est politique» a fait savoir un analyste indépendant Justin Koné. Le 06 aout dernier, lors de son discours à la nation, le président Alassane Dramane Ouattara avait accordé une grâce à son prédécesseur. Dans la foulée, il avait également annoncé d’autres mesures d’apaisement du climat politique, dont le dégel des avoirs de Laurent Gbagbo. Depuis, plus rien ou presque, et des tensions ressurgissent à l’approche des élections locales.

©2023 – Paulin AGANZE, LNL News

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