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Friday, September 27, 2024

Crise sécuritaire à l’Est de la RDC : l’inefficacité des mesures et le rôle ambigu des acteurs régionaux et internationaux

La crise sécuritaire à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) ne cesse de se complexifier, alimentée par des dynamiques diplomatiques régionales impliquant des acteurs tels que le Rwanda, l’Angola et les Nations Unies. Bien que des mesures exceptionnelles, comme l’État de siège, aient été mises en place, l’insécurité persiste, soulevant des questions sur les responsabilités partagées et sur les perspectives d’une paix durable.

L’État de siège : un échec prolongé

Instauré en mai 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri pour lutter contre les groupes armés, l’état de siège s’est révélé inefficace. Non seulement il n’a pas permis de rétablir la paix, mais il semble avoir contribué à renforcer des groupes comme le M23. La reconduction systématique de cette mesure par le Parlement congolais, malgré ses résultats décevants, « interpelle ». Cela laisse penser à un manque de vision stratégique ou à une « complicité tacite des autorités », qui peinent à proposer des solutions alternatives viables.

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La MONUSCO : une mission en échec

Depuis 24 ans déjà, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC (MONUSCO) est présente dans le pays sans parvenir à sécuriser durablement l’Est. Critiquée pour sa passivité et son incapacité à protéger les civils, la MONUSCO semble aujourd’hui obsolète dans un contexte où les forces armées congolaises (FARDC) sont débordées. La visite récente de Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de paix, souligne l’implication continue des Nations Unies, mais le modèle actuel de maintien de la paix est manifestement inadapté face à la prolifération des groupes armés.

L’ambiguïté de l’Angola et des Nations unies

L’implication de l’Angola dans la médiation entre la RDC et le Rwanda, notamment via son président João Lourenço, est une tentative de stabilisation régionale. Cependant, les discussions récentes entre Lourenço et l’envoyé spécial du Secrétaire Général de l’ONU, Huang Xia, n’ont pas permis d’apporter de solutions tangibles. En parallèle, l’annonce d’une mission conjointe entre la RDC et le Rwanda pour traquer les FDLR suscite des inquiétudes. Cette mission pourrait servir de prétexte pour maintenir la présence militaire rwandaise en RDC, malgré les promesses de retrait.

Alors que le M23, soutenu par Kigali selon de nombreuses sources, peine à progresser dans le Grand Nord et le Sud-Kivu, le retour potentiel des troupes rwandaises sous couvert de cette mission conjointe pourrait prolonger l’instabilité. Et sous la supervision du médiateur angolais, les négociations menées par le général-major, Christian Ndaywel et son équipe illustrent la volonté de la RDC de parvenir à une solution diplomatique tout en restant ferme sur la défense de sa souveraineté. Toutefois, la présence continue de troupes rwandaises et la crise avec le M23 compliquent ces efforts, rendant la médiation plus fragile et incertaine.

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Complicité implicite des organisations régionales et internationales

Il est légitime de s’interroger sur l’efficacité des organisations régionales (SADC, CIRGL, Union Africaine) et internationales (ONU) face à la crise en RDC. Leur incapacité à endiguer l’insécurité et l’émiettement du pays pourrait être perçue comme une forme de complicité. Le silence de la communauté internationale face aux massacres, au pillage des ressources et aux exactions des groupes armés soulève des doutes sur leur réel engagement. CERTAINS INTÉRÊTS GÉOPOLITIQUES ET ÉCONOMIQUES SEMBLENT L’EMPORTER SUR LA STABILITÉ DE LA RÉGION.

La RDC se trouve dans une position critique où les solutions externes semblent de plus en plus inefficaces. Pour mettre fin à l’insécurité dans l’Est du pays, le gouvernement et le peuple congolais doivent reprendre en main leur propre destinée. « Cela passe par une réforme des institutions nationales, une armée moderne et unie, ainsi qu’une gestion responsable des richesses du pays. Le dialogue inclusif, une diplomatie proactive de Ping- Pong, et une justice rigoureuse sont les clés pour rétablir la paix durablement ».

Renforcer la souveraineté nationale : La RDC doit d’abord reprendre le contrôle de son propre processus de paix. Cela implique une modernisation de l’armée congolaise (FARDC) pour lui permettre de répondre efficacement aux menaces des groupes armés, mais aussi une meilleure formation des forces locales et un soutien logistique accru.

Éliminer la dépendance aux solutions extérieures : Plutôt que de compter sur l’ONU ou des organisations régionales qui n’ont pas apporté de résultats concrets, la RDC doit construire des alliances basées sur l’intérêt mutuel et renforcer sa diplomatie régionale en prenant une position plus proactive.

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Mise en place d’un processus de justice robuste : Il est nécessaire de renforcer la justice pour les crimes commis, afin de restaurer la confiance des populations dans les institutions de l’État. Un tribunal national ou régional dédié aux crimes de guerre et aux violations des droits humains pourrait être un moyen de rétablir l’ordre et d’amener les coupables à rendre des comptes.

En parallèle, une « purge des institutions » serait indispensable pour éliminer les influences étrangères néfastes et renforcer la souveraineté nationale.

Gédéon Kambale 

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