C’est une goutte qui déborde le vase entre l’Allemagne et le Tchad, à la suite duquel l’ambassadeur allemand Jan Christian Gordon Kricke a été expulsé de Ndjamena, et l’Allemagne a répondu en nature en expulsant également la diplomate tchadienne.
Le pouvoir militaire est jaloux de sa position.
La raison de l’expulsion du diplomate allemand semble être infondée aux yeux de l’Allemagne et de certains. Cependant, l’opinion publique est consciente que le pouvoir militaire et des putschistes est généralement moins tolérant aux points de vue opposés, de sorte que l’expression d’une opinion sur un tel pouvoir nécessite une extrême prudence. Les tensions diplomatiques avec Berlin ont considérablement augmenté depuis que N’Djamena a déclaré persona non grata et retourné en Allemagne le diplomate Jan Christian Gordon Kricke; un poing de fer est maintenant visible.
Le 7 avril, le porte-parole du ministre des Communications et du Gouvernement, Aziz Mahamat Saleh, a formalisé la décision des autorités tchadiennes et du président Mahamat Idriss Déby Itno de renvoyer l’ambassadeur allemand à N’Djamena. Il a ensuite été ordonné de quitter la capitale tchadienne et le pays dans les 48 heures, en citant une attitude décourageante et le mépris du protocole diplomatique. Le 11 avril, l’Allemagne a réagi à la même décision en renvoyant la représentante du Tchad à Berlin, Mariam Ali Moussa.
Jan Christian Gordon Kricke est accusé par les autorités tchadiennes d’avoir prononcé une série de discours privés dans lesquels il a décrit le Tchad comme divisé entre musulmans et chrétiens, le premier gagnant le pouvoir au détriment de ce dernier. Le diplomate allemand a payé un prix élevé pour une déclaration privée faite devant certains diplomates européens. En réalité, la présence de cet ambassadeur depuis son arrivée en 2021 a irrité les autorités tchadiennes en raison de son discours franchi et de ses touches sur un sujet sensible.
Les élections sont un sujet tabou.
Quand il s’agit d’organiser des élections en Afrique, la communauté internationale peut s’habituer à une variété de réactions. Ce thème est souvent associé à un certain nombre d’implications nationales ou internationales. L’expulsion de l’ambassadeur allemand est directement liée à ses déclarations sur la tenue d’élections au Tchad. M. Kricke était préoccupé par les retards dans la tenue d’élections pour rétablir la démocratie à la suite d’un coup d’État militaire cette année-là. Il a également critiqué le manque de transparence dans les enquêtes sur les manifestations de l’opposition de 2022. Selon Human Rights Watch, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants dans plusieurs villes du Tchad, dont la capitale, le 20 octobre, faisant au moins 50 morts et des dizaines de blessés. Malgré ce poing de fer, les deux pays maintiennent des canaux diplomatiques par l’intermédiaire de leurs responsables de mission.
La possibilité d’une désescalade diplomatique n’est pas exclue car le Tchad est un allié important des États-Unis et de l’UE dans la lutte contre l’extrémisme dans la région. Le pays est également considéré comme un tampon pour empêcher les troubles dans son voisin du nord, la Libye, de se propager au sud. L’année dernière, le Tchad est devenu le premier pays à parvenir à un accord de restructuration de la dette avec son principal créancier, le conglomérat minier Glencore, dans le cadre conjoint du G20. Cet accord a permis au Fonds monétaire international (FMI) de libérer un paiement de 570 millions de dollars.
On espère que des médiations à tous les niveaux sont déjà en cours pour soulager la tension, ce qui ne servira qu’à élargir le fossé pour la propagande russe dans cette partie de l’Afrique.
©2023 – Eric BANSHONA, LNL NEWS