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Friday, September 27, 2024

DES SANCTIONS RENFORCENT L’AXE BAMAKO-CONAKRY AU MALI DANS LA ZONE CEDEAO ?

La junte guinéenne de Mamadi Doumbouya maintient ses frontières avec le Mali ouvertes sous embargo de la CEDEAO depuis janvier, en solidarité avec Assimi Goïta et l’autorité de transition malienne, et entend s’en servir pour rétablir le corridor entre les deux pays.

La Guinée et le Mali sont les deux poumons d’un même corps: l’expression, qui souligne la proximité géographique des deux pays, vient des règnes de Sékou Touré et de Modibo Keita, mais elle n’a jamais été aussi populaire à Conakry. Même la télévision nationale, RTG , a publié un éditorial évoquant le passé commun des deux pays dans le cadre de l’empire Soundiata Keta Mandinka. Conakry a évoqué l’histoire, ainsi que le présent, au lendemain du 4e Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur le Mali, qui s’est tenu le 9 janvier à Accra, pour défendre son soutien à Bamako, fortement sanctionné. Le gouvernement guinéen a adopté une position différente de celle du reste de la sous-région, qui a accepté de dénoncer l’intention du Mali de prolonger la période de transition de six mois à cinq ans.

Les fermetures de frontières, les gels d’avoir et les suspensions commerciales sont autant d’exemples de sanctions exceptionnelles. Mamadi Doumbouya, qui a fait campagne sur la promesse de faire l’amour avec la Guinée, peut également viser à gagner les coeurs avec son non-convention position finale. De plus en plus de voix dans l’opinion guinéenne, ainsi que dans le reste de la sous-région, dénoncent la décision de la CEDEAO et applaudissent le bras de fer d’Assimi Goïta. La liste effective des membres du Comité du Rassemblement national pour le développement (CNRD), première instance de la transition prévue par la charte entrée en vigueur le 28 septembre, n’a toujours pas été dévoilée plus de quatre mois après le coup d’État de Mamadi Doumbouya le 5 septembre. On sait seulement qu’il est composé de membres des forces de défense et de sécurité. Ousmane Doumbouya aurait rencontré le président de transition lors de ses voyages à travers l’Europe avant de s’installer en France et de rejoindre la Légion étrangère. Ousmane Doumbouya a rencontré le chef des Forces spéciales alors qu’il travaillait comme agent local chargé des services généraux à l’ambassade de Guinée à Londres. Il a été embauché dans les années 2010 et a occupé le poste pendant plusieurs années.

Le 5 septembre 2021, un homme d’affaires proche de la direction du CNRD rentre à Conakry. Alors que à Conakry, le 10 janvier 2022 le Comité du Rassemblement National pour le Développement (CNRD) tient une conférence de presse martiale et solennelle, comme il est de coutume. Lorsque le lieutenant-colonel Aminata Diallo proclame que la Guinée gardera ouverte sa frontière avec le Mali, trente-cinq militaires bérets ou casquettes sur la tête forment une ligne serrée derrière lui. Depuis le renversement d’Alpha Condé en septembre dernier, le CNRD, dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, a joué la carte de la solidarité avec son voisin, malgré l’embargo imposé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour sanctionner la proposition des colonels maliens pour prolonger la transition. En conséquence, seule la Guinée a maintenu ouverte sa frontière avec le Mali, tandis que les treize autres pays de la CEDEAO ont fermé la leur. C’était couru d’avance. L’histoire lie les deux pays. Elle remonte au temps des empires. Et personne n’oublie que pendant la crise d’Ebola, le Mali était le seul pays à ne pas avoir scellé sa frontière avec la Guinée, explique l’ancien Premier ministre guinéen Kabiné Komara.


Mamadi Doumbouya, à Conakry, comprend que la CEDEAO va bientôt faire pression sur lui pour accélérer la transition et le passage du pouvoir aux civils, et que se couper de l’assistance n’est pas dans son intérêt supérieur. Bamako est une ville du Mali. Avec l’arrivée d’une délégation gouvernementale malienne à Conakry le 17 janvier, des contacts ont été noués une seule fois pour permettre le passage des marchandises et des personnes. Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, a déclaré : Notre objectif est d’élever nos relations à un niveau de partenariat stratégique permanent. Afin de poursuivre les échanges, Amara Camara, secrétaire général de la présidence guinéenne, se rend à Bamako pour rencontrer Assimi Goïta, le président de la transition malienne, en marge des obsèques de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keta.

A savoir, Le syndicat dénonce l’opacité des circonstances d’attribution du contrat et a appelé à un débrayage. La Guinée a signé le 10 août un contrat de 25 ans avec la société turque Albayrak pour la gestion du secteur “traditionnel” du port autonome de Conakry, qui traite des marchandises non conteneurisées. La société turque s’est engagée à investir 200 millions de dollars (173 millions d’euros) sur deux ans et 500 millions de dollars sur le long terme en échange de cet arrangement conclu d’un commun accord avec le gouvernement guinéen. Les dockers ont été indignés par l’annonce et se sont rassemblés le 13 août à la porte de l’installation, alors que la sécurité du port avait été renforcée. Le lendemain, les manifestants ont marché jusqu’à la Bourse du travail, siège de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), pour entendre le compte rendu d’une réunion à ce sujet entre les délégués syndicaux et le président Recep Tayyip Erdoan et Alpha Condé, ce dernier ayant assisté à son investiture le 8 juillet. Suite au putsch manqué de juillet 2016, les écoles « Citadelle » de l’opposant Fettullah Gülen, qui vit en exil aux États-Unis, ont été fermées à Conakry et remplacées par des écoles « turques- écoles maarif guinéennes.

Le groupe Bolloré, qui a terminé deuxième de l’appel d’offres 2008, gère le port de fret de Conakry. Les salariés de Getma/Necotrans (actuellement en liquidation judiciaire), qui avait obtenu la concession du terminal à conteneurs du port de Conakry trois ans plus tôt, ont manifesté en mars 2011, trois mois après que la première élection d’Alpha Condé eut été évincée par l’armée en tant que résultat d’une directive présidentielle au nom de la productivité portuaire et des intérêts commerciaux guinéens, comme l’expliquait en mai Jeune Afrique. De 2011 à 2016, Sory Camara a occupé le poste de directeur général adjoint du port. Enfin, la Compagnie des bauxites de Kindia (CBK), filiale de la société russe Rusal dans le pays, gère le terminal minéralier, troisième entité du port autonome de Conakry. La nouvelle alliance guinéo-malienne trouve sa première application plus de trois mois plus tard, dans les limites du port de Conakry. La société turque Albayrak, qui a obtenu la licence de terminal vraquier via sa filiale Alport en 2018, a réservé un espace pour les véhicules maliens. Le développement du corridor entre les deux nations était un projet que nous avions déjà avant les sanctions, explique Egavit Ercan, responsable du protocole et de la communication d’Alport.

Début 2020, nous étions également présents au salon de Bamako pour rencontrer des exportateurs et des importateurs. Cela avait mis du temps à venir, et cela s’est finalement réalisé après une longue lutte. L’accord a été signé entre le gouvernement guinéen et les sociétés minières WCS (Winning Consortium Simandou) et Rio Tinto dans la nuit du 25 au 26 mars et a été immédiatement annoncé par la télévision publique guinéenne RTG. Il a établi les conditions d’investissement et de construction d’infrastructures pour le projet minier de Simandou. Les autorités militaires de transition, commandées par Mamadi Doumbouya, suivent l’évolution de l’initiative d’exploitation de la plus grande mine de fer du continent au plus près de l’administration déchue d’Alpha Condé. Mamadi Doumbouya, mécontent de la lenteur des négociations, a ordonné l’arrêt de toutes les opérations sur le terrain le 10 mars. Un coup de pression a abouti à la signature de l’accord moins de deux semaines plus tard. La plupart avaient décliné l’invitation en raison de délais d’attente trop longs. Le PDG d’Alport pense que l’embargo de la CEDEAO transformerait la situation à Conakry, où seulement 5 à 7 % des importations vont au Mali, 65 % passent par Dakar, et le reste passe par Abidjan, Lomé ou Tema. Nous ne capturons que 400 000 tonnes sur 6 à 7 millions de tonnes, explique Egavit Ercan.

Des milliers de camions cotonniers Alport s’appuie également sur le travail accompli ces dernières années pour persuader commerçants et industriels de choisir Conakry comme porte d’entrée au Mali. Depuis que les quais sont éclairés, le port est ouvert 24 heures sur 24, et le temps d’arrivée des bateaux a été divisé par deux. 40 000 tonnes de blé, par exemple, peuvent être déchargées en treize jours, précise Egavit Ercan. Nous avions prévu de construire un corridor entre les deux pays avant l’imposition des sanctions. Nous avons reçu le signal à Bamako. Les entrepôts maliens du port de Conakry, rattachés au ministère malien des Transports, cherchent à s’agrandir. Leurs responsables se sont rendus à Abidjan pour effectuer des recherches sur le stockage du coton, et la Société malienne pour le développement du textile (CMDT), qui supervise l’ensemble du secteur textile du pays, a mené de nombreuses missions pour s’assurer que les installations de la capitale guinéenne seraient en mesure de gérer leurs exportations.

Au Mali, la production de coton devrait atteindre de nouveaux sommets, mais le sourire de Mahamadou Konaté évoque davantage la joie du travail bien fait que la perspective d’un avenir radieux. L’agriculteur s’inquiète des conséquences de l’embargo des voisins du Mali. Comme si l’industrie, déjà secouée par un scandale politique et financier, éclatée par des luttes de pouvoir et impactée par la baisse des prix de la pandémie, en avait besoin. Seuls 2 % du coton produit sont transformés ici. Comment allons-nous vendre notre coton à l’extérieur s’ils nous sanctionnent ? Les présidents des fédérations ont prédit que la production serait à un niveau record. La barre a été fixée à 280 francs le kilo (0,42 euro) pour cette saison, ce qui est du jamais vu. Les producteurs de coton ont afflué dans les champs en masse. Les présidents des fédérations prévoient une production record de 820 000 tonnes, contre 147 000 l’année précédente. Qu’en est-il du prix de l’année prochaine si le stock n’est pas épuisé ? Avant la fermeture des frontières, seul un tiers de la production annuelle était exporté. Pour aggraver les choses, la profession est dressée contre le gouvernement, qui a nommé un administrateur non professionnel pour diriger la confédération. Ni le ministère du Développement rural ni la CMDT n’ont répondu aux demandes d’informations. Les nombreux enfants qui récoltent le coton dans la ferme de Mahamadou Konaté sont payés une misère, 15 francs le kilo.

Le propriétaire peut s’attendre à un bénéfice annuel de plusieurs millions de francs. Nous fixons le prix du coton en fonction du marché mondial, mais qu’allons-nous faire si nous ne l’amenons pas sur ce marché ? s’interroge Mahamadou Konaté. Le coton nécessite des hangars bien ventilés qui doivent répondre à des exigences strictes en matière d’incendie, explique Mohamed Sidibé, transitaire et président de l’Association des Maliens de l’étranger en Guinée depuis 2016. En avril, un convoi de 1 200 camions transportant 30 000 tonnes de coton arrivera. 70% du coton malien pourrait un jour transiter par Conakry, estime Mohamed Sidibé, qui se réjouit également de voir son pays reconquérir le titre de premier producteur africain d’or blanc (au coude à coude avec le Bénin) avec une récolte de 760 000 tonnes pour la campagne 2021. Nous sommes plus méfiants de la part de Bolloré, le concessionnaire du terminal à conteneurs par lequel le coton devra transiter. Tout le monde en parle, répond notre interlocuteur, mais nous n’avons pas encore vu la première cargaison. Conakry, à une journée de route de Bamako, accueillera pour la première fois un bureau des douanes maliennes, selon Mohamed Sidibé, enthousiaste. Les interactions entre les acteurs de la chaîne d’approvisionnement font également l’objet de beaucoup d’attention. Pour calmer les interactions entre les différents intervenants, nous avons organisé une série de réunions. Par exemple, en demandant une certaine flexibilité aux consignataires pour éviter que les transporteurs ne paient des amendes pour non-retour des conteneurs à temps, explique un représentant du Port Autonome de Conakry (PAC). Mohamed Sidibé confirme également les négociations avec les transporteurs afin d’harmoniser les prix Bamako-Conakry.

Pour la première fois, un bureau des douanes maliennes sera installé dans le port de Conakry. La réhabilitation de la route, notamment entre Kindia et Mamou, est une autre amélioration attendue. Les travaux ont repris après avoir été quasiment à l’arrêt pendant plusieurs mois. Après le coup d’État, la banque chinoise qui soutient ce projet de 357 millions d’euros a suspendu les paiements et a demandé des éclaircissements à la junte. L’armée a récemment terminé les travaux nécessaires et la société CRBC a été remboursée. La portion entre Kindia et Mamou est très difficile. Bien que Conakry ne soit qu’à 900 kilomètres de Bamako, la route du côté guinéen est tellement terrible que les camionneurs préfèrent passer par Abidjan (1 400 kilomètres) et Dakar (1 700 kilomètres), admet Kabiné Komara. Le partenariat franco-chinois CRBC-Egis est aux prises avec le problème du désenclavement. La route est en train d’être élargie, les virages les plus dangereux ont été aplanis et la majorité des travaux devraient être terminés en juillet, lorsque la saison des pluies commence. L’objectif est de pouvoir rouler à des vitesses de 80 à 100 km/h, mettant Conakry à une journée de trajet de Bamako, contre deux heures aujourd’hui et cinq il y a un an. Un logisticien prévient que si ce projet n’est pas achevé, les articles retourneront à Dakar et Abidjan une fois les sanctions levées. Lorsque la RN1 sera entièrement restaurée, d’autres échanges tels que l’huile de palme, les noix de kola, le bétail et le maïs devraient augmenter entre les deux nations. Nous ne parlons pas ici de coopération, nous parlons d’intégration, précise le transitaire. C’est un vieux projet. Sékou Touré propose à son homologue malien en avril 1968 que leurs deux pays soient fusionnés pour devenir une seule et même nation, un seul et même État. Modibo Keta a répondu que le Mali “recherchait passionnément” l’unité politique envisagée, mais qu’il avait besoin de bases solides. Cet élan est stoppé quelques mois plus tard par le coup de force militaire du lieutenant Moussa Traoré.

© RÉDACTION LEO NJO LEO NEWS

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