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Friday, September 27, 2024

En RCA, Touadéra se précipite dans le feu dévorant sans l’anti-incendie

Le président de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadéra, n’est plus à mesure de prendre à gauche ni à droite sans risquer sa propre mort dans les flammes d’un feu dévorant. En positionnant son pays comme « point central du groupe paramilitaire russe Wagner en Afrique centrale », le chef de l’Etat a de facto mis son pays au cœur d’un conflit avec l’Occident, en particulier les Etats-Unis d’Amérique.

Le désir de servir deux maitres à la fois

Nul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, …

« On ne peut être l’homme de deux causes qui s’opposent, de deux opinions qui se contredisent ». Et c’est là où réside le problème.

Touadéra tente de négocier avec Moscou l’avenir du partenariat entre la RCA et la Russie, tandis qu’il maintient un dossier étrange, celui d’implantation d’une société de sécurité américaine nommée Bancroff à Bangui. Ce qui s’annonce comme un suicide en alimentant une « guerre froide de deux grandes puissances dans son propre pays déchiré par les groupes armés ». Bien que les mercenaires russes soient maintenant sous la supervision plus étroite du GRU et que Vitali Perfilev, leur commandant à Bangui, ait quitté le pays en novembre, leurs missions n’ont pas changé et restent les mêmes.

Certains services de police, tels que l’Office central de répression du banditisme (OCRB), sont de plus en plus touchés par l’influence de Wagner. De nombreuses personnalités centrafricaines ont été perquisitionnées, interpellées et interrogées en raison de cela, dont certaines sont considérées comme des opposants à Faustin-Archange Touadéra et à son allié russe.

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De même, l’idée d’accueillir une base de l’armée russe sur le sol centrafricain est toujours d’actualité. Les discussions n’ont pas cessé depuis mars 2023. Moscou trouve que la RCA, est un lieu stratégique de « l’implantation d’une base militaire de la Russie » depuis que celui prévoyant la construction d’un complexe russe au Soudan voisin y a été mis à mal par la guerre entre les généraux Hemeti et al-Burhane.

En Centrafrique, les Russes sont en train de gagner du terrain. Depuis 2017, les « Russes ont noyauté le pouvoir centrafricain grâce à Wagner ». En raison de leur présence dans les domaines politique et économique, ils sont difficiles à éliminer. Est-ce que Faustin-Archange Touadéra pourrait réellement réduire leur influence ? Il est tombé dans son propre piège.

Choisir entre la Russie et les Américains au risque de perdre sa vie ou son pouvoir

Depuis plusieurs mois, des représentants de « Bancroft Global Development », une société de sécurité privée américaine, multiplient les rencontres avec les autorités et ont eu plusieurs rendez-vous avec le chef de l’État. En Centrafrique, Bancroft vise toujours à offrir « des solutions aux dommages […] causés par les conflits armés ». Selon le ministre-conseiller, en échange, son pays pourrait « présenter les grands projets d’infrastructure, d’agriculture, d’environnement et d’aménagement du territoire de son pays ».

Pendant de nombreuses années, Bancroft a joué un rôle crucial dans la lutte contre les Shebab en Somalie, en travaillant en étroite collaboration avec les agents de la CIA, l’agence de renseignement extérieur des États-Unis, qui formait en secret des agents somaliens. Est-ce que les services de renseignement américains essaient cette fois de progresser gratuitement en Centrafrique ? En octobre, William Burns, le directeur de la CIA, s’est rendu à Yaoundé pour s’entretenir avec de hauts dirigeants du renseignement camerounais, témoignant de l’intérêt grandissant de la CIA pour la région Afrique centrale.

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On peut imaginer que Bancroft est considéré comme une « opportunité pour les Américains en Centrafrique ». L’Amérique prend le risque de tester la volonté de Touadéra de s’éloigner un peu des Russes.

Pascale Jeannin-Perez, une femme d’affaires ancienne des réseaux chiraquiens et sarkozystes en Afrique, fait simultanément son apparition dans le dossier. Elle est bien connue en Afrique centrale, où l’une de ses sociétés, Imperator Resources, est présente, et elle a l’oreille du président centrafricain et connaît Richard Rouget du renseignement français. Elle pourrait également collaborer avec lui et Bancroft grâce à International Services Corporation, une autre de ses sociétés basée en Suisse.

Diversifier les partenariats

Peut-on croire que le président centrafricain a une réelle volonté de diversifier les partenariats ?

Faut-il y voir un jeu de dupes entretenu par le président ?

Laissant filtrer l’idée d’un rapprochement avec l’Occident (France et USA) et d’un éloignement d’avec Moscou, Wagner patiente et observe – au risque d’une confrontation directe avec la coalition occidentale (Bancroff-CIA, Services de renseignement français sous la supervision d’Alexandre Benalla et Imperator Ressources de Pascale Jeannin-Perez).

La présence des Russes et de Wagner à Bangui entrave l’arrivée de la société américaine, car ils la regarderaient négativement. On dirait l’Ukraine en Afrique.

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Selon notre source, Bancroft a d’ores et déjà réduit ses objectifs. Aujourd’hui, elle propose à ses partenaires potentiels centrafricains de travailler à « améliorer leurs capacités de renseignement en utilisant des drones », ainsi qu’à intervenir pour reprendre le « contrôle et favoriser l’exploitation de certains sites miniers en collaboration avec plusieurs entreprises et partenaires spécialisés dans ce domaine, dont Pascale Jeannin-Perez ». Cependant, contrairement à ce qui a été initialement évoqué, il ne s’agit pas de l’envoi de combattants ou de formateurs militaires, plutôt un business économique dans le pays.

Didier Amani SANGARA

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