Surnommé « Tango Four », le général Amisi Kumba Gabriel a occupait durant plusieurs années le poste du Chef d’état-major adjoint chargé des opérations terrestres de l’armée congolaise avant de devenir en 2020 Inspecteur général des FARDC. Cet officier a été pointé du doigt dans plusieurs rapports des organisations internationales de commercialiser illégalement des permis d’exploitation forestière en République démocratique du Congo.
L’empire forestier de la famille Tango Four
Selon l’ONG britannique Global Witness, le général Tango four s’est servi de son influence pour commercialiser illégalement ces permis d’exploitation. Proche de l’ancien président Joseph Kabila, cet officier de l’armée congolaise est sous les sanctions depuis 2016 des États-Unis et de l’Union Européenne pour atteintes aux droits humains. Ces sanctions l’ont toutefois conduit à prendre du large avec ses affaires dans la filière du bois.
Il a été accusé aussi par l’organisation des Nations unies (ONU) et d’autres organisations d’avoir participé à plusieurs exploitations minières illégales et au commerce d’armes. Malgré l’achat des permis d’exploitation de la famille Amisi à travers son acquisition de la société Maniema Union détenue par son épouse et ses enfants, Tango four continue de tirer les ficelles et tous les profits possibles.
Transfert de façade
Des enquêtes de terrain menées et rendues publiques par des ONG, dont Global witness, la famille Amisi est très réputée dans le transfert de titres d’exploitation mais continue à en jouir. Sept des titres forestiers détenus par sa société Maniema Union ont été revendus en 2019 à des entités figurant dans le viseur de l’audit et possédée par des ressortissants chinois : cinq à Congo King Baisheng Forestry Development (Cokibafode, 792 000 ha), dirigé par Xu Mingfu, et deux à Congo Sunflower (598 000 ha), piloté par Yao Fanqin et Lu Yunying. A travers son acquisition de la société Maniema Union, Lei Hua Zhang a acheté les permis d’Amisi mais plusieurs documents consultés par le Britannique montrent que l’épouse d’Amisi a continué de gérer les concessions de Maniema Union plusieurs mois après avoir cédé ses parts dans la société.
A l’issue d’un audit effectué en RDC, l’absence des industries forestières a aussi été évoquée. Dans la province de la Tshuapa, l’Industrie forestière du Congo (IFCO), anciennement appelée Trans-M, puis Cotrefor, cette société dirigée selon plusieurs sources par le libanais Ahmed Tajeddine est une société de plus de 800 salariés, qui n’est pas à jour de ses taxes de superficie sur une concession de plus de 275 000 hectares.
Opacité dans l’exploitation forestière en RDC
Le pays court le risque d’une exploitation forestière illégale. Des bois en provenance de la RDC vendus illégalement sur le marché mondial, les acheteurs aussi à leur tour ne pouvant plus vérifier de manière indépendante qui sont les propriétaires des concessions d’où proviennent les grumes qu’ils achètent. Il revient alors au gouvernement congolais de tenir mordicus à la mise en place de sa politique et sa démarche pour réorganiser le secteur forestier.
©2023- Paulin AGANZE, LNL News