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Dans un contexte régional marqué par des transitions souvent tumultueuses, le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, se distingue par une approche diplomatique apaisée. Lors de sa première participation à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2024, il a présenté une feuille de route visant à rétablir l’ordre constitutionnel et à assurer une transition inclusive au Gabon. À travers un marathon diplomatique, il cherche à convaincre la communauté internationale de la bonne gestion de cette phase délicate.

Des engagements rassurants devant l’ONU
Le 26 septembre 2024, à la tribune de l’ONU, Oligui Nguema a énoncé les principales étapes franchies par le Gabon depuis le coup d’État du 30 août 2023. Parmi les avancées notables, il a souligné la mise en place d’institutions transitoires, la libération des prisonniers d’opinion, et la tenue d’un dialogue national inclusif. Il a également promis l’organisation prochaine d’un référendum, la révision du fichier électoral et l’adoption d’un nouveau code électoral, autant de mesures destinées à garantir un retour à l’ordre constitutionnel. Ce discours a été perçu comme rassurant par de nombreux diplomates, en particulier par rapport aux approches plus virulentes adoptées par d’autres juntes africaines, comme celles du Mali.

La Constitution, une étape décisive
Au cœur du processus de transition se trouve l’adoption d’une nouvelle Constitution, étape jugée cruciale pour rétablir la démocratie au Gabon. Le projet, finalisé en septembre 2024, est le fruit de plusieurs mois de consultation à travers un dialogue national inclusif. Les parlementaires de la transition, réunis en assemblée constituante, ont adopté le texte avec une large majorité. Ce dernier propose un régime présidentiel sans Premier ministre, et impose des conditions strictes pour l’éligibilité à la présidence, telles que l’obligation pour tout candidat d’être né de parents gabonais. L’organisation d’un référendum sur cette nouvelle loi fondamentale est prévue d’ici la fin de l’année.

Oligui face à la communauté internationale
Dans son discours, Oligui Nguema a insisté sur la nécessité de maintenir des relations harmonieuses avec les partenaires internationaux du Gabon. Il a remercié les pays amis et les bailleurs de fonds pour leur soutien tout en affichant la volonté de collaborer étroitement avec ces acteurs durant la transition. Cette approche a tranché avec celle du Mali, dont les représentants ont tenu un discours beaucoup plus acerbe envers certains pays, notamment l’Algérie et l’Ukraine, accusés de soutenir le terrorisme. Le contraste entre ces deux styles diplomatiques n’a pas échappé aux observateurs.

Les enjeux économiques
Oligui Nguema ne se contente pas de soigner son image politique. Il s’est également employé à renforcer les liens économiques du Gabon avec ses partenaires étrangers, notamment la France et les États-Unis. En mai 2024, il avait déjà été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron, lors d’une visite consacrée à la consolidation des relations bilatérales. Durant son séjour, plusieurs accords avaient été signés, notamment dans les secteurs des infrastructures et de l’environnement. La France et le Gabon avaient alors conclu des protocoles d’une valeur de plus d’un milliard d’euros, incluant la réhabilitation de la ligne ferroviaire Transgabonais et la décharge de Mindoubé à Libreville.

Le soutien des États-Unis
Sur le plan international, Oligui Nguema a également entrepris de renouer les relations avec les États-Unis, pays qui avait suspendu certaines aides après le coup d’État. En juillet 2024, à Libreville, il a accueilli le secrétaire d’État adjoint américain, Kurt Campbell, pour discuter du retour à la démocratie et de la réintégration du Gabon dans l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un dispositif facilitant l’accès au marché américain pour les exportations africaines. Oligui Nguema s’est vu officiellement invité à Washington pour poursuivre ces discussions. Cette rencontre marque une volonté claire de rétablir des liens diplomatiques constructifs avec les grandes puissances occidentales, à la différence de certains autres régimes africains qui se sont tournés vers la Russie.

Le sommet de la Francophonie
En parallèle de ses efforts auprès des États-Unis, Oligui Nguema participe également à des événements diplomatiques en Europe. Il est attendu au sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en France, les 4 et 5 octobre 2024. Ce sommet représente une nouvelle opportunité pour le président de la transition gabonaise de conforter la communauté internationale sur les progrès réalisés par son pays. Sa présence à cet événement renforce encore sa stature sur la scène internationale, malgré les critiques visant son accession au pouvoir par la force.

Des défis à venir
De retour à Libreville, Brice Clotaire Oligui Nguema devra faire face à des défis de taille. L’un des plus importants est l’organisation du référendum constitutionnel, étape décisive avant l’élection présidentielle prévue en août 2025. Bien qu’il ne se soit pas encore déclaré officiellement candidat, ses récentes tournées à travers les neuf provinces du Gabon laissent peu de doute sur ses intentions politiques. Le président de la transition espère légitimer son pouvoir en troquant définitivement son statut de “putschiste” pour celui de président élu.

En conclusion, le marathon diplomatique entamé par Oligui Nguema vise à rassurer tant les partenaires africains qu’internationaux sur la bonne conduite de la transition gabonaise. Le soutien qu’il reçoit de la France et des États-Unis témoigne de la volonté de ces puissances de maintenir des relations stables avec le Gabon, à condition que le processus de démocratisation progresse de manière tangible. Les prochains mois seront décisifs pour Oligui Nguema, qui devra passer des promesses aux actes afin de garantir un retour à la normale dans son pays.

Odon Bulamba

© 2024 – ADR

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