Le président ghanéen Nana Akufo-Addo réélu en 2020 fait actuellement face à une intense manifestation populaire contre sa législature. Face à une inflation galopante, les manifestants scandent des messages hostiles contre lui, comme c’était le cas en 1995 et exigent sa démission à la magistrature suprême du pays. La célèbre phrase en Akan « Kume Preko » (« Tu ferais aussi bien de me tuer ») réapparaît encore sur les pancartes des manifestants.
Un faux pas commis depuis son investiture en 2017
Aussitôt élu lors de la première législature, Nana Akufo-Addo lors de son discours inaugural le 07 janvier 2017 commet sa première erreur. Celle de prononcer textuellement les mots contenus dans le discours de l’ancien président américain George W. Bush prononcés lors de sa propre élection, en 2001.
« Je vous demande d’être des citoyens, des citoyens et pas des spectateurs, des citoyens et pas des sujets, des citoyens responsables construisant des communautés de service et une nation de tempérament ». Il ne s’était pas arrêté par-là, cet avocat de carrière et polyglotte a aussi fait le plagiat du discours de Bill Clinton, un autre président américain qu’il a piqué une phrase sans pour avoir le citer. Sa cellule de communication n’a pas hésité de présenter les excuses de la présidence pour ce désagrément, chose qui par la suite avait encore alimente les débats sur la toile.
Il lui est également reproché d’avoir nommé les membres de son premier cercle à des postes importants, comme son cousin Ken Ofori-Atta, parvenu à la tête du ministère des Finances en 2017, ou son proche Mahamudu Bawumia, vice-président.
Très radicale, l’opposition l’accuse aussi de tremper dans la corruption, pourtant lui-même dit en faire son cheval de batailles.
Un Président très critiqué
Considéré comme omniprésent, Nana Akufo-Addo garde un œil sur tout. « C’est un président à qui tout remonte », explique une connaissance. Très attaché à la loyauté de ses collaborateurs. Il a réussi à faire les yeux doux au président français Emmanuel Macron lors de son séjour remarqué à Accra. Apprécié par ses homologues étrangers avec lesquels il entretient une étroite collaboration, Nana est par ailleurs critiquée par sa population ainsi qu’avec certains dirigeants de l’Afrique de l’ouest. Il est jusque-là à couteaux tirés avec le chef de la junte au Mali. De leurs côtés, les mouvements associatifs et ceux de la société ainsi que l’opposition tentent à tout prix à empêcher le chef de l’état à briguer un troisième mandat qui serait inconstitutionnel.
« Nana doit partir »
C’est l’un des slogans qui refait encore surface au Ghana après la réélection de Nana Akufo-Addo. Les mouvements citoyens, de la société civile et l’opposition fustigent le fait que le chef de l’état n’a pas été à mesure de juguler la crise économique causée par l’inflation.
Initiée à la politique depuis son jeune âge, Nana Akofu-Addo rêvait d’un Ghana sans aide internationale et sans aucun prêt des institutions de Breton Woods dont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Un rêve qui a été réalisé en 2019, où le pays a atteint 6,5 %. Mais la situation économique s’est progressivement détériorée, jusqu’à faire du Ghana l’un des pays les plus endettés du continent.
Malheureusement, une fois réélu en 2022, le président a été contraint de solliciter les dettes auprès de ces institutions tout en appelant ses compatriotes à plus de patience.
Depuis novembre 2022, les manifestations ont repris pour demander au président de stabiliser dans l’urgence la situation économique devenue précaire au pays.
©2023 – Paulin AGANZE, LNL News