Malgré avoir été président pendant plus de onze, Alpha Condé envisage de revenir au pouvoir pour réaliser son plan pour la Guinée.
Le patriotisme coloré par la boulimie politique
Pendant que les Français luttent contre la législation sur les retraites en souhaitant se retirer tôt, les dirigeants africains poussent à une carrière sans retraite. À l’âge de 85 ans, Alpha Condé revient dans son ancienne vie en tant qu’adversaire en exil, luttant contre les gouvernements de Sékou Touré (1958-1984) et Lansana Conté (1984-2008).
D’Istanbul, l’ancien président fantasme de retrouver le pouvoir que le colonel Mamadi Doumbouya lui a brutalement enlevée le 5 septembre 2021, alors qu’il commençait un troisième mandat controversé. Alpha Condé s’accroche au concept que le leadership actuel de la Guinée est venu au pouvoir illégalement, alors ce coup d’État sert de justification pour son ambition de revenir au pouvoir.
Deux ans après le coup d’État du 5 septembre 2021, l’ancien président déchu de la Guinée et le chef de la junte gardent leurs points de fer à la baie. Mamadi Doumbouya regarde Alpha Condé, comme s’il était encore terrifié par le potentiel de nuisance de l’ancien président. Alpha Condé se sent en sécurité à Ankara, de sorte qu’il puisse continuer à ravager l’administration guinéenne actuelle. Contrairement à Abu Dhabi, Ankara n’est pas disposée à se conformer aux directives de Conakry.
Le gouvernement de Doumbouya a une liste de crimes pour lesquels Alpha Condé ne restera pas impuni une fois arrivé en Guinée, y compris le droit de réserve. Le président destitué, selon les putschistes, n’aura pas à parler de politique, ce qu’Alpha Condé ne croit pas. Cette obligation de garder le silence n’est pas limitée seulement à Alpha Condé. La junte a demandé aux anciens dignitaires d’éviter de prendre contact avec les médias. Alpha Condé s’est récemment adressé à ses militants de l’Assemblée populaire guinéenne (RPG) via une vidéo en direct d’Istanbul, appelant à ce que l’armée soit forcée à sortir et à récupérer l’autorité.
Alpha Condé et alliés contre Doumbouya.
D’autres critiquent un mariage contre nature dans lequel les nombreux partis ne partagent pas les mêmes objectifs. Alpha Condé veut récupérer son pouvoir perdue ; Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré cherchent un dialogue inclusif pour rétablir rapidement l’ordre constitutionnel ; et le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) réclame la libération de ses dirigeants emprisonnés. Sans oublier que lorsque Condé était au pouvoir, ces personnages étaient mêlés à un conflit civil brutal marqué par des protestations violentes et des répressions. Alors que Moussa Dadis Camara et sa junte étaient au pouvoir entre 2008 et 2010, les élites politiques et les organisations de la société civile se sont unies pour les opposer, créant le Forum des Forces vivantes nationales le 9 février 2009.
Quatorze ans plus tard, Alpha Condé fait partie de ceux qui poussent à la formation d’un front similaire contre le Comité national de l’Assemblée pour le développement (CNRD), la Junte du colonel Doumbouya. Un affrontement entre le leadership du coup d’État et Alpha Condé est désormais attendu dans un pays qui le soutient énormément. Ankara ne dissimule pas son soutien inébranlable à Alpha Condé, de sorte que l’armée en contrôle semble être en désaccord avec le pouvoir de ligne dure d’Erdogan.
©2023 – Eric KUIKENDE, LNL NEWS