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Friday, September 27, 2024

La colonisation britannique : entre risques et périls du Royaume Uni 

 

Le royaume uni se veut aujourd’hui conscient des menaces contre son influence sur l’échiquier mondial. Elle affute ses armes pour renverser la vapeur, mais sa démarche sera longue et périlleuse, quand on sait qu’elle subit le contrepoids de son triste passé colonial.

« Un vaste mouvement social secoue le secteur public britannique au moment où le pays connaît une importante inflation, venue se greffer aux tensions créées par douze années d’austérité ».

Le Royaume uni à l’ère postélisbeth, peine à s’affirmer et croupit sous la pesanteur de son passé colonial. L’orgueil perçu comme une « estime de soi » qui l’a caractérisé après la deuxième guerre mondiale, est aujourd’hui sous les secousses d’une nouvelle pensée d’une part, et de la résurrection de son triste passé de l’autre.

Tout ce qu’il faut alors aujourd’hui, c’est découdre contre vents et marrées, pour redéfinir et projeter une Angleterre qui gagne. Sinon, c’est descente irréversible aux enfers d’un pays qui a gouté depuis des siècles, une « sirupeuse sauce de gloire ».

Qui, pour mener la barque ?

Charles III est l’un de ceux qui depuis le Samedi 6 mai, auront sur leurs épaules, la lourde charge de « réinventer le Royaume uni » et d’autres royaumes du Commonwealth. La tâche ne lui sera pas du tout facile quand on se sait qu’il doit aussi faire face au défi d’émanciper le royaume après sa sortie il y a quelques mois de l’Union européenne. L’autre défi, c’est la problématique de la gestion des migrants qui ne cessent d’affluer le royaume, fouillant le manque d’emploi, la crise climatique et la faim dans leurs pays respectifs. Le couronnement de Charles III à l’abbaye de Westminster fait de lui, lequarantième souverainà recevoir l’onction dans cette église depuis 1066.

Le poids du passé

Le Royaume uni a colonisé la plupart de pays du monde, nulle ne l’ignore. Mais ce qui inquiète aujourd’hui, c’est la résurrection de la mélancolie engendrée dans les Etats concernés par le Royaume uni. L’an 2021, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a réveillé une vieille histoire, dans laquelle l’on retrouve la main du royaume : l’épineuse question des pensionnats. Justin Trudeauqualifie d’un « génocide culturel », ce qu’a commis le pays, « qui a placé de force, de 1831 aux années 1990, environ 150 000 enfants autochtones dans des pensionnats, où 6 000 d’entre eux ont perdu la vie ». Une histoire qui certainement pèse lourd sur la patrie de Boris Jonson. Mais fouiner dans le passé du système colonial anglais, est analysé par l’historien Robert Tombs comme une affaire inopportune.

Le royaume uni ne veut pas se faire vaincre ou se faire influencer négativement par son passé colonial. Il veut voir et se comporter autrement. Et son ancien premier ministre Boris Jonson déclarait en 2020, alors qu’il était encore au 10 Downing Street, qu’il fallait en finir avec « notre gêne embarrassante à propos de notre histoire ».

Pourtant, ce passé est lourd, qu’il n’a cessé de basculer l’aiguille de la balance du mauvais côté pour le Brexit. « L’attention se concentre aujourd’hui sur l’esclavage. Près de 12,5 millions d’Africains ont été enlevés pour servir d’esclaves en Amérique, un quart d’entre eux ont fait la traversée sur des navires britanniques, d’après la Trans-Atlantic Slave Trade Datbase (plus de 1,3 million de captifs ont été embarqués sur des bateaux sous pavillon français). L’Empire a toutefois aboli (progressivement) l’esclavage en 1833, soit quinze ans avant la France » écrit un chercheur.

Laisser le passé au passé

C’est l’idéal ! Mais il doit être toléré. Tolérant parce qu’il ne doit prendre que le bon côté de l’histoire. Oui ! Car rien ne sert à oublier et transiger du coup sur l’ancienne histoire de l’Angleterre qui remportait la deuxième guerre mondiale et qui a besoin de continuer tête haute en guerrier. Voilà même pourquoi Jonson estime qu’il faut « sarcler » les valeurs qui ont fait de son pays une prestigieuse puissance militaire et technologique.

Il continue de demeurer l’un de ceux qui défendent l’hymne impérial Rule, Britannia ! « Qui continue d’être chanté en clôture des Proms, une série de concerts londoniens, l’une des manifestations culturelles les plus importantes de l’été dans la capitale britannique ». Cette chanson qui remonte au XVIIIe siècle, présente les Britanniques « comme un peuple choisi parmi les nations qui ne se laissera pas réduire en esclavage et à qui, donc, il revient de conquérir le monde grâce à sa maîtrise de la mer ».

Mais attention ! La redéfinition du royaume doit se construire sur l’oubli de l’empire et du passé colonial, comme c’est aussi le vœu de Paul Gilroy qui regrette de voir « stagner l’Angleterre à force de rater certaines occasions ». Contrairement aux nombreux anglais dans la foulée, Gilroy estime que remporter la guerre mondiale a aussi eu un impact négatif sur la vie de l’Angleterre. « Nous avons eu le malheur de remporter la guerre », se désole-t-il. Et comme une certaine opinion le fait prévaloir : « le deuil de l’Empire n’a jamais été fait ». La victoire héroïque de 1945 poursuit la même opinion, « a empêché l’examen de conscience nécessaire pour permettre à la nation de se réinventer et d’embrasser la diversité culturelle qui la caractérise désormais. Au moment des indépendances, dans les années 1950, l’histoire de l’Empire a été refoulée, les violences coloniales oubliées ».

Les analyses de Paul Gilroy ne tarissent pas : « L’Angleterre est aux prises avec une grave pathologie parce que son identité se confond avec celle de la Grande-Bretagne, un pays qui a été formé après l’acte d’Union avec l’Ecosse en 1707, au moment où l’Empire prend forme. Les institutions de l’Etat britannique ont donc été pensées pour l’administrer.Si nous n’avions pas remporté la guerre en 1945, nous aurions été contraints de faire face à notre passé, d’adapter cet Etat à la modernité. Mais la victoire a fait croire qu’en dépit de la perte de l’Empire le prestige national demeurait intact, qu’il n’y avait rien à changer »,explique Paul Gilroy.

Et à ces égards, il y a nécessité restaurer histoire du royaume. Une idée que soutient le professeur d’histoire et de géographie à l’université du Sussex, auteur de Deny & Disavow, le professeur Alan Lester. Cet intellectuel s’accroche contre un rapport de 2020, portant sur « les liens entre ses différentes propriétés, châteaux et manoirs, et l’esclavage qui avait mis le feu aux poudres ». Le professeur est plutôt d’avis que l’intention de Restore Trust l’intitulé dudit rapport, « est clairement d’amener le National Trust à ne plus parler de colonialisme, de l’esclavage ». Il faut ainsi, selon l’esprit dudit document, « mettre le passé impérial à distance dans les guerres culturelles ».

La nouvelle donne qui se dessine sous le format de la “nouvelle histoire impériale”, « a commencé à faire bouger les choses dans les années 1980-1990. Elle avait cependant ses limites » commente Alan Lester. La donne a encore pris de l’essor avec les remous engendrés dans l’opinion par la mort de George Floyd aux Etats unis, évènement qui a fait émerger l’impact du mouvement Black Lives Matter, né aux Etats-Unis juste après sa mort.

Question des migrants, le dilemme dans les murs de Londres

Faut-il faire avec ou laisser l’histoire du passé se répéter ? La pression des migrants qui déferlent sur l’Angleterre, est une tentation qu’elle n’aura pas facile à vaincre. Pourtant, le pays doit prêcher par ses actes et non sombrer tous les temps dans les théories qui le souvent trahissent ses engagements. Le chercheur Sathnam Sanghera estime très rapidement que « l’oubli decette figure de l’immigration, tout comme des violences de l’Empire, atteste, de la difficulté de son pays à accepter la diversité qui le caractérise ». Et sans complaisance, il tacle ses dirigeants : « Le discours dominant perpétue l’idée que les personnes à peau noire ou brune sont des étrangers, arrivés par infraction, qui abusent de l’hospitalité britannique. Le premier ministre n’est pas Blanc et plusieurs membres du gouvernement aussi, je m’en réjouis. Mais persiste au sein de ce gouvernement, la conviction que le racisme n’existe pas dans notre pays. » Se prononce-t-il en des termes les plus crus.

Mais cet avis est loin d’être celui de Nigel Biggar qui est d’ailleurs d’accord avec le projet d’envoyer les demandeurs d’asile vers le Rwanda, une démarche plus controversée y compris par le haut-commissariat pour les réfugiés HCR, qui rappelle que « ce projet de loi ne respecte pas la Convention relative au statut des réfugiés ».

Par ailleurs, dans le Rule Nostalgia, l’historienne Hannah Rose Woods est désolée que cette difficulté à confronter l’histoire vient peut-être « du fait que l’Empire était en soi une entreprise nostalgique, cherchant sans cesse à ressusciter la grandeur de la nation ». L’historienne ne cache pas ses positions vis-à-vis de son pays pour lequel elle vante les mérites. « Déjà au XVIe siècle, coloniser l’Amérique est pour la Couronne l’occasion de restaurer la puissance impériale, de reconquérir une gloire passée ». La même idée est de John Dee, un proche conseiller d’Elizabeth Ire entre 1533-1603).

« Ainsi, l’ancienne métropole impériale organise ses défenses pour préserver une uniformité perdue il y a longtemps », certes, mais elle doit être conséquence sur un chemin aussi délicat que périlleux.

©2023, John TSONGO, LNL News

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