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Friday, October 18, 2024

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La junte de Doumbouya fragilisée par les divisions internes


Résumé
En Guinée, Mamadi Doumbouya, chef de la junte militaire au pouvoir, navigue dans une mer de tensions politiques et militaires. Malgré ses réformes visant à renforcer les forces spéciales, des événements récents ont souligné la fragilité de sa position, tant au sein de l’armée que sur le plan politique. Des rivalités ethniques et la défiance de certains secteurs de l’armée pourraient mettre en péril l’équilibre délicat qu’il tente de maintenir à l’approche des élections présidentielles de 2025.


CONAKRY – Les rues de Conakry, habituellement grouillantes de vie, se sont figées le 26 septembre, lorsque des coups de feu ont éclaté à proximité du palais présidentiel. Une dizaine d’hommes armés ont pris pour cible des officiers des forces spéciales, forçant les garnisons locales à intervenir rapidement. Les soldats se sont précipités pour contrôler la situation, fouillant méthodiquement les habitations environnantes. En un clin d’œil, la capitale guinéenne a sombré dans la panique, provoquant un exode précipité des travailleurs, des commerçants et des fonctionnaires. Conakry, cette ville souvent habituée aux tumultes, vivait une nouvelle crise qui laissait ses habitants dans la confusion.

Un incident qui cache des tensions plus profondes
Les autorités guinéennes, conscientes de l’ampleur des rumeurs qui enflaient déjà, ont rapidement publié un démenti, qualifiant les événements de « fausses rumeurs ». Pourtant, cet épisode s’ajoute à une série de tensions croissantes au sein du régime de transition, dirigé par Mamadi Doumbouya, l’ancien commandant des forces spéciales qui a pris le pouvoir en septembre 2021. Les événements de ce jour rappelaient un autre moment de frénésie : en novembre 2023, l’évasion spectaculaire de l’ancien président de la transition, Moussa Dadis Camara, et de ses co-accusés avait jeté une ombre sur le régime. Si la plupart des évadés ont été rapidement capturés, un homme manque encore à l’appel : Claude Pivi, un ancien ministre de la sécurité présidentielle, dont la fuite avait ravivé les craintes d’une complicité au sein des forces de sécurité.

Réformes militaires et méfiance croissante
Dès son arrivée au pouvoir, Doumbouya a pris des mesures pour réorganiser l’armée, renforçant en particulier les forces spéciales, sa base militaire de prédilection. Mais ces réformes, tout en consolidant sa position, ont provoqué des tensions croissantes avec d’autres unités de l’armée. En mai 2023, le général Sadiba Koulibaly, ancien chef d’état-major des armées et proche collaborateur de Doumbouya, a été limogé avant d’être envoyé à Cuba. Quelques mois plus tard, il est revenu à Conakry, accusé de désertion, et a été condamné à cinq ans de prison. Sa mort en détention en juin 2024, officiellement causée par un « arrêt cardiaque », a soulevé des questions sans réponse. Les échos de cette mort résonnent encore dans les couloirs du pouvoir, amplifiant un sentiment de méfiance qui semble s’enraciner profondément au sein de l’appareil militaire.

Loyauté des forces spéciales et divisions ethniques
Pour Doumbouya, la loyauté des forces spéciales, qu’il a personnellement formées et chéries, est primordiale. Depuis son ascension au pouvoir, ces hommes en uniforme constituent son principal bouclier, une troupe qu’il dirige comme une extension de lui-même. Mais au-delà de cette unité d’élite, le climat est plus trouble. Lors des célébrations de l’indépendance du 2 octobre, l’armée de Terre a défilé sans armes, tandis que les forces spéciales, mieux équipées et visiblement favorisées, paradaient avec du matériel militaire flambant neuf. Cette démonstration de force a accentué les tensions, suscitant des frustrations chez les autres corps militaires, qui se sentent marginalisés.

Les divisions ne sont pas seulement militaires. L’équilibre ethnique de l’armée, essentiel en Guinée, est également en jeu. Depuis sa prise de pouvoir, Doumbouya a nommé plusieurs officiers originaires de Haute-Guinée, sa région d’origine, à des postes clés. Cette politique de favoritisme a provoqué des tensions, notamment avec les militaires issus de la Guinée forestière, où l’influence de figures telles que Moussa Dadis Camara et Claude Pivi reste forte, malgré leur condamnation pour leur rôle dans le massacre du 28 septembre 2009.

Le pari risqué du référendum constitutionnel
Sur le plan politique, Doumbouya mise sur un référendum constitutionnel prévu avant la fin de l’année pour consolider son pouvoir avant les élections présidentielles de 2025. Début septembre, une délégation a parcouru la Guinée forestière pour annoncer la candidature de Doumbouya à la présidence, une déclaration qui n’a pas manqué de susciter des réactions. À Beyla, une ville historiquement influente, les émissaires du président ont trouvé les portes fermées, les notables ayant refusé de recevoir leurs traditionnelles colas, un geste symbolique lourd de sens dans la culture locale. Cette défiance montre que le chemin vers une candidature réussie est semé d’embûches.

Une transition incertaine et des fractures internes
Alors que les tensions ethniques et militaires se multiplient, l’avenir de la Guinée reste incertain. Le processus de transition, promis par Doumbouya, semble de plus en plus compliqué à réaliser, avec des retards dans l’organisation du référendum constitutionnel. Les divisions internes au sein de l’armée, accentuées par l’évasion de Claude Pivi et les réformes militaires controversées, pèsent lourdement sur le moral des troupes. Dans ce contexte, le régime de Doumbouya s’appuie de plus en plus sur la loyauté d’une seule unité : les forces spéciales. Mais cette loyauté, aussi solide qu’elle puisse paraître, pourrait se révéler insuffisante à mesure que la pression monte.

© Odon Bulamba / LNL News

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