Pourquoi d’un coup, la visite de l’ambassadeur russe Alexev Sentebov à Goma, a été suivi de la visite de l’ambassadeur américain Mike Hummer où il a échangé avec quelques leaders locaux dans le Sud-Kivu et visité les organisations financées par les USA ? Que peut-on s’attendre de ces deux visites du même moment à un intervalle de cinq jours dans l’Est de la RDC, deux diplomates de deux grandes puissances ennemis et qui s’affrontent en Ukraine ? Que peut-on tiré de cette visite d’un diplomate russe dans une province au bord de l’éclatement des enjeux pétroliers et géopolitiques ?
Didier Amani SAngara dans cette analyse proposée par Leo Njo Leo News, essaie de répondre à ces trois questions pour apporter la lumière sur un conflit majeur qui s’observe entre les États-Unis et la Russie.
Soutien Russe dans la lutte contre les ADF à l’Est du pays
En visite à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu du 22 au 24 février 2022, l’Ambassadeur de la Fédération de la Russie, Alexev Sentebov après avoir échangé avec le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima Kongba ; l’ambassadeur russe a affirmé que son pays soutient la RD Congo dans la lutte contre l’activisme des terroristes ADF, actifs dans l’Est du pays.
« Nous sommes toujours aux cotés des Congolais et nous vous soutenons », a déclaré ce diplomate russe. « On travaille étroitement avec le ministère de la défense pour accompagner les combats contre les groupes armés (…). Le but principal de mon arrivée ici à Goma, est de m’informer de ce qui se passe dans la province, de rencontrer le gouverneur militaire, les responsables de la province du Nord-Kivu et j’ai eu des pourparlers avec les députés nationaux de cette province qui m’ont parlé de la situation dans leurs territoires », renchérit l’ambassadeur russe accrédité à Kinshasa.
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L’intérêt américain au Congo
Certes, l’Afrique ne compte pas parmi les priorités politiques américaines, les échanges avec le continent ne représentent que 1% du commerce extérieur américain, dont la quasi-totalité se fait avec l’Afrique du Sud et les pays pétroliers (Angola, Gabon et le Nigéria).
Répétons-le : Les ressources du Congo, qu’elles soient potentielles ou déjà en exploitation illicite, se trouvent au cœur de l’enjeu. La guerre américaine au Congo et en Afrique Centrale depuis les années 1990 avec une seule variable qui fait toute différence : les opérations de conquête sont désormais confiées à des sous-traitants Congolais ou Africains. Et l’intérêt américain pour le Congo n’est pas récent. Adam Hochschild rappelait que déjà Léopold II avait associé les Etats-Unis à son entreprise, s’assurant les services d’un lobbyiste chargé de convaincre l’opinion américaine des objectifs humanitaires de la conquête du Congo. La politique de mainmise sur les matières premières congolaises censées assurer la primauté des Etats-Unis en matière d’armement nucléaire ainsi que la défense des autres intérêts économiques américains (diamant, uranium, coltan, etc.) face aux Allemands d’abord et ensuite à la Russie.
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Les enjeux du pouvoir
Pour que la Russie maintient son statut de grande puissance militaire mondiale, elle a besoin des ressources minières pour son armement nucléaire redoutable et pour son économie. Surtout, elle a besoin de l’Uranium longtemps exploité par les USA, le pétrole et le Niobium à l’Est de la RDC. Je suis sûr que la Russie souhaiterait assurer la sécurité des intérêts chinois en RDC contre les intérêts des Américains. Et sur ce front avec l’Occident, Moscou souhaiterait encore prendre le devant de la scène et reconquérir la domination des Occidentaux au Congo Kinshasa. En matière d’aide au développement, Kremlin peut compter sur son allié incontournable la Chine, afin d’atteindre ses objectifs et obtenir des affaires commerciales.
Ceci nous rappelle la déclaration du vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Bagdanov à sa sortie du palais présidentiel, dans des propos traduits en français sur la Chaîne d’Etat RTNC en 2018.
« Nous sommes très proches en ce qui concerne la sauvegarde de la souveraineté de chaque pays et surtout contre l’ingérence d’un pays dans les affaires d’un autre ».
« Nous avons réitéré le slogan que nous employons en Afrique : tout problème d’Afrique doit avoir une solution africaine. Tous problème Congolais doit avoir une solution congolaise ».
© Didier Amani SANGARA, LEO NJO LEO NEWS
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