Face à une main tendue du Maroc à la Tanzanie, le pays dirigé par Samia Suluhu Hassan qui est penché vers le Sahara occidental a du mal à accepter l’offre du royaume chérifien.
Le Maroc multiplie les offres de partenariat à la Tanzanie dans plusieurs domaines pour le soutirer de République arabe sahraouie démocratique (RASD). Ces deux pays ont une histoire depuis plusieurs années malgré que le Maroc conteste la souveraineté du Sahara.
Rabat veut un changement des doctrines diplomatiques
Le Maroc déploie des efforts de diplomatie pour se faire apprécier du gouvernement tanzanien dont la présidente, Samia Suluhu Hassan, s’illustre, depuis son arrivée au pouvoir en 2021, par une approche pro-business inédite. Des propositions de partenariat dans de nombreux domaines, voilà ce qui constitue la main tenue du Maroc à la Tanzanie qui héberge déjà une ambassade sahraouie à Dar es-Salaam et a appelé fin 2021 à reconnaître « le droit inaliénable du peuple sahraoui dans sa lutte pour l’autodétermination ». Mais en multipliant les projets de coopération, Rabat espère obtenir un changement de doctrine diplomatique qui existe entre les deux pays. Traditionnellement, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), parti au pouvoir à Dododma, reconnaît la République arabe sahraouie démocratique (RASD), qui conteste la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental.
La rivalité Algérie-Maroc s’accentue
Proche du Sahara occidental et rival au Maroc, l’Algérie tente de contenir l’influence de Rabat en Tanzanie. Alger et Dodoma ont une coopération bilatérale étroite que celle que Dodoma possède avec Rabat. Il n’y a pas longtemps, en début de l’année 2023, Ramtane Lamamra, ministre algérien des affaires étrangères avait rencontré son homologue tanzanien Stergomena Tax. Ces deux diplômantes ont, à l’issue du sommet de chefs d’Etat de l’Union africaine (UA), discuter sur le commerce bilatéral entre le pays qui semble être réduit à moins de 5 millions de dollars de volume d’affaires depuis 2021.
L’Algérie propose d’ailleurs de renforcer la Tanzanie dans le domaine militaire, raison pour laquelle le général Jacob John Mkunda, chef d’Éta-major de l’armée tanzanienne s’est rendu à Alger pour une visite de travail de cinq jours en novembre 2022, où il a été reçu par son homologue Said Chengriha.
Samia Suhulu séduite
Très intéressée par les investissements agricoles pour conquérir les électeurs ruraux en vue des élections présidentielles de 2025 où elle compte se représenter, Samia Suhulu s’est laissée séduire par la « création d’une usine d’engrais en Tanzanie » avec le concours de l’Office chérifien des phosphates (OCP), dont l’actionnaire majoritaire est l’Etat marocain. Des questions de religion intéressent aussi la présidente de la Tanzanie.
En avril dernier durant le mois de Ramadan, le mufti de Tanzanie, Aboubakr Zoubeir Mbwana, principal dignitaire musulman dans le pays, était l’invité d’honneur du roi Mohammed VI durant les traditionnelles causeries religieuses. En 2016, le monarque marocain Mohamed VI avait fait construire une mosquée à son nom à Dar es-Salaam. L’année dernière en 2022, la fondation portant son nom avait organisé en présence du premier ministre tanzanien, Kassim Majaliwa, un concours de récitations coraniques.
Le Kenya aussi dans les viseurs du Maroc
Dirigé par William Ruto, le Kenya est aussi tombé sous le charme du Maroc. Au lendemain de sa prestation de serment, Ruto a reçu la visite officielle du ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita. La question de la reconnaissance de la souveraineté du Sahara occidental qui continue à poser problème était l’un des premiers mots lors de son allocution à laquelle il n’a pas tardé de « revenir pour ne pas s’attirer de la foudre marocaine ».
©2023- Paulin AGANZE, LNL News