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Friday, September 27, 2024

L’AFRIQUE VICTIME DE SON PROPRES SUCCES

L’Afrique est souvent dépeinte comme un continent de contrastes, riche en ressources naturelles et en culture, mais aussi confronté à de nombreuses difficultés socio-économiques et environnementales. L’Afrique reste « en proie à la pauvreté, à l’instabilité politique et aux conflits armés » malgré les initiatives internationales de développement et d’aide.

Historiquement dépendant du commerce avec les anciennes puissances coloniales européennes et, dans une moindre mesure, les États-Unis, le commerce du continent avec des pays « émergents » tels que la Chine, l’Inde et la Russie a explosé au cours des deux dernières décennies.

Si elle était contrainte de choisir entre un bloc États-Unis-UE et un bloc Chine-Russie, l’Afrique perdrait l’accès aux « principaux marchés d’exportation » et connaîtrait « des prix à l’importation plus élevés », selon le FMI. Après dix ans, le PIB réel de ce pays d’Afrique subsaharienne moyenne devrait chuter de 4 % de façon permanente. Selon le FMI, les perturbations des flux de capitaux et du transfert de technologie pourraient encore « aggraver la situation ».

L’Afrique risque également de perdre 10 milliards de dollars d’investissements directs étrangers et d’aides gouvernementales, et les « tensions géopolitiques croissantes » pourraient « entraver davantage » l’allégement de la dette alors que les créanciers chinois et occidentaux ont du mal à « s’entendre » sur qui devrait bénéficier de l’allégement de la dette.

Concurrence géopolitique  

L’Afrique est un « terrain de jeu pour la concurrence géopolitique » entre les grandes puissances mondiales. Les États-Unis, la Chine, l’Union européenne et d’autres acteurs internationaux cherchent à établir des relations économiques et politiques avec les pays africains pour « satisfaire leurs propres intérêts ». Cette concurrence géopolitique a souvent des conséquences négatives pour les pays africains, qui peuvent devenir des « pions » dans des « jeux de pouvoir internationaux » et sont souvent perçu comme « un obstacle au développement de l’Afrique ».

Le « découplage stratégique »

Dans le cas où les États-Unis et l’Union européenne rompraient leurs liens avec la Russie, le soi-disant « découplage stratégique », l’Afrique pourrait continuer à commercer avec qui elle veut. Le PIB du continent pourrait même connaître une augmentation modeste, en particulier de la part des exportateurs d’énergie. Le FMI recommande à l’Afrique de se préparer au « pire » en renforçant « l’intégration régionale », notamment par le biais de la « Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) », en approfondissant les marchés financiers intérieurs et en renforçant la mobilisation des recettes intérieures afin de réduire la proportion des recettes fiscales liées aux produits de base.

Pour la partie nord-ouest de l’Afrique, « l’unité des pays sahélo-maghrébins » est « une priorité » afin de tirer parti de l’ensemble avec une « vision partagée » et réussir à contenir l’influence de toute grande puissance. Les gouvernements africains doivent collaborer pour « promouvoir l’intégration régionale et l’ouverture des frontières afin de faciliter le commerce et l’investissement internationaux ». Les communautés économiques régionales, telles que la CEDEAO, l’Union du Maghreb arabe et la Communauté de l’Afrique de l’Est, peuvent jouer un rôle crucial. « L’intégration régionale sauverait les économies du continent si le fossé entre Washington et Pékin devait être entièrement résolu ». Ensemble, les Africains peuvent contribuer à un avenir meilleur pour l’Afrique et le monde.

Mondialisation et adaptation de l’Afrique

L’Afrique doit s’acclimater à la « mondialisation » afin d’en récolter le maximum de bénéfices. Les gouvernements africains doivent mettre en œuvre des « politiques économiques et sociales efficaces » pour aider leurs populations à « s’adapter à un monde de plus en plus interconnecté ». « Les entreprises africaines doivent également s’adapter à la concurrence internationale et rechercher des partenariats stratégiques pour accéder à de nouveaux marchés. » La prospérité des secteurs économiques de l’Afrique, tels que « l’agriculture, l’industrie et les services sociales », est cruciale pour le développement du continent.

L’Afrique subsaharienne est devenue plus vulnérable aux perturbations mondiales en raison de son intégration économique accrue. « Avec de nombreux pays fortement dépendants des importations de nourriture, d’énergie et d’engrais, la région a connu et connaît l’une des pires crises du coût de la vie depuis des décennies, lorsque les prix mondiaux des produits de base ont grimpé en flèche en 2022, à la suite du conflit en Ukraine et en plus des effets de la pandémie de COVID-19. »

Le Fonds monétaire international (FMI) estime que les institutions multilatérales ont un rôle à jouer dans la lutte contre la fragmentation accrue : « Elles peuvent faciliter le dialogue en promouvant les avantages de l’intégration mondiale, en soulignant les coûts des pratiques protectionnistes et en encourageant la coopération multilatérale dans des domaines d’intérêt commun, tels que la sécurité alimentaire, changement climatique et règlement de la dette ».

Pas de retour de voyage dans le temps

« Les Africains ne souhaitent pas le retour d’une division entre un bloc de l’Est et un bloc de l’Ouest ».

Les dirigeants africains ont clairement fait savoir qu’ils n’accepteraient pas que leur comportement soit dicté. Mzé Abdou Mohamed Chanfiou, le ministre des Finances des Comores, explique que son pays aspire à une « Afrique ouverte, une Afrique qui ne veut pas être considérée comme un continent pris dans un étau » entre les États-Unis et la Chine. « Les décisions mondiales – pas seulement économiques mais aussi politiques – qui touchent à nos priorités, telles que le changement climatique ou la dette, devraient faire entendre la voix de l’Afrique », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avec les ministres africains des Finances le 15 avril au FMI.

Et la sauvegarde des frontières de l’Afrique est un « défi complexe » qui nécessite une « approche à plusieurs niveaux, interdisciplinaire et coordonnée ». Les pays africains ont et/ou auront besoin de l’aide de la communauté internationale [des grandes puissances militaires] pour « renforcer la sécurité des frontières ». Pour aider les États africains à renforcer leurs capacités en matière de sécurité, des « partenariats et des programmes de soutien peuvent être établis ».

© 2023 – Didier Amani SANGARA, LNL News

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