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Friday, September 27, 2024

L’Allemagne en face de ses crimes coloniaux en Afrique

La guerre menée en Afrique par les troupes européens (Belgique, France, Espagne, Portugal, Allemagne, Royaume Uni, Italie, …) a un passé douloureux qui nécessite une « réparation ». Celle-ci a donné lieu à des « actes démesurés de violence, des massacres et de barbarie », au point d’être qualifiés de « génocide conduit systématiquement et intentionnellement ».

Pédagogie, audace et exhaustivité, série d’expositions et de conférences sur la mémoire coloniale, une première pour les puissances coloniales. En juillet 2015, le gouvernement allemand avait en effet décidé de qualifier de « crimes de guerre et de génocide » les massacres commis par son armée dans l’actuelle Namibie, qui ont couté la vie à « 65 000 Herero et à 10 000 Nama ». Les peuples qui avaient résisté aux troupes coloniales allemandes ont été exterminés en 1904 et 1908.

L’actuelle Namibie, dénommée à l’époque « sud-ouest africain », a été une colonie allemande de 1884 à 1915, lorsque en 1904, les Hereros et les Namas résistèrent aux troupes coloniales, le général Lothar von Trotha donna l’ordre de les exterminer. Repoussées dans le désert, sans eau et sans nourriture, environ 80 000 personnes moururent en quelques semaines. Les quelques milliers qui survécurent furent par la suite condamnées aux travaux forcés dans six camps où la plupart périrent.

Il était difficile à Frank-Walter Steinmeier, ministre des affaires étrangères, de ne pas reconnaître ce « génocide ».

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L’empire colonial allemand, plus petit que ceux des Français ou des Britanniques, s’étendait sur plusieurs pays africains, dont le Rwanda, la Tanzanie, le Burundi, la Namibie et le Cameroun. Il a cessé d’exister après la première guerre mondiale 1914-1918.

Au cours des deux dernières décennies, l’Allemagne a entamé un travail de « mémoire sur son passé colonial », qui l’a conduit à procéder à des restitutions : il a notamment rendu des ossements de membres des tribus Herero et Nama en Namibie, où il a reconnu en mai 2021 avoir commis un « génocide ».

 « Pardon »

Mercredi 1er novembre, lors d’une visite à Songea, lieu du massacre de Maji-Maji au début du XXe siècle, le chef de l’État allemand, Frank-Walter Steinmeier, a demandé « pardon » pour les exactions commises par les forces coloniales de son pays en Tanzanie.

« Je m’incline devant les victimes de la domination coloniale allemande. Et en tant que président allemand, je voudrais demander pardon pour ce que les Allemands ont fait subir ici à vos ancêtres », a-t-il déclaré.

Selon les historiens, entre 1905 et 1907, après un soulèvement des Maji-Maji, les troupes coloniales allemandes ont massacré entre 200 000 et 300 000 de ces derniers. Le président allemand a mentionné le sort du chef Songea Mbano, un leader de la rébellion à l’époque, qui avait été pendu et décapité par les Allemands avec 66 de ses combattants. « Quiconque en Allemagne en sait plus sur l’histoire coloniale allemande doit être horrifié par l’ampleur de la cruauté » avec laquelle le pays a agi, a-t-il poursuivi.

« J’ai honte ! J’ai honte de ce que les soldats coloniaux allemands ont fait subir à vos ancêtres », a-t-il dit devant les descendants du chef Songea, selon le texte de son discours. La visite du chef d’État allemand en Tanzanie, qui est considérée comme une fonction honorifique en Allemagne mais qui joue un rôle de garant moral du pays, coïncide avec celle du roi Charles III au Kenya, qui n’a pas demandé pardon pour les actes de violence odieux et injustifiables commis à l’encontre de Kényans de la « Rébellion Mau-Mau ».

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A partir de 1952, les Kikuyus, les instigateurs de la révolte Mau Mau ont été réprimé dans le sang : au moins 12 000 victimes côté Kenyan, moins d’une quarantaine (32 soldats) côté anglais. Certains historiens avancent un chiffre très élevé allant de 50 000 morts chez les insurgés. « Et pour cela, il ne peut pas y avoir d’excuses », a affirmé Charles III dans un discours prononcé mardi soir. « Rien de tout cela ne peut changer le passé, mais en abordant notre histoire avec honnêteté et ouverture, nous pouvons peut-être démontrer la force de notre amitié aujourd’hui et, ce faisant, nous pouvons, je l’espère, continuer à construire un lien toujours plus étroit pour les années à venir », a-t-il ajouté, sans formuler de demande de pardon.

Initiative de réconciliation

« Nous (…) devons faire face à cette histoire afin de pouvoir construire ensemble un avenir meilleur, a déclaré Frank-Walter Steinmeier. C’est aussi pour cela que je suis venu ici à Songea : pour emporter ces histoires avec moi en Allemagne, afin que davantage de personnes dans mon pays en prennent connaissance. Ce qui s’est passé ici est notre histoire partagée – l’histoire de vos ancêtres et l’histoire de nos ancêtres en Allemagne. »

En 2004, la ministre allemande chargée du développement, Heidemarie Wieczorek-Zeul, avait participé aux commémorations du soulèvement des Hereros et de sa répression. Elle avait présenté ses excuses et avait parlé de « génocide ».  L’Allemagne y a consacré 31 millions d’euros. Ce programme s’achevait en 2015.

Ce spécialiste juge que la réconciliation doit passer par une « position officielle des deux gouvernements », des ateliers de formation, des programmes d’échanges de jeunes et la mise en place d’une commission d’historiens.

©2023 – Rédaction LNL News

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