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Friday, September 27, 2024

L’Alliance des États du Sahel (AES) : un an après sa création, que retenir ?

L’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est confrontée à la « montée du djihadisme » au Sahel. La récente attaque à Bamako illustre l’expansion des groupes terroristes, principalement affiliés à Al-Qaïda, et met en évidence l’incapacité croissante de ces États à stabiliser leurs territoires. En parallèle, les services de renseignement, notamment français, peinent à maintenir une influence significative, face à la montée en puissance de ces groupes et à la complexité géopolitique de la région. Cette attaque confirme l’extension de la menace terroriste dans l’ensemble du Sahel, un défi croissant pour les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Échec des stratégies militaires

L’AES a été formée pour renforcer la coopération sécuritaire et militaire entre les trois pays afin de lutter contre les groupes djihadistes et restaurer la stabilité régionale. Cependant, un an après sa création, la recrudescence des attaques terroristes montre les limites de cette alliance. Malgré les discours rassurants de leaders comme le colonel Assimi Goïta et le capitaine Ibrahim Traoré, les « résultats sur le terrain sont mitigés ». Les groupes djihadistes continuent de gagner du terrain, en particulier dans les zones reculées, et même des attaques spectaculaires ont touché les capitales comme Bamako. Le manque de coordination militaire, les ressources limitées et les tensions internes au sein des forces armées de ces États affaiblissent l’efficacité des « opérations anti-terroristes ».

Facteurs internes

1. Légitimation du pouvoir : Ces régimes militaires sont accaparés par des efforts pour consolider leur autorité à travers des « réformes constitutionnelles », ce qui réduit l’attention portée à la menace djihadiste. Leur priorité immédiate semble être la « stabilisation interne et la prolongation de leur pouvoir, au détriment des stratégies militaires coordonnées contre les groupes armés ».

2. Faible cohésion militaire : La gestion des conflits avec les groupes séparatistes Touaregs, surtout au Mali, montre une fragmentation au sein même de l’appareil sécuritaire de ces pays. La dépendance vis-à-vis des puissances étrangères pour des solutions, sans une stratégie nationale claire, limite leur efficacité.

3. Intervention étrangère limitée : Le soutien militaire et logistique, notamment de la France, a perdu de son efficacité, en raison des tensions géopolitiques entre les gouvernements locaux et les puissances occidentales. Ces tensions affaiblissent la coopération nécessaire pour freiner la progression des djihadistes et sont utilisées pour appuyer les groupes terroristes en vue de rester dans la zone ou survire.

Enracinement des groupes djihadistes

La multiplication des attaques illustre un « enracinement profond » des groupes djihadistes comme le GSIM au Mali, mais aussi dans les régions frontalières du Burkina Faso et du Niger. Ces groupes profitent de la « faiblesse de l’État » pour imposer une forme de « gouvernance jihadiste » dans certaines régions, offrant des services alternatifs aux populations abandonnées par les autorités centrales. Face à l’échec des méthodes militaires traditionnelles, il devient clair qu’une « nouvelle approche » est nécessaire. Les stratégies actuelles, basées sur la force militaire, ne suffisent pas à neutraliser la menace djihadiste.

Il faut s’appuyer sur les forces locales, notamment religieuses, et renforcer les capacités de défense autonomes tout en recentrant les efforts sur la sécurité nationale avant les réformes politiques :

1. Recentrage sur la sécurité nationale : Prioriser la lutte antiterroriste avant toute « réforme politique ». En stabilisant d’abord le pays sur le plan sécuritaire, les réformes auront de meilleures chances de réussir à long terme ;

2. Consolidation du pouvoir local : En plus de renforcer les autorités locales, il est crucial d’impliquer les chefs religieux tels que les imams et Sheikhs. Leur influence au sein des communautés peut contribuer à modérer les tensions, offrir des canaux de négociation, et légitimer les autorités face à des groupes djihadistes ;

3. Défense territoriale autonome : Favoriser des forces d’autodéfense organisées localement, dotées d’une formation appropriée et d’un soutien logistique gouvernemental. Cela permettra de renforcer la sécurité dans les régions où l’État n’a pas de présence effective ;

4. Collaboration avec des puissances alliées : Plutôt que de diversifier à l’excès les alliances internationales, renforcer la coopération avec les partenaires déjà engagés comme la Russie, tout en veillant à préserver une « indépendance stratégique » pour que ces partenariats restent mutuellement bénéfiques sans aliénation.

L’attaque à Bamako révèle à la fois l’impuissance de l’Alliance des États du Sahel à contenir l’avancée des groupes djihadistes et l’urgence d’une « révision stratégique en matière de lutte contre le terrorisme ». Sans une meilleure coordination régionale et une approche intégrée, le risque terroriste continuera de croître, fragilisant davantage les États du Sahel.

Didier Sangara

LNL News 2024, Tous droits réservés.

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