En marge du Forum de Dakar, l’inspecteur général des armées guinéennes a rencontré Macky Sall, le président du Sénégal. Le chef de la junte lui a délivré un “message d’apaisement”.
Mamadi Doumbouya dépend de la diplomatie régionale
Avant de lancer un appel très précis à Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, le chef de l’Etat bissau-guinéen et actuel président de la CEDEAO, a lancé un ultimatum au président de la transition guinéenne. Umaro Sissoco Embaló a continué après cela. En outre, il a adressé une lettre au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au nom de tous les chefs d’État de la CEDEAO, demandant qu’aucun président ou représentant d’un gouvernement de transition établi à la suite d’un coup d’État puisse parler à la tribune de l’ONU. Embaló se souvient encore des interventions venimeuses des Premiers ministres malien et guinéen le 24 septembre à New York. Il veut empêcher que cela se reproduise après avoir été l’une des cibles des déclarations très dures d’Abdoulaye Maïga et de Bernard Goumou.
Le 26 octobre, au soir suivant la clôture du huitième Forum de Dakar sur la paix et la sécurité, qui réunit des personnels de défense et de sécurité, des experts et des chercheurs, Abdoulaye Keita et le président Macky Sall se sont rencontrés. Morissanda Kouyaté, le ministre des affaires étrangères de la Guinée, et Aboubakar Sidiki Camara, le ministre délégué à la défense, devaient y participer, mais ils se sont retirés peu avant le début de l’événement. La proximité de Macky Sall avec Cellou Dalein Diallo, son adversaire en séjour à Dakar depuis plusieurs mois, et avec le président en exercice de la Cedeao, le bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, aurait irrité la junte. C’est donc le général Abdoulaye Keita qui est finalement parti de Conakry. Il s’est rendu à Dakar avec le consul du Sénégal ainsi que le ministre-conseiller récemment nommé Patrice Camara, chargé d’affaires à l’ambassade de Guinée. En plus d’être présent au Forum, l’ancien premier ministre et actuel consultant international Kabiné Komara a servi de modérateur du panel. Le général Keita a d’abord demandé un entretien au ministre sénégalais des Affaires étrangères Assata Tall Sall à son arrivée à Dakar, mais il s’est finalement entretenu avec Macky Sall pour lui transmettre un “message d’apaisement”. A travers plusieurs émissaires, le président de la transition guinéenne multiplie les contacts avec le chef de l’Etat ivoirien.
Médiation discrète à la manière de la junte
Le colonel Mamadi Doumbouya s’est envolé pour Bamako le 23 septembre pour participer à la célébration officielle du 62e anniversaire de l’indépendance du Mali. Le président de la transition guinéen a plaidé auprès de son homologue malien, le colonel Assimi Goïta, en marge de cette cérémonie pour la libération des 46 militaires ivoiriens toujours détenus dans la capitale malienne. Les réticences de Goïta, favorable à l’intervention togolaise, ont fait échouer cette médiation. Quelques semaines seulement après le coup d’État, Mamadi Doumbouya, le président du gouvernement de transition de Guinée, l’a nommé inspecteur général des forces armées. Avec certains proches du président et des membres du comité du Rassemblement national pour le développement, il a également été promu général le 1er octobre (CNRD). Il a reçu le surnom de commando Fakhè (“tueur de commando”) pour sa ténacité et est bien connu pour ses prouesses militaires. Depuis 2019, Moussa Dadis Camara est le chef du Bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA), l’unité fondatrice de l’ancien président de la transition. Après le coup d’État de septembre 2021, il sera rapidement démis de ses fonctions de commandant du bataillon et transféré à l’Inspection générale des armées.
© 2022 – Eric Kuikende, LEO NJO LEO NEWS