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Friday, September 27, 2024

Le Mali à la croisée des trois chemins

L’Etat malien vibre aujourd’hui dans une situation d’une triple crise à la demeure… les distensions internes entre les colonels à la tête de la junte, le choc issu d’un départ précipité de la mission des nations unies au pays, et l’incertitude autour de l’avenir des troupes russes du groupe Wagner, … sont autant de problèmes auxquels Assimi Goïta urge de trouver des solutions, sinon, le pire est à venir.

« Si cet épisode fragilise la junte malienne, l’inquiétude des conséquences sur sa coopération avec Moscou et la livraison d’équipements militaires russes ne semble pas, pour l’heure, avoir été interrompue. Bien que divisés et minés par les querelles scissipares, sous pression de l’Occident et dans le viseur de la CPI, les colonels agitent désormais le spectre de nouveaux violents affrontements dans le nord du pays ».

Alors que l’arrivée au pouvoir de la junte avait suscité de l’espoir, aujourd’hui le revers est une évidence ! Le pays qui au départ augurait un décollage progressif suivi d’une deuxième indépendance, semble petit à petit confronté à une extinction irréversible de la flamme de la stabilité…

D’un problème à l’autre, le Mali semble avancer très vite vers une autre situation inédite et si rien n’est fait, le pire est à venir et inévitable !

« L’équation inconnue en mathématique… »

L’Etat Malien se meurt à petits pas. Il est secoué par une crise à trois facettes : d’une part les secousses politiques dus à un « défaut de compréhension mutuelle au sein de la junte », de l’autre, « les tensions diplomatiques conséquences directes de la demande précipitée de la mission de l’ONU (Minusma) du pays », et de l’autre, la « complexité politico-sécuritaire, teintée d’une incertitude de la continuité des relations avec la Russie, partenaire militaire du pays, sous le choc de la rébellion vécu il y a peu entre Vladimir Poutine et Evgueni Prigojine ».

A l’interne, l’on note la dégradation des relations entre les colonels responsables de la junte, avec des incompréhensions inédites, qui pourraient compromettre la gouvernance du pays. Plusieurs sources au Mali notent que « Les fractures se creusent au sein du pouvoir malien, au risque de franchir un nouveau point de bascule ». Cette crise se traduit notamment par des discordances entre le président de la transition, le colonel Assimi Goiita, le colonel Sadio Camara, son ministre de la défense.

Par ailleurs, alors que la Minusma était encore en plein exercice de son mandat, le colonel Sadio Camara alors ministre de la défense, est accusé en collaboration avec ses pairs, d’avoir précipité leur départ. Mais ce retrait « acte l’inévitable fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR), signé en 2015 à Alger », se désole plusieurs observateurs, qui estiment que cela ne restera pas sans conséquences sur l’avenir du pays.

En revanche, même si le départ de la Minusma semble déjà cautionné, l’ONU n’a pas tardé d’y voir des instigateurs. D’une part l’on voit la junte au pouvoir elle-même, de l’autre l’on évoque l’inefficacité diplomatique d’El Ghassim Wane envoyé spécial d’Antonio Guterres et chef de la mission au pays. Antonio Guterres a lui-même reconnu « l’inefficacité des liens discrets » que son émissaire a entretenu avec les colonels maliens « au détriment du mandat de la mission, considérée comme neutralisée sur le plan politique et en péril sur le plan sécuritaire. Il est également depuis plusieurs mois dans le viseur de plusieurs membres du Conseil de sécurité », confie à son tour Africa Intelligence.

Sur le même tracé, l’ONU remet en cause la stratégie politique et militaire de Ghassim, en estimant que cette dernière est « non concertée avec la mission » et qu’en conséquence, elle « a provoqué la mise en danger de la force onusienne, en particulier dans certaines des bases les plus exposées ». Ces incriminations lavent automatiquement la junte de cette affaire, et se présentent comme un aveu d’échec des Nations Unies dans sa mission au Mali. Mais que sera la suite de l’Etat Malien après le départ précoce de la Minusma du pays ?

Les avis semblent divergents à ce sujet. En outre, des commentaires vont dans le sens de jeter de l’opprobre sur la mission, l’accusant de n’avoir plus été depuis un moment, « en mesure d’assurer sa mission de dialogue politique, de protection des civils et d’une forme d’interposition entre les belligérants, les groupes rebelles se préparent à la reprise des hostilités avec Bamako, au risque de déclencher une nouvelle spirale de violence à l’encontre des civils et de permettre à Al-Qaeda au Maghreb islamique, (AQMI), tout comme à son ennemi, l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), de se repositionner ». À ce niveau, le départ de la mission du pays semble légitimé par l’opinion malienne, y compris la voix des citoyens ordinaires.

Par ailleurs, s’agissant de l’avenir des relations entre le Mali et la Russie, des analyses dans le sens du doute, alimenté encore plus par la récente rébellion de Prigojine contre Poutine, quoiqu’alliés de longue date. Coté junte, l’on peine toujours à se prononcer, bien qu’en date du 14 juin, le colonel Assimi Goïta s’était déjà entretenu par téléphone avec le président russe, évoquant les relations bilatérales entre les deux Etats. C’est bien sûr avant que ne survienne l’évènement du samedi 24 juin, qui a semblé réjouir l’occident.

Que faire pour revoir un Mali résilient et invulnérable à toutes ces secousses ? Il y a urgence de se reconstituer à l’interne, recadrer les angles, pour ne pas être éclaboussés par le spectacle d’une nouvelle crise qui ne fera que réjouir les détracteurs du pays et engendrer une autre spirale des violences susceptibles d’embraser toute l’Afrique de l’Ouest.

©2023-John TSONGO, LNL News

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