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Le pétrole russe gagne du terrain en Afrique malgré les risques

© hc magazines

Résumé

Malgré les sanctions imposées par les pays occidentaux, la Russie continue de vendre son pétrole en s’appuyant sur un réseau de vieux pétroliers, souvent enregistrés sous des pavillons africains. Ces navires, surnommés « flottes fantômes », transportent du pétrole vers des marchés internationaux, notamment en Afrique, où les prix compétitifs du brut russe attirent de plus en plus d’acheteurs. Toutefois, cette pratique soulève des préoccupations écologiques et économiques, car elle repose sur un système opaque et parfois non assuré. Dubaï, devenu un centre majeur pour les transactions de pétrole russe, joue un rôle crucial dans ce commerce global.


Moscou – Sous la pression des sanctions internationales, la Russie s’est tournée vers un réseau de pétroliers vieillissants, enregistrés sous des pavillons africains, pour contourner les restrictions occidentales sur ses exportations de pétrole. Ces navires, souvent qualifiés de « flottes fantômes », naviguent sans assurance maritime adéquate, transportant du pétrole vers des marchés mondiaux, notamment en Afrique, où la demande pour du pétrole à prix réduit est en hausse.

Depuis l’entrée en vigueur des sanctions du G7 après l’invasion de l’Ukraine, la Russie a intensifié ses efforts pour continuer à écouler son pétrole. En raison de l’âge avancé de nombreux pétroliers impliqués — plus de 70 % ont plus de 15 ans — ces navires sont exposés à des risques accrus. Cependant, en s’immatriculant sous des pavillons de complaisance, souvent dans des pays africains comme le Gabon et le Liberia, ces pétroliers échappent aux régulations strictes et aux sanctions internationales.

Pavillons africains : une échappatoire bien organisée

Les pavillons de pays africains jouent un rôle essentiel dans cette stratégie. Des registres maritimes dits « ouverts » permettent aux navires d’être immatriculés de manière flexible et à faible coût, offrant une couverture légale à ces « flottes fantômes ». Entre juillet 2023 et août 2024, selon Windward AI, 87 navires russes ont changé de pavillon pour arborer ceux du Gabon ou du Liberia, profitant de la légèreté des régulations en matière de sécurité maritime.

Ces pavillons dits de complaisance permettent non seulement à la Russie d’échapper aux sanctions, mais aussi de réduire les coûts d’exploitation des navires en contournant les normes plus strictes d’autres juridictions. L’absence de contrôles rigoureux sur la traçabilité des cargaisons facilite encore cette pratique, dissimulant l’origine des barils transportés.

Dubaï : un carrefour pour les traders russes

L’un des piliers de cette stratégie repose également sur la participation de traders basés à Dubaï, qui a récemment émergé comme un centre crucial pour les transactions pétrolières russes. Depuis l’été 2022, de nombreux traders, autrefois basés en Europe, se sont installés à Dubaï pour éviter les sanctions imposées par les pays occidentaux.

Selon un rapport de Public Eye, plus de la moitié du pétrole exporté des principaux ports russes, comme Oust-Luga et Novorossiisk, est désormais négociée par des entreprises établies dans la zone franche de Dubai Multi Commodities Centre. Ce réseau de négociants, souvent constitués de petites structures opaques, facilite les transactions en dehors des canaux traditionnels, parfois en contournant les systèmes de paiements internationaux en utilisant des espèces ou même de l’or.

L’Afrique, nouveau marché pour le pétrole russe

L’Afrique est rapidement devenue un marché stratégique pour le pétrole russe. Entre 2022 et 2023, les exportations russes vers le continent ont quadruplé, passant de 100 000 à 400 000 barils par jour, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette augmentation s’explique en grande partie par les réductions de prix proposées par la Russie, parfois jusqu’à 15 % en dessous des prix mondiaux.

Des pays comme la Tunisie, le Sénégal, et le Nigeria bénéficient de cette opportunité. Ces pays, tout en profitant des rabais, ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que les pays du G7 en matière de sanctions. Cependant, ce commerce croissant n’est pas sans risques : les navires vieillissants et non assurés représentent une menace écologique importante, en particulier si un accident majeur se produisait.

Réactions limitées des autorités africaines

Face à cette situation, les réponses des gouvernements africains restent modérées. Le Cameroun, par exemple, a récemment suspendu l’immatriculation de navires impliqués dans la commercialisation du pétrole russe pendant six mois, dans le but de freiner les activités illicites. Yaoundé a également entamé la numérisation de son registre maritime pour améliorer la traçabilité des navires, une mesure visant à apaiser les inquiétudes des régulateurs internationaux.

Cependant, ces efforts isolés semblent insuffisants face à l’ampleur du réseau russe. Les traders russes, aidés par leurs homologues à Dubaï, continuent de prospérer sur le continent africain, tandis que les autorités locales peinent à suivre l’évolution de la situation.

Les traders africains tentent de rivaliser

En parallèle, certains traders africains cherchent à rivaliser avec les géants mondiaux du négoce pétrolier, mais se heurtent à des obstacles de taille. Des maisons de négoce comme Vitol, Glencore et Trafigura dominent toujours le marché africain du pétrole, disposant de lignes de crédit substantielles et d’une influence économique considérable.

Les traders africains, malgré leur expertise, sont souvent confrontés à des taux d’intérêt élevés et à un manque de financement, rendant difficile toute concurrence avec ces mastodontes. Jean-Pierre Favennec, expert en géopolitique de l’énergie, souligne que sans une volonté politique et un soutien financier significatif, il sera difficile pour les traders locaux de rivaliser à grande échelle.

Vers une transition énergétique mondiale

À plus long terme, la transition énergétique mondiale pourrait changer la donne pour le secteur du pétrole en Afrique. Des entreprises comme CMA CGM, qui investissent massivement dans des technologies à faible émission de carbone, redéfinissent le paysage du transport maritime. Alors que l’Organisation maritime internationale (OMI) vise une neutralité carbone d’ici 2050, l’industrie pétrolière pourrait subir une transformation profonde, influençant le commerce du pétrole et la logistique mondiale.

Des navires de nouvelle génération, fonctionnant au gaz naturel liquéfié ou au biométhanol, sont déjà en développement, ce qui pourrait contraindre les pays africains à moderniser leur flotte pour rester compétitifs dans le commerce mondial. Parallèlement, les nouvelles régulations environnementales imposeront des contraintes accrues aux flottes vieillissantes, comme celles utilisées par les navires russes.

© 2024 O Bulamba / LNL News

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