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Friday, September 27, 2024

L’échec des troupes kényanes face au M23 en RDC et la montée des ambitions économiques sous couvert de missions de paix

Les troupes kényanes envoyées en République démocratique du Congo (RDC) en 2023, sous l’emblème de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) pour combattre le groupe armé M23 a soulevé des doutes quant à leur réelle capacité à neutraliser ces forces. En effet, malgré la mission initiale de stabilisation de la région, ces troupes ont échoué à éradiquer le M23, un groupe soutenu par des acteurs régionaux et internationaux puissants. Cet échec est souvent perçu comme une répétition de l’histoire des missions de maintien de la paix en Afrique, où les forces étrangères se retrouvent impliquées dans des dynamiques économiques et géopolitiques plus larges, souvent au détriment des populations locales.

Le modèle rwandais en RCA : de la paix à l’exploitation économique

Un exemple frappant de cette dynamique est la situation en République centrafricaine (RCA), où le Rwanda a utilisé sa participation dans des missions de maintien de la paix comme « tremplin » pour obtenir des accords économiques avantageux, notamment dans le secteur minier. En 2020, les troupes rwandaises sont entrées en RCA sous l’égide des Nations unies pour maintenir la paix dans un contexte de guerre civile prolongée. Cependant, cette mission s’est rapidement transformée en une coopération plus large avec Bangui, menant à « l’octroi de permis miniers à Kigali ». « Ce modèle, où l’implication militaire se traduit en influence économique, soulève des questions sur les véritables intentions des missions de paix dans le monde.

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Une stratégie similaire du Kenya en RDC et Haïti ?

Si l’on compare la situation en RCA avec celle du Kenya en RDC, on pourrait se demander si les Kényans empruntent une voie similaire à celle du Rwanda. Le Kenya, tout comme le Rwanda, pourrait être accusé d’utiliser sa participation dans des missions de paix comme une plateforme pour obtenir des avantages économiques futurs en RDC. Cependant, à ce jour, il n’y a pas de preuve concrète que les troupes kényanes aient reçu des concessions minières ou des accords économiques en RDC à la suite de leur engagement militaire.

En plus de l’implication kényane en RDC, les troupes kenyanes sont récemment intervenues en Haïti dans une mission de maintien de la paix pour rétablir l’ordre dans un pays plongé dans l’anarchie. Si officiellement, cette intervention est motivée par des raisons humanitaires et sécuritaires, certaines inquiétudes émergent quant à une éventuelle transformation de cette mission en coopération économique, comme ce fut le cas avec le Rwanda en RCA. Haïti, bien que moins riche en ressources naturelles que la RDC ou le Mozambique, reste stratégique en termes d’influence régionale et géopolitique, notamment pour les acteurs internationaux impliqués dans sa reconstruction.

La RDC et l’exploitation économique sous couvert de la paix

Historiquement, plusieurs pays contributeurs de troupes en RDC, que ce soit à travers les Nations unies (MONUSCO) ou des forces régionales comme celles de l’EAC, ont été accusés de profiter du chaos pour accéder aux ressources naturelles. La RDC est un pays riche en minéraux stratégiques, et certains pays voisins ont déjà été impliqués dans l’exploitation illégale de ces ressources. Si les troupes kényanes devaient suivre un modèle similaire à celui du Rwanda, il y aurait des inquiétudes légitimes quant à une éventuelle exploitation minière dissimulée sous les missions de maintien de la paix.

L’implication du Kenya dans ces missions de maintien de la paix semble suggérer une tendance croissante où les missions humanitaires ou sécuritaires sont utilisées comme une couverture pour obtenir des avantages économiques à long terme. Le précédent rwandais en RCA, et dans une moindre mesure au Mozambique, sert « d’avertissement ». Ce modèle montre comment des pays peuvent, sous couvert de « stabilisation sécuritaire », obtenir des « concessions minières ou des accords économiques profitables ».

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Entre Paix et intérêts cachés

Que ce soit en RDC ou en Haïti, la présence de forces de maintien de la paix kényanes soulève des questions légitimes sur les véritables motivations de ces interventions. Seulement, il est encore prématuré de conclure que le Kenya ou d’autres pays contributeurs de troupes dans le cadre des missions de maintien de la paix en RDC ou en Haïti suivent un schéma similaire à celui du Rwanda en RCA. Cependant, l’incapacité à neutraliser les groupes armés, notamment en RDC avec le M23, peut s’expliquer non seulement par des défis militaires, mais aussi par des intérêts économiques plus vastes. Si le Rwanda a ouvert la voie en RCA en transformant sa mission de maintien de la paix en coopération économique, le Kenya pourrait bien être en train de suivre une trajectoire similaire, avec des ambitions cachées derrière ses interventions en RDC et ailleurs.

En résumé, la crainte que des missions de maintien de la paix se transforment en une forme de coopération hybride mêlant sécurité et exploitation minière en RDC est réelle. La situation kényane pourrait être surveillée de près pour voir si elle s’inscrit dans cette logique, et si la paix en RDC est véritablement recherchée ou si elle est un prétexte pour des intérêts économiques cachés.

L’avenir dira si ces missions de paix se traduiront en bénéfices économiques, ou si elles serviront réellement à stabiliser les régions en crise. En attendant, la question reste posée : la paix en RDC et en Haïti est-elle vraiment l’objectif principal de ces missions, ou s’agit-il d’une couverture pour l’exploitation des ressources et l’influence géopolitique ?

Didier SANGARA

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