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Friday, October 18, 2024

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Les dirigeants africains sont appelés à se « désolidariser » du contrôle néocolonial

En Afrique, la fin des Présidents africains est tragique. Même chez des présidents qui sont perçus comme des « bons élèves » de l’Occident, la chute brutale reste possible et une fin honorable est souvent illusoire. Le néocolonialisme joue un rôle crucial dans la stabilité (ou l’instabilité) des régimes africains. Être un bon élève des puissances occidentales peut, dans certains cas, prolonger la durée de vie au pouvoir, mais cela n’est jamais une garantie absolue d’une sortie honorable.

L’exemple de Mobutu Sese seko, qui a dirigé le Zaïre pendant plus de trois décennies grâce à son soutien inébranlable aux intérêts occidentaux pendant la guerre froide. Cependant, dès que son régime est devenu un fardeau, il a été abandonné, démontrant que l’alliance avec l’Occident est fragile et conditionnée par ses « intérêts stratégiques ».

De plus, des régimes comme ceux de Paul Kagame ou de Yoweri Museveni en Ouganda illustrent bien que tant que ces dirigeants servent les « intérêts géopolitiques ou économiques des puissances extérieures », ils peuvent conserver le pouvoir. Cependant, cette dépendance à l’Occident les place dans une « position de vulnérabilité ». Dès qu’ils ne sont plus utiles ou que leur présence devient une source d’instabilité pour l’Occident, ils risquent de subir le même sort que leurs prédécesseurs.

Une gouvernance instable issue de la précarité coloniale

Le « système de gouvernance imposé par les colonisateurs » a créé des États fragiles, caractérisés par des frontières artificielles, des divisions ethniques, et un contrôle centralisé du pouvoir. Ces structures n’ont pas été conçues pour favoriser la stabilité à long terme, mais plutôt pour maximiser « l’exploitation des ressources au profit des puissances coloniales ». Après les indépendances, les nouveaux dirigeants africains ont hérité de cette « précarité institutionnelle », ce qui rend leur pouvoir extrêmement vulnérable aux crises internes et externes.

Dans ce contexte, il est difficile pour un président africain de rester au pouvoir sans recourir à des mesures autoritaires pour maintenir l’ordre. Les tensions sociales, ethniques et politiques, exacerbées par les héritages coloniaux, alimentent constamment les risques de coups d’État, d’insurrections, ou d’instabilité généralisée. La fragilité du pouvoir en Afrique ne repose donc pas uniquement sur des questions de mauvaise gouvernance, mais aussi sur des « failles structurelles profondes » héritées du colonialisme.

Par exemple, l’assassinat de Sylvanus Olympio, président du Togo en 1963, marque le premier coup d’État en Afrique postcoloniale, soutenu en partie par des forces extérieures. Ce schéma se répète dans toute l’Afrique, où les « dynamiques néocoloniales » influencent directement la stabilité des régimes. L’instabilité de la Sierra Leone, marquée par l’assassinat de plusieurs de ses présidents, y compris Siaka Stevens, montre également comment les tensions internes et les héritages coloniaux peuvent entraîner une violence incontrôlée. Le régime de Stevens, au pouvoir pendant près de 18 ans, a été marqué par une répression brutale et une corruption endémique, qui ont contribué à l’effondrement du pays et à la guerre civile qui a suivi.

L’exemple du Burundi illustre encore plus cette instabilité structurelle. Après l’assassinat de Melchior Ndadaye, le pays est entré dans un cycle de violence ethnique qui a duré des décennies. Ce chaos a culminé avec l’assassinat de Cyprien Ntaryamira, également président du Burundi, dont l’avion a été abattu en 1994 aux côtés du président rwandais Juvénal Habyarimana, déclenchant le génocide rwandais. Les cas du président du Burundi, Melchior Ndadaye, assassiné en 1993 après seulement quelques mois au pouvoir, ou encore celui de Samuel Kanyon Doe au Liberia, capturé et tué lors de la guerre civile, nous voyons que même les dirigeants qui ne s’opposent pas aux intérêts extérieurs ne sont pas à l’abri de fins tragiques. Ndadaye, bien qu’élu démocratiquement, a été victime de tensions ethniques exacerbées, une conséquence du système colonial belge qui avait favorisé un groupe ethnique sur l’autre. Cela démontre que la « précarité de la gouvernance en Afrique est également le résultat de tensions ethniques et sociales héritées des colons ».

La question de la loyauté envers l’Occident : une épée à double tranchant

L’exemple de Muammar Kadhafi en Libye est révélateur. Pendant de nombreuses années, malgré ses frictions avec l’Occident, il a réussi à maintenir des relations économiques avec les puissances étrangères. Mais dès que ses actions ont déstabilisé la région ou menacé des intérêts stratégiques, il a été renversé, malgré ses tentatives de réconciliation tardive avec l’Occident. Cela montre que même les dirigeants qui s’alignent partiellement sur les intérêts étrangers peuvent être trahis à tout moment.

Même en étant un « bon élève » de l’Occident, les dirigeants africains ne sont jamais à l’abri d’une chute brutale. Le cas du président Kwame Nkrumah du Ghana, assassiné en 1966 lors d’un coup d’État soutenu par les puissances occidentales, est un exemple frappant. Nkrumah, malgré ses aspirations panafricaines et sa volonté d’émanciper l’Afrique des influences étrangères, a été perçu comme une menace pour les intérêts occidentaux, notamment à cause de son opposition au néocolonialisme. Cet exemple montre que même les leaders africains qui adoptent des positions nationalistes et anti-impérialistes peuvent être renversés par des forces extérieures si leurs politiques ne conviennent pas à ces puissances. Cela s’applique également à des présidents plus récents comme Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, dont la fin au pouvoir en 2011 a été précipitée par une intervention militaire étrangère sous le couvert de l’ONU. Des exemples de présidents africains assassinés ou renversés nous montre que la fragilité du pouvoir en Afrique n’est pas seulement due à la mauvaise gouvernance interne, mais aussi aux dynamiques externes liées au « néocolonialisme ». Que ce soit Melchior Ndadaye au Burundi, Kwame Nkrumah au Ghana, ou Thomas Sankara au Burkina Faso, la leçon à retenir est que le pouvoir en Afrique, s’il n’est pas solidement ancré dans un consensus populaire et des institutions fortes, reste extrêmement vulnérable.

La chute brutale des Présidents africains : leçons et perspectives pour une fin honorable

Les récentes chutes de plusieurs chefs d’État africains tels que Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso, Mohamed Bazoum au Niger, Ali Bongo Ondimba au Gabon et Alpha Condé en Guinée, mettent en lumière des dynamiques politiques complexes, qui transcendent les simples péripéties nationales. Ces événements posent des questions cruciales sur la nature du pouvoir, sa légitimité, et surtout la manière dont les présidents peuvent envisager une fin de mandat honorable, sans subir le même sort que ces dirigeants déchus. Que ce soit à la suite de coups d’État militaires ou de mouvements populaires, ces anciens chefs d’État se retrouvent souvent confrontés à des choix restreints : l’exil forcé, l’assignation à résidence, ou la prison.

Les présidents africains doivent tirer une leçon des chutes brutales de leurs homologues : le pouvoir n’est pas une fin en soi. Même ceux qui bénéficient du soutien étranger peuvent être renversés lorsqu’ils ne sont plus utiles. Le véritable défi pour les dirigeants africains est de se « désolidariser du contrôle néocolonial » et de « construire des bases de pouvoir qui reposent sur un consensus national ou régional ». En même temps, ils doivent accepter que la stabilité durable ne peut être atteinte sans une véritable responsabilité vis-à-vis de leurs populations. « Le véritable héritage d’un président est déterminé non par la durée de son règne, mais par la manière dont il aura servi son peuple et assuré une transition pacifique et durable ». Le défi pour les présidents africains actuels est de construire des régimes qui ne soient pas dépendants des « caprices des puissances étrangères » et qui répondent aux aspirations de leurs peuples. Cela nécessite une redéfinition des priorités, loin des modèles autoritaires et néocoloniaux, vers une « gouvernance plus inclusive, responsable, et tournée vers le développement durable et la stabilité régionale ».

La chute brutale des présidents africains souligne un besoin pressant de réformes démocratiques et institutionnelles. La volonté de maintenir le pouvoir à tout prix, au détriment des lois et de la volonté populaire, expose ces leaders à des destins amers. Les dirigeants actuels doivent tirer les leçons de ces événements et favoriser des transitions basées sur le respect de la légitimité populaire, des mandats constitutionnels, et des droits humains. L’Afrique peut éviter des révolutions violentes et des déchéances soudaines en créant des systèmes politiques basés sur des institutions fortes, l’alternance pacifique, et des garanties pour les dirigeants après leur mandat.

Autres exemples des présidents qui ont eu une fin tragique 

Égypte : Anouar el-Sadate (1970-1981), assassiné en 1981 lors d’une parade militaire par des militants islamistes en raison de sa politique de rapprochement avec Israël.

Ouganda : Milton Obote (1966-1971, 1980-1985), renversé deux fois par des coups d’État, il a passé ses dernières années en exil avant de mourir en Zambie en 2005, sans pouvoir retourner au pouvoir. Idi Amin Dada (1971-1979), renversé en 1979 après un règne dictatorial marqué par des violations des droits humains. Il meurt en exil en Arabie saoudite.

Maghreb : Mohamed Boudiaf (Algérie), assassiné en 1992 lors d’un discours officiel après être revenu d’exil pour diriger le pays pendant une période de troubles. Muammar Kadhafi (Libye), renversé et tué en 2011 lors de la guerre civile libyenne après plus de 40 ans de règne.

Soudan : Gaafar Nimeiry (1969-1985), renversé lors d’un soulèvement populaire en 1985, il meurt en 2009 sans pouvoir revenir au pouvoir. Omar el-Béchir* (1989-2019) : Déposé en 2019 après des manifestations massives, il est actuellement emprisonné et accusé de crimes contre l’humanité.

Tchad : Idriss Déby (1990-2021), tué en 2021 lors d’affrontements avec des rebelles alors qu’il se rendait sur le front après avoir gouverné le pays pendant 30 ans.

Somalie : Siad Barre (1969-1991), renversé en 1991, ce qui a conduit à la guerre civile somalienne. Il meurt en exil au Nigeria en 1995.

République démocratique du Congo : Laurent-Désiré Kabila (1997-2001), assassiné en 2001 probablement dans le cadre du non-respect de ses engagements extérieurs.

République centrafricaine (RCA) : Jean-Bedel Bokassa (1966-1979), déposé en 1979 et accusé de nombreuses atrocités, il meurt en exil avant d’être partiellement réhabilité à titre posthume.

Tanzanie : John Magufuli (2015-2021), décédé de manière soudaine en 2021, des spéculations sur les causes de sa mort, possiblement liées à la COVID-19, ont entouré sa disparition.

Ghana : Kwame Nkrumah (1960-1966), renversé en 1966 lors d’un coup d’État alors qu’il était en visite à l’étranger. Il meurt en exil en Guinée.

Ces exemples montrent la diversité des tragédies présidentielles en Afrique, allant des assassinats, coups d’État, morts en exil ou dans des circonstances troubles.

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