Le président rwandais, Paul Kagame, demande conseil à un petit groupe de hauts responsables militaires rwandais avant de prendre des décisions concernant comment gérer la crise avec Kinshasa provoquée par le retour au pouvoir du M23.
Parmi les responsables de l’affaire figurent le général Joseph Nzabamwita, chef des Services nationaux de renseignement et de sécurité (NISS), le colonel Jean-Paul Nyirubutama, chargé du renseignement extérieur, et le général de brigade Vincent Nyakarundi, qui supervise le renseignement militaire.
Si tout le monde reconnaît la situation instable et inflammable, la perspective d’une guerre ouverte est considérée comme hautement improbable. Selon eux, la faiblesse et la désorganisation des Forces armées congolaises (FARDC) constituent la meilleure garantie pour cette prédiction. Néanmoins, la probabilité d’une aggravation de la situation du côté RDC doit être prise en compte, tout comme la définition d’une « ligne rouge » qui, si elle était franchie, rendrait l’État-major congolais plus intéressant.
Vincent Biruta, ministre de la Prudence
En attendant, l’exécutif rwandais s’efforce de contrer l’attaque diplomatique et médiatique menée par le président congolais Félix Tshisekedi et ses associés, qui accusent son voisin d’« agression » depuis le déclenchement de la crise. Le chef du gouvernement rwandais, Paul Kagame, s’appuie sur Vincent Biruta, qui est apparu comme un négociateur clé dans tous les efforts de médiation du pays, qu’ils soient dirigés par l’Angola, le Kenya ou le Qatar.
Le ministre des Affaires étrangères a choisi une stratégie prudente. Ceci est basé sur l’observation d’un climat politique très instable dans la RDC, qui s’explique en partie par l’élection présidentielle qui approche en décembre. En conséquence, la présidence rwandaise adopte une approche prudente afin d’éviter d’être blâmée pour une augmentation des dangers qui semble être loin.
Le général Nzabamwita en première place
Sur le plan sécuritaire, Paul Kagame s’appuie fortement sur son ancien ministre de la Défense et actuel conseiller à la sécurité, ancien Chef d’état-major de l’armée congolaise, le général James Kabarebe, qui a servi sous Laurent-Désiré Kabila (1997-2001). Au début de la présidence de Tshisekedi, il y a eu un mouvement vers des liens plus étroits entre Kigali et Kinshasa, y compris le déplacement de Vital Kamerhe début 2020 pour le mariage du fils de Kabarebe, ce qui a alarmé plusieurs membres du public.
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Même s’il reste influent aux yeux de Paul Kagame, le général James Kabarebe semble se retirer de la question congolaise plus qu’il ne l’a fait au début de la présidence de Tshisekedi.
Le général Joseph Nzabamwita, qui dirige le NISS depuis sa nomination en 2016, gère toute la gestion opérationnelle. En tant que tel, il était au premier plan lors des événements de la fin de 2012, lorsque les rebelles du M23 ont brièvement occupé Goma avant d’être contrainte de se retirer de la ville quelques semaines plus tard sous la pression de la communauté internationale et, en particulier, de l’ancien président Barack Obama.
Joseph Nzabamwita a participé en personne en septembre 2022 à des réunions avec ses homologues congolais et ougandais, notamment à Paris, grâce à la mise en place de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE). Cependant, une grande partie du cas congolais a été confiée à son assistant, le colonel Jean-Paul Nyirubutama. Chargé du renseignement extérieur, cet ami proche du président Kagame a un parcours atypique, ayant travaillé pour RwandAir. Il a été directeur des opérations de la compagnie aérienne nationale avant de rejoindre son conseil d’administration jusqu’en juin 2021, le date de sa nomination au NISS.
Une autre figure de proue à la tête d’affiche
En plus d’être le secrétaire personnel et conseiller du président, le brigadier-général Patrick Karuretwa est le cerveau de l’appareil de sécurité du Rwanda sur la RDC. Depuis novembre 2021, il est en charge du nouveau département de la coopération militaire internationale des RDF. Si la portée des opérations de ce bureau est effectivement mondiale, alors Patrick Karuretwa est largement considéré comme un expert des affaires congolaises et, plus généralement, de la diplomatie régionale dans les Grands Lacs.
Patrick Karuretwa a établi des relations solides avec un certain nombre de personnalités clés du nouveau régime depuis le début de la présidence Tshisekedi en 2019, lorsque les deux pays ont entamé un rapprochement spectaculaire. C’est le cas de François Beya, ainsi que de Fortunat Biselele, l’ancien conseiller privé de Tshisekedi qui est aujourd’hui dans détention judiciaire à Makala pour suspicion de coopération avec Kigali. Avant sa chute spectaculaire, cet ancien membre du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) était un régulier dans les salons calmes et isolés du Rwanda.
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