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Friday, September 27, 2024

Lettre ouverte destinée aux illustres Chefs d’État de l’Afrique de l’Ouest et du Grand Sahara

Date : 13 août 2023

Lettre ouverte destinée aux illustres Chefs d’État de l’Afrique de l’Ouest et du Grand Sahara :

– À Son Excellence Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Président de la République d’Algérie ;

– À Son Excellence Monsieur Mohamed Ould El-Ghazaouani, Président de la République de la Mauritanie ;

– À Monsieur Assimi Goîta, Président de la Transition de la République du Mali ;

– À Monsieur Ibrahim Traoré, Président de la Transition de la République du Burkina Faso ;

– À Monsieur Abdourahamane Tiani, Président de la Transition de la République du Niger ;

– À Monsieur Mamadi Doumbouya, Président de la Transition de la République de Guinée.

Objet : L’urgence de libérer l’Afrique du joug néocolonial en exhortant les grandes puissances, à savoir la France, l’Angleterre, la Chine, la Russie et les États-Unis, à opter pour la négociation plutôt que la domination.

Excellences Chefs d’État,

Je tiens, par la présente, à exprimer ma profonde admiration pour les efforts que vous avez déployés jusqu’à présent. Ces efforts marquent, à n’en point douter, les prémices d’une lutte pour la libération totale de l’Afrique. Ce mouvement révolutionnaire, naissant en Afrique de l’Ouest, a le potentiel de transcender nos frontières et de devenir le pilier central de la libération, de la souveraineté et de l’unité africaine.

Face à la rivalité entre les Trinitaires, à savoir les États-Unis, l’Union européenne et l’Angleterre, et les Orthodoxes, comprenant la Russie, l’Iran, la Corée du Nord, la Chine, entre autres, il est essentiel que les dirigeants africains adoptent une position équilibrée. Il ne s’agit pas de repousser les Occidentaux pour se rapprocher exclusivement de la Russie, de la Chine, de l’Inde ou de la Turquie, ni de remplacer une influence par une autre. Pour éviter que l’Afrique ne devienne l’arène des confrontations de ces puissances dans le nouvel ordre mondial émergeant, la démarche la plus sage serait de revoir, voire de rompre, nos relations diplomatiques avec nos anciens colonisateurs. Cette démarche serait un signal fort, marquant notre refus de perpétuer l’ordre néocolonial qui a perduré après les indépendances.

La question qui se pose alors est la suivante : par où les dirigeants africains doivent-ils commencer pour mener à bien cette noble lutte de libération ?

En premier lieu, il est impératif que les dirigeants africains adressent un message clair aux anciennes puissances coloniales, telles que la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Italie, le Portugal et les Pays-Bas, ainsi qu’aux autres nations influentes comme la Russie, la Chine, la Turquie, l’Inde, les Émirats et les États-Unis. Ce message doit exiger l’arrêt immédiat de toute exploitation minière et/ou humaine sur le sol africain. Il s’agit de lancer un ultimatum aux entreprises étrangères qui exploitent nos ressources, afin de prévenir la surexploitation et le pillage de nos richesses telles que le gaz, le pétrole et les minerais précieux.

En suspendant temporairement l’exploitation minière, nous contraindrons ces nations à puiser dans leurs réserves. Et lorsqu’elles atteindront un niveau critique, elles seront contraintes de revenir à la table des négociations, non pas pour imposer leurs conditions, mais pour établir des partenariats mutuellement bénéfiques. Cela offrira à l’Afrique une position de force pour réguler et négocier des accords plus équitables, tout en évitant les tensions géopolitiques liées au contrôle des ressources stratégiques.

En adoptant une telle stratégie, inspirée de la sagacité des pharaons égyptiens, nous pourrions marquer un tournant décisif dans les relations internationales, posant ainsi les fondations d’un nouvel ordre mondial multipolaire. Plutôt que d’être soumis à la volonté d’empires hégémoniques, nous pourrions voir émerger des centres de pouvoir continentaux, fondés sur les capacités productives intrinsèques de chaque région ou nation. Cette nouvelle dynamique mettrait fin à la dominance des institutions comme Bretton Woods, ouvrant la voie à une coopération internationale axée sur la production et non sur la puissance militaire. L’ère des ambitions impérialistes basées sur la race, la classe ou la civilisation serait révolue.

L’Afrique n’aurait plus à dépendre d’entités comme les BRICS, l’UE, le FMI ou la Banque mondiale. Nous pourrions dire adieu à la dépendance envers le dollar ou toute autre monnaie numérique. En privilégiant les échanges, l’Afrique pourrait envisager de développer sa propre monnaie, basée sur un système d’échange, garantissant ainsi la stabilité économique sans craindre une inflation démesurée.

Par la suite, il conviendrait de :

– Poursuivre les renversements de gouvernements lorsque ceux-ci sont le fruit d’une démocratie superficielle, servant uniquement à instaurer des régimes artificiels et corrompus sur le continent africain. Si le coup d’État peut être un outil efficace pour briser les chaînes du néocolonialisme et éliminer les représentants locaux qui ont perdu la notion d’intérêt national, il ne doit cependant pas être considéré comme une solution définitive.

– Revoir les accords de coopération militaire et technique, ainsi que les missions de maintien de la paix sur le continent. Il est essentiel de refuser l’établissement de bases militaires étrangères, souvent justifiées par la lutte contre le terrorisme, alors qu’en réalité, ces puissances étrangères exploitent sans scrupules les ressources africaines. Malgré la présence de forces régionales et internationales, l’Afrique demeure instable et vulnérable. Les organisations telles que la CEDEAO, la FOMAC, la SADC, et d’autres semblent inefficaces face à cette situation.

– Réguler strictement la délivrance des visas aux ressortissants étrangers, en particulier aux expatriés, afin de privilégier la main-d’œuvre locale.

– Sensibiliser les populations africaines à la nécessité de construire leur avenir sur leur propre continent, plutôt que de chercher des horizons incertains en Europe.

– Dans l’éventualité d’une reprise des activités minières, il serait impératif de privilégier l’emploi local en limitant le nombre d’expatriés, tout en assurant la formation et l’éducation des travailleurs africains.

Enfin, pour renforcer cette dynamique, les pays du Sahel, à savoir l’Algérie, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger, doivent s’unir pour former l’« Alliance des 6 – Sahel [A6-Sahel] ». Cette alliance a pour objectif de contrer les tentatives de division de la région par les forces impérialistes. La collaboration avec le peuple Touareg est essentielle à la stabilité de cette alliance. Une stratégie efficace pour éradiquer le terrorisme dans le Grand Sahara nécessiterait une coopération étroite avec les leaders Touaregs, conscients de l’importance stratégique de leur région.

L’Algérie, de par sa position géostratégique et son histoire, est appelée à jouer un rôle prépondérant dans la consolidation de l’unité maghrébine. En envisageant la création de l’« Unité Maghrébine (UM) », elle pourrait être le catalyseur d’une alliance plus vaste, englobant les pays de l’ancien Empire Songhaï, le G5 Sahel, ainsi que le groupe Nigérian-Congolais, donnant naissance à l’« Unité Sahélo-maghrébine d’Afrique indépendante (USMA) ». Cette entité, avec l’Algérie comme pivot entre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest, pourrait envisager la mise en place d’un Parlement africain basé à Tombouctou, garantissant la mise en œuvre de politiques communes pour le développement économique, politique et judiciaire de cette alliance.

Cependant, la réalité géopolitique actuelle présente des défis majeurs. L’Afrique du Nord et de l’Ouest est devenue un champ de bataille entre les puissances occidentales et la Russie. Des pays comme le Maroc, bénéficiant du soutien de la Maison-Blanche, et le Niger pourraient servir de « points d’appui stratégiques pour les intérêts occidentaux face à l’expansion russe sur le continent ». La vigilance est donc de mise. Le Maghreb est de plus en plus perçu comme un front où l’OTAN affronte la Russie et la Chine, avec l’Afrique du Nord désignée comme zone d’intérêt stratégique pour l’Alliance.

Le Maroc, en particulier, semble être devenu un point névralgique, accueillant un armement conséquent des grandes puissances. La présence massive et désorganisée des forces occidentales dans la région est une source d’inquiétude pour les pays aspirant à une véritable indépendance.

Des nations comme le Maroc, la Tunisie, le Nigeria, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, de par leur position stratégique, pourraient être utilisées comme bases arrière par les forces occidentales en cas d’intervention militaire dans la région. Face à une montée du sentiment anti-occidental en Afrique de l’Ouest, ces pays pourraient être sollicités pour soutenir des opérations militaires, notamment au Niger.

Il est donc impératif pour les pays africains de rester unis, vigilants et de développer une stratégie commune pour préserver leur souveraineté et leurs intérêts face à ces enjeux géopolitiques majeurs.

L’Union africaine (UA) et la CEDEAO, conçues initialement pour renforcer l’unité et la coopération entre les nations africaines, sont parfois perçues comme des instruments des puissances occidentales. Cette perception est renforcée par la nomination présumée de représentants occidentaux à des postes clés au sein de ces organisations, ce qui alimente l’idée d’une continuité du contrôle néocolonial sur le continent.

Il est essentiel que l’Afrique se réapproprie ses institutions et veille à ce qu’elles servent avant tout les intérêts des peuples africains. Une Afrique véritablement indépendante et souveraine est celle qui prend ses décisions sans influence extérieure.

En signant sous le nom de Thomas SANKARA, symbole de la résistance à l’oppression et de la quête d’indépendance, vous soulignez l’importance de cette cause et l’urgence de la situation.

Avec toute ma considération,

         

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