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Macky Sall sous le spectre d’un procès pour haute trahison


© Vatican News

Résumé :

Macky Sall, ancien président du Sénégal, fait face à une série d’accusations graves alors qu’il tente de mener une campagne à distance pour les élections législatives de novembre 2024. Les nouvelles autorités le soupçonnent de répression violente et de détournements de fonds. Tandis que les spéculations sur une éventuelle procédure judiciaire contre lui se multiplient, Sall, actuellement exilé à Marrakech, s’efforce de maintenir son influence sur la scène politique sénégalaise.


Dakar — Depuis les rues de Dakar jusqu’aux arènes politiques de Marrakech, une question divise : l’ancien président Macky Sall pourra-t-il un jour revenir en terrain sénégalais sans risquer des poursuites judiciaires ? Tandis que le pays se prépare pour les législatives anticipées du 17 novembre 2024, les détracteurs de Sall, aujourd’hui au pouvoir, menacent de le traîner devant la Haute Cour de justice pour des accusations allant de la répression sanglante des manifestations à des malversations financières qui auraient trompé des institutions internationales telles que le Fonds Monétaire International (FMI).

Sall, exilé à Marrakech depuis la fin de son mandat en avril dernier, dirige la coalition d’opposition Takku Wallu Sénégal depuis l’étranger. Cependant, il reste dans le collimateur de figures influentes du nouveau gouvernement, dont Fadilou Keïta, un partisan en vue du régime en place, qui a récemment affirmé à la télévision nationale que l’ancien président serait prochainement confronté à des témoignages accablants et des documents révélant ses supposées exactions.

Accusations de répression et de fraude financière

Au cœur des accusations figure la répression violente des manifestations de 2021 et 2023, qui avaient éclaté alors que des milliers de partisans d’Ousmane Sonko, leader de l’actuelle majorité au pouvoir, défiaient les autorités. Plusieurs manifestants avaient perdu la vie dans les affrontements, et ces événements sont aujourd’hui pointés du doigt comme une démonstration de la gestion autoritaire de Macky Sall. Ousmane Sonko, devenu Premier ministre, a depuis intensifié ses attaques contre son prédécesseur, l’accusant également de falsification des chiffres budgétaires et de détournements de fonds publics pendant son mandat.

Le FMI, qui avait approuvé un prêt de 1,8 milliard de dollars au Sénégal sous l’administration Sall, se retrouve malgré lui entraîné dans la controverse. Selon Sonko et ses alliés, l’ancien président aurait dissimulé l’ampleur du déficit budgétaire et de la dette publique, mettant en péril la stabilité financière du pays. Bien que le FMI ait jusqu’à présent maintenu sa position neutre, les nouvelles autorités sénégalaises insistent sur la nécessité d’un audit complet des finances publiques de l’époque Sall.

La Haute Cour de justice dans l’incertitude

Si ces accusations devaient mener à une procédure judiciaire, Macky Sall pourrait devenir le premier président sénégalais à être jugé par la Haute Cour de justice. Cette instance, rarement mobilisée dans l’histoire du Sénégal, est chargée de juger les présidents et les ministres pour des actes graves, dont la haute trahison. Toutefois, la définition de cette infraction reste vague dans la Constitution du pays, et il reviendra probablement aux députés de l’Assemblée nationale de décider si les actes reprochés à Macky Sall relèvent de cette catégorie.

La Haute Cour n’a siégé qu’une seule fois depuis l’indépendance du Sénégal. En 1963, elle avait jugé l’ancien Premier ministre Mamadou Dia, accusé d’avoir planifié un coup d’État contre le président-poète Léopold Sédar Senghor. Dia avait été condamné à de longues années de réclusion, une procédure qui avait marqué un tournant dans l’histoire politique du Sénégal. Certains analystes politiques se demandent si l’histoire ne risque pas de se répéter avec Macky Sall.

Une campagne à distance et des tensions au sein de l’opposition

Pendant ce temps, Macky Sall tente de naviguer dans les eaux troubles de la politique sénégalaise depuis son exil marocain. Alors qu’il dirige la coalition Takku Wallu Sénégal, il se heurte à des tensions internes. Des désaccords sur les investitures électorales ont créé des divisions au sein de son camp. Des figures de proue, comme l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, ont menacé de se retirer après avoir constaté que leurs candidats étaient mal placés sur les listes électorales.

Ces tensions rappellent les difficultés inhérentes aux alliances politiques sénégalaises, où la question des investitures est souvent source de discordes. Au sein de la coalition, certains accusent Macky Sall de favoriser ses proches et d’écarter les candidats soutenus par d’autres partis alliés. Une telle désorganisation pourrait nuire aux efforts de l’opposition pour obtenir une majorité parlementaire.

Un avenir politique incertain

L’avenir de Macky Sall reste incertain. S’il évite de se rendre au Sénégal pour sa propre sécurité, il continue de jouer un rôle crucial dans la campagne électorale à distance. Pourtant, les rumeurs d’une possible arrestation s’il retourne au pays persistent, et ses adversaires au pouvoir semblent déterminés à utiliser toutes les armes juridiques à leur disposition pour mettre un terme à sa carrière politique.

Alors que le pays s’approche des législatives du 17 novembre, une question cruciale demeure : la procédure judiciaire contre Macky Sall sera-t-elle effectivement lancée ? Ou bien parviendra-t-il à maintenir son influence sur la scène politique malgré l’ombre de la Haute Cour de justice ? Ce qui est sûr, c’est que l’issue de cette bataille électorale aura des répercussions bien au-delà des frontières sénégalaises.

© 2024 – O Bulamba / LNL News

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