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Friday, September 27, 2024

Madagascar : les mines prises en otage par des creuseurs artisanaux indépendants

Considéré comme le point central du saphir au niveau mondial, le Madagascar regorge des grands groupes qui exploitent cette matière première. A ceux-ci s’ajoutent aussi des creuseurs ambulants qui envahissent des mines au sud du pays et qui échappent à tout contrôle par l’autorité. Le Saphir du Madagascarintéresse tous les potentiels acheteurs des pierres précieuses œuvrant dans les grandes bijouteries du pays. Des mines d’autres pierres précieuses sont localisées à Madagascar dont la plupart ne sont règlementées.

Le record de l’informel dans la vente des pierres

Les premiers bénéficiaires de l’informel dans la vente des pierres précieuses à Madagascar sont en grande partie les bailleurs internationaux ainsi que les Organisations non gouvernementales (ONG). La Banque mondiale fait partie de ces organisations réputées bénéficiaires de cette malversation. Ces dernières ont d’ailleurs sommé début 2023 Madagascar de réguler son secteur minier afin de coller aux critères de l‘Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) lancée au pays depuis le 30 mars.

Sur incitation de ses bailleurs, le gouvernement de l’île a été invité à réfléchir à un label qui garantirait à la fois la qualité et les conditions d’extraction des gemmes. Plusieurs experts dans les mines dont le français Patrick Voilllot et le suisse Marc Noverraz ont été contactés par le ministre de tutelle à travers son conseiller Tom Cushman pour prendre conseil de ce projet, largement inspiré du processus de Kimberley ; un système de certification en place pour les diamants. De leur part, les ONG dénoncent la présence des enfants dans ces mines de l’Ile. The child coalition a récemment publié le résultat d’une étude à la fin du mois de mars 2023 qui fait état de dizaines de milliers d’enfants dans les mines.

Mise à jour des règles de bonne conduite

Cartier (Richemont), Bulgari (LVMH), Boucheron (Kering), O. J. Perrin et d’autres utilisent un système de négociation organisé pour répondre aux questions des consommateurs, faute d’un système désordonné.  D’autres pierres utilisées dans leurs bijoux proviennent de sources éthiques, ne proviennent pas de zones de conflit et ne sont pas le résultat du travail des enfants Il été également question de mettre sur place une charte de bonne conduite pour nouer un partenariat avec le Responsible Jewellery Council (RJC) afin de s’assurer de l’origine des pierres utilisées. Ces derniers sont, pour la plupart, des professionnels de la communication plutôt que des gemmologues ou des experts en la matière : il est plus important de gérer d’éventuelles crises d’image que de réguler le marché.

Aucune maison ne répond jusqu’à présent aux différentes sollicitations sur la provenance de leurs pierres et sur les conditions d’extraction à Madagascar. Toutes nous ont renvoyés vers les chartes disponibles sur leurs sites qui, à aucun moment, ne listent les pays où les pierres de couleur sont achetées.

Montée aux enchères des pierres de couleur

Actuellement, l’Ile est en train de devenir la principale destination des pierres de couleur.  Ce qui fait qu’entre acheteurs il y ait une hausse de prix des pierres précieuses partout à travers le pays. Le Myanmar et l’Afghanistan, où l’on trouve des saphirs et des lapis-lazulis d’exception, sont des zones de conflit majeur. Le prix de plusieurs pierres retrouvées en abondance à Madagascar tel que le saphir et la tourmaline a doublé, voir même triplé et les professionnels préfèrent surenchérir davantage.

Le prix du diamant lui est règlementé par l’administration en place, contrairement au désordre observé dans la commercialisation des autres pierres de couleur. Ce manque de cadre pousse à la spéculation et à la surenchère entre acheteurs : un saphir bleu de qualité moyenne, acheté 150 $ à la mine par les négociants, peut se revendre jusqu’à 500 000 $ auprès des acheteurs mandatés par les joailliers qui, eux-mêmes, vont intégrer les pierres dans des bijoux à plusieurs millions de dollars. Pour augmenter artificiellement leur couleur, certaines gemmes de moindre qualité sont traitées thermiquement. Et s’ils sont moins purs, ils sont tout de même nécessaires dans la joaillerie : cette intervention toucherait environ 90 % des malgaches.

Mode d‘achat et de vente

Dans tout le pays, aucune maison d’extraction et production de saphirs n’a de bureau. Lucia Silvestri, représentante de Bulgari et Massimo Rol de Cartier se rendent dans des mines qu’à des occasions rares. Les joailleries à Madagascar comptent sur les acheteurs qu’elles envoient en mission pour acheter des articles pour eux-mêmes. Les transactions ne nécessitant aucun justificatif et réglées en espèces ont lieu dans les hôtels de haute gamme d’Antananarivo, notamment le Carlton et le Radisson Blu

Agissant pour le compte des les joailliers, les acheteurs ne traitent pas directement avec les exploitants miniers, mais des courtiers qui présélectionnent les pierres et les revendent aux mineurs. La plupart du temps à rabais, quelques heures après l’extraction, sur le marché d’Antananarivo ce qui ne laisse aucune trace de commerce de pierres précieuses sur l’île. Les plus belles pierres, c’est – à-dire celles aux couleurs particulièrement éclatantes et qui ne nécessitent aucun traitement (notamment les saphirs dix carats), font l’objet d’une vive concurrence entre acheteurs joailliers.

Résultat, depuis la réouverture des frontières de l’île début 2022, les acheteurs internationaux se sont opposés aux négociateurs chinois agressifs, ainsi qu’aux opérateurs sri- lankais dont les réserves de saphir s’étaient épuisées pendant des décennies.

©2023- Paulin AGANZE, LNL News

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