Abdelilah Benkirane, leader du Parti de la Justice et du Développement (PJD) et ancien chef du gouvernement marocain, n’a rien perdu de son goût pour la polémique. Bien que son parti ait été sévèrement défait lors des élections de 2021, il continue à faire des vagues sur la scène politique. Ses cibles principales sont Aziz Akhannouch, l’actuel chef du gouvernement, et Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice.
Le 1er septembre, Benkirane a lancé des accusations contre Akhannouch, l’accusant d’être un « voleur de veuves » lors d’un discours dans le cadre d’une campagne électorale partielle à Rabat. Il reproche à Akhannouch d’avoir modifié le système d’allocations aux veuves, une mesure instaurée sous son mandat, en réduisant l’aide pour certaines catégories tout en augmentant celle des veuves recevant des montants plus faibles. Selon Benkirane, le nouveau système pénalise injustement les bénéficiaires les plus vulnérables.
Abdelilah Benkirane réserve aussi ses critiques les plus acerbes à Abdellatif Ouahbi. Il l’accuse de promouvoir des réformes contraires aux valeurs conservatrices du pays, notamment en suggérant la suppression de l’article 490 du Code pénal qui criminalise les relations sexuelles hors mariage. Cette proposition, qui reste controversée, a provoqué la colère de Benkirane, qui voit en Ouahbi un « ministre corrompu » et un défenseur des libertés individuelles incompatibles avec la tradition islamique du Maroc.
Malgré l’affaiblissement politique du PJD, les positions conservatrices de Benkirane, notamment sur les réformes du Code de la famille et l’égalité des sexes, continuent d’être largement soutenues par une grande partie de l’opinion publique marocaine. Une étude de 2023 montre que 78 % des Marocains estiment que toute réforme de ce code doit se baser sur la loi islamique.
Abdellatif Ouahbi, de son côté, a répondu aux attaques de Benkirane dans une interview télévisée, l’accusant de diffuser de fausses accusations et de manquer de respect pour ses anciennes fonctions. Il rappelle que d’autres anciens Premiers ministres ont toujours agi avec retenue, contrairement à Benkirane.
En somme, Abdelilah Benkirane, bien que relégué dans l’opposition, reste un acteur incontournable de la scène politique marocaine, utilisant ses talents de tribun pour maintenir le débat public et critiquer vigoureusement les politiques de ses adversaires.