Lorsque Mohammed VI accueille le président Tebboune à Rabat, le verso de l’invitation indique : Ayant manqué le sommet de la Ligue arabe à Alger les 1er et 2 novembre, le roi Mohammed VI invite formellement le président algérien Abdelmadjid Tebboune à Rabat.
Une relation fraternelle entre le Maroc et l’Algérie qui manque de sincérité
Après plusieurs jours d’incertitude et d’histoires contradictoires, le roi Mohammed VI a finalement décidé de ne pas assister à la réunion de la Ligue arabe prévue le 1er et 2 novembre à Alger. Dimanche soir 30 octobre, le ministre des Affaires étrangères du Maroc, Nasser Bourita, en a formellement informé le secrétaire général de la Ligue arabe. Sa Majesté annonce qu’elle adresse une invitation au président Abdelmadjid Tebboune à se rendre au Maroc pour une visite d’Etat officielle, qui aura été convenue à l’avance entre les deux parties. Cette sombre invitation intervient après que le monarque marocain a refusé d’assister à la conférence de la Ligue arabe à Alger du 2 novembre jusqu’à mercredi. Elle survient également dans le cadre d’une crise diplomatique entre les deux nations. Contrairement aux prévisions selon lesquelles Nasser Bourita reviendra bientôt à Rabat, le chef de la diplomatie marocaine reste à Alger. Dans la soirée du samedi 29 novembre, le ministre a été avisé qu’il serait assis en bout de table entre ses homologues omanais et comorien lors du souper d’apparat. Une disposition frustrante qui ne respecte ni l’ordre alphabétique arabe ni français, obligeant le ministre à manger dans sa chambre.
Du côté marocain, Alger est condamné pour avoir tenté de faire d’un sommet de la Ligue arabe en Algérie le “sommet algérien du monde arabe”, alors que le seul critère d’attribution pour accueillir l’événement est l’ordre alphabétique. Le prochain sommet se tiendra également à Djibouti. Revenant sur l’absence du roi Mohammed VI au sommet des dirigeants arabes, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a abordé la question au micro de la chaîne saoudienne Al-Arabiya, lundi 31 octobre. Le chef de la diplomatie algérienne a alors critiqué l’absence du roi Mohammed VI comme une “occasion manquée”. Il appartiendra aux historiens d’évaluer s’il s’agit d’une chance gâchée pour le Maghreb et pour l’action arabe commune, ainsi que d’en attribuer la responsabilité. Le sommet devait débuter à Alger le 1er novembre en présence du monarque marocain, qui a été parmi les premiers dirigeants à confirmer sa présence.
Raison peu convaincante de l’absence du roi
Au cours de cet entretien télévisé, le ministre algérien a confirmé qu’une rencontre entre le président algérien et le monarque marocain était prévue : « Le président de la République accueille tous les chefs d’État à l’aéroport et s’entretient avec chacun de ces chefs d’État. Dans l’intimité de cette conversation, il aurait été décidé ce qui aurait pu se passer lorsque Sa Majesté le Roi du Maroc était en Algérie. Le sommet de la Ligue arabe a débuté le 1er novembre sans la participation du monarque marocain, qui a finalement renoncé à s’y rendre. Alger aspire toujours à revenir sur le devant de la scène diplomatique régionale après plusieurs années de recul. Le chef de la diplomatie marocaine : « Que le président Tebboune ait accueilli SM à l’aéroport était la moindre des choses. » La nouvelle inattendue de la possibilité d’une rencontre bilatérale entre les deux chefs d’Etat est surprenante. De plus, Nasser Bourita a confirmé que ni lui ni la délégation de précurseurs envoyée par le Palais pour préparer l’arrivée du roi n’avaient été informés du potentiel. Ni par le secrétariat général de la Ligue arabe, que nous avions pourtant contacté à propos de cette perspective, ni par la partie algérienne, avec qui nous n’avons aucune communication à l’exception d’une poignée de main secrète que j’ai « donnée » en marge à mon collègue Ramtane Lamamra d’une conférence. Nasser Bourita, rappelant les nombreux propos conciliants du Roi Mohammed VI à l’égard de l’Algérie, affirme : « Une rencontre d’une telle importance ne se détermine pas dans la salle d’honneur d’un aéroport ». Il s’agit d’un problème sérieux qui nécessite une préparation considérable. Sa Majesté, qui depuis dix ans tend la main aux dirigeants algériens, discours après discours, sans jamais recevoir de réponse, est résolument favorable à cette rencontre tant qu’il ne s’agit pas d’un “coup” médiatique sans avenir ».
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