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Friday, September 27, 2024

NIGER : ABOUBACAR HIMA “PETIT BOUBÉ” AU CENTRE DE L’AFFAIRE VENTE D’ARMES

Ventes d’armes : au Niger, le gars au centre de l’affaire, c’est « Petit Boubé »

Selon l’OCCRP, Aboubacar Hima, alias “Petit Boubé”, a obtenu au moins les trois quarts des contrats audités. Petit Boubé, le mari de la fille de l’ancien Président Ibrahim Baré Manassara, est entré dans le business de l’armement en 2010 via le Nigeria, où il a créé des sociétés qui joueront un rôle crucial dans les transactions décrites dans l’audit. La plupart des transactions liées à Hima ont été signées en vertu d’une loi sur la sécurité nationale de 2013. Il a permis d’exécuter certains contrats de défense directement avec une entreprise plutôt que par le biais d’un appel d’offres public.

Devoir de mémoire oblige, en 2016, le Niger a abrogé une loi et l’a remplacée par une autre qui exige une approche plus transparente. Pourtant, le mal était déjà fait. En conséquence, la majorité des ventes découvertes lors de l’audit ont échappé au ministère de la défense. En 2016, le ministère de la Défense a acheté deux hélicoptères de transport et d’attaque Mi-171Sh à Rosoboron export, une entreprise de défense russe, grâce à un accord négocié par “Petit Boubé”. L’acquisition a coûté au Niger 55 millions d’euros, entretien et munitions compris, ce qui a entraîné un surcoût de 19,7 millions de dollars.

Le dossier du gendre de l’ancien Président n’a cessé d’attirer l’attention, selon l’OCCRP, des auditeurs nigériens se sont rendus à Moscou début 2020 à la recherche de détails concernant le contrat. Ils sont arrivés les mains vides : Rosoboron export, qui n’a pas répondu aux demandes des journalistes, a également refusé de divulguer des informations, affirmant que les accords étaient confidentiels. Dans ce contexte, Jusqu’où ira l’enquête judiciaire nigérienne, qui a interpellé à plusieurs reprises les protagonistes, dont Aboubacar Hima ? L’affaire est actuellement entre les mains d’un juge d’instruction à Niamey, et elle pourrait avoir des ramifications politiques en raison des liens de plusieurs protagonistes avec le parti au pouvoir.

En plus, au-delà des hypothèses de l’audit, c’est le mode de vie de “Petit Boubé”, qui ne convainc pas les interrogations de l’OCCRP, qui pose problème. Les sources des enquêteurs révèlent que, Hima a acheté au moins trois appartements à Prague en 2015, en plus de sa grande villa à Niamey (bien connue des Nigériens). Sa société aujourd’hui disparue Brid A Defcon était parfois identifiée à une autre en République tchèque : « Defcon SRO ». Ses appartements sont estimés à plus de 2 millions de dollars au total. L’un d’eux se trouve dans un immeuble de luxe avec vue sur la rivière Vltava et des balcons où les résidents peuvent admirer leurs bateaux.

Des révélations troublantes, l’audit de l’Inspection générale des armées sur ordre du ministère nigérien de la Défense, réalisé en février, a révélé un total de 76 milliards de francs CFA (116 millions d’euros) détournés entre 2014 et 2019. L’existence d’une surfacturation de 48 milliards de francs CFA francs et du matériel non livré pour un total de 28 milliards de francs CFA. Le rapport sur les commandes passées par le ministère de la Défense du Niger entre 2014 et 2019, a été rédigé le 17 février par l’Inspection générale des armées. L’audit, qui a été remis à la Présidence de la République, liste les contrats jugés malhonnêtes par les inspecteurs de l’armée, entreprise par entreprise. En 2017, Kalla Moutari, le ministre de la Défense, avait signé un marché avec Renault Trucks pour la fourniture d’équipements d’une valeur de 25 milliards de francs CFA, dont 2,5 milliards auraient été détournés. Ses recherches révèlent un réseau d’entreprises soupçonnées d’exploiter des sociétés fictives pour organiser de fausses offres (et donc des surfacturations et des détournements de fonds). Ce document, qui a été transmis aux tribunaux nigériens le 7 avril 2020, pourrait donner lieu à de nombreuses allégations de faux, usage et détournement de deniers publics.

Ceci étant, le fameux audit de défense est observé de près dans les plus hautes sphères du Niger, y compris au palais présidentiel, où Mahamadou Issoufou surveille la situation grâce à son fidèle collaborateur, Issoufou Katambé, nommé au ministère de la Défense en septembre 2019. Entre 2011 et septembre 2019, Mahamadou Karidjo, Hassoumi Massaoudou et Kalla Moutari, les trois prédécesseurs de Katambé, étaient des caciques du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir). Il existe encore quelques “courtiers” opérant en marge du commerce réglementé d’équipements militaires du continent dans un secteur où la tutelle officielle est quasi totale. Trois individus essentiels dans un business aussi juteux qu’opaque sont mis en lumière.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine est un fait qui a rappelé un très mauvais souvenir en Europe depuis plusieurs semaines ; celui d’une bataille. Depuis l’annexion de la Crimée en 2014, l’Europe est redevenue un haut lieu du commerce mondial des armements. Entre 2015 et 2020, l’acquisition de matériel militaire en Afrique a chuté de 13 %. Cependant, le continent reste particulièrement préoccupé face aux multiples défis sécuritaires tels que le terrorisme, la criminalité internationale et la piraterie.

Le marché africain d’armes et la Russie retient trois profils: Aboubacar Hima, Ivor Ichikowitz et Rafi Dermardirossian. Le premier, situé à Niamey, est au centre d’une vaste enquête pour corruption. Le second est un philanthrope qui possède également la plus grande société d’armement du continent. Enfin, il y a un commerçant franco-libanais d’une quarantaine d’années qui s’est installé à Ouagadougou au début des années 2010. Quand sont-ils arrivés en Afrique et comment ont-ils fait ? Quels réseaux ont-ils ? Qui fournissent-ils ? ces questions retiennent l’attention de l’opinion africaine.

Depuis le début des années 2000, la Russie s’efforce de reconquérir son influence dans la région Africaine. Malgré un PIB comparable à celui de l’Espagne, le pays commerce encore très peu avec l’Afrique dix fois moins que la Chine ou l’Europe  et n’est pas un gros donateur d’aide au développement. Malgré cela, elle a réussi à gagner du poids en jouant ses meilleures cartes, quitte à enfreindre ses propres règles, pour atteindre ses objectifs. Depuis 2018, le commerce entre la Russie et les pays africains s’est progressivement développé. Les visites diplomatiques se sont multipliées à la même période, de même que la signature d’accords bilatéraux sur des questions stratégiques, notamment dans le domaine militaire. Moscou est devenu le premier exportateur d’armes à feu d’Afrique, ainsi que de blé. Les entreprises publiques russes sont également impliquées dans les mines, les hydrocarbures et même le nucléaire civil. La Russie opère via rosoboron export, une entreprise publique devenue en 2020 le premier exportateur d’armement du continent. Dans cette course fébrile, les États africains se tournent de plus en plus vers des entreprises publiques ou étroitement associées dans les pays producteurs.

Outre la Russie, un autre pays proche de Kremlin signale sa présence sur le marché africain d’armes. Ankara, devient un acteur militaire plus puissant, veut faire du Salon international de l’industrie de la défense (IDEF), qui a lieu chaque année à Istanbul, un rendez-vous incontournable pour les décideurs africains. Erdogan et le président sierra-léonais Julius Maada Bio l’ont lancé en 2021. On le croise au détour d’un bureau ou d’un marché, mais on ne le remarque pas.

Le controversé richissime Nigérien a des ramifications au Nigéria également. A la fin des années 1990, le jeune Aboubacar “fait des choses” comme beaucoup d’autres jeunes Nigérians qui ont grandi sous l’administration d’Ibrahim Baré Manassara. Ses aînés lui ont heureusement donné la permission. Ce “petit”, qui vient de terminer son bac scientifique au lycée de Bosso après avoir fréquenté celui d’Issa Korombé, ne comptabilise pas les kilomètres qu’il a parcourus dans son automobile de course. Il s’est installé dans le quartier de Karadjé, au sud-ouest de la ville nigérienne, et continue de fréquenter la banlieue d’Abidjan où vit sa famille, ainsi que l’immense marché, où il a commencé à vendre de petits calendriers et autres imprimés. Aboubacar Hima fréquentait un de ses potes, Wilfried, aux Alternatives Espaces Citoyens. Ce journaliste béninois d’origine (aujourd’hui décédé), marié à une nigériane, est responsable de l’association PAO.

De ce fait, il assiste Aboubacar dans la réalisation de ses calendriers et cartes de visite. Hima ne savait pas comment faire ce genre de choses, alors il est venu dans les locaux de l’association pour se faire aider, se souvient Moussa Tchangari, ajoutant que les Espaces Citoyens Alternatives continuent d’être reçus dans ses bureaux aujourd’hui. Lentement mais sûrement, le jeune homme creuse son trou. Il se constitue une clientèle de client en client, et de milliers de francs CFA à milliers de francs CFA à milliers de francs CFA à milliers de francs CFA ; Aboubacar Hima se lance dans la conquête du pouvoir de marché après l’assassinat d’Ibrahim Baré Manassara, suite au coup d’État de Daouda Malam Wanké, et à l’arrivée à la présidence de Mamadou Tandja.

À l’approche de l’an 2000, Hima offre, comme bien d’autres ambitieux, ses services aux représentants de l’Assemblée nationale. Habi Mahamadou Salissou, un élu de Tahoua, le prendra alors sous son aile. Premier questeur de l’Assemblée, Hama Amadou est un baron du Mouvement national pour une société de développement (MNSD), le parti politique du chef de l’Etat. Après le coup d’État de 1999, l’Assemblée nationale avait besoin de se rééquiper.  Habi Mahamadou Salissou rappelle Hima comme l’un des jeunes opérateurs convoqués. Le jeune entrepreneur utilise ses amitiés pour accéder aux responsables du gouvernement de Hama Amadou.

En effet, Aboubacar Hima décroche quelques “petits” contrats d’impression qu’il a parfois réalisés au Bénin ou des rames de papier d’une valeur de quelques millions de francs CFA. Il n’était pas le seul, raconte Mohamed Bazoum, ancien élu de Tahoua qui est aujourd’hui conseillé du président. Le jeune entrepreneur, qui a encore moins de 30 ans, utilise ses amitiés pour accéder à certains membres du cabinet de Hama Amadou. C’est positif : Habi Mahamadou Salissou, alias Salah Habi, fait partie de l’équipe et s’occupe de l’enseignement secondaire. En conséquence, l’étoile de Hima continue de briller de mille feux et son rayonnement se propage à d’autres missions. A l’époque, il décrochait de modestes contrats allant jusqu’à quinze millions de francs CFA [23 000 euros], explique Salah Habi.

Dans l’entourage d’Hama Amadou, la notoriété d’Hima s’accroît. Il connaît personnellement le premier ministre. Il pense cependant à l’avenir. “Hama” a des partisans au sein du MNSD qui collaborent avec lui sur son destin politique post-Tandja. Nous sommes maintenant en l’an 2003. L’homme fort nigérien lorgne sur la présidence et surveille l’opposition, dirigée par Mahamadou Issoufou du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS). Qui sait si un de ses proches, Maman Abou, journaliste, militant du parti et patron des Nouvelles Imprimeries du Niger, le soutiendra ? (NIN).

Cette proximité entre son concurrent politique et ce qui était alors la plus grande imprimerie de Niamey ne plaisait pas à Hama Amadou. Son groupe concocte un plan pour lancer une imprimerie concurrente. Aboubacar Hima a été chargé du projet. Le Plateau Imprimerie est créé. L’objectif était d’établir leur propre imprimerie pour les partisans de Hama Amadou en prévision de l’après-Tandja, qu’ils commençaient à préparer, raconte à l’époque un professionnel de l’édition. Il a été conçu pour être un outil de consolidation du pouvoir, mais la politique est intervenue après l’échec de Hama à succéder à Tandja. Un ancien employé du MNSD ajoute que l’Imprimerie du Plateau dont la direction est confiée au frère de Hima n’a jamais été utilisée à cet égard . Celui qu’on a commencé à appeler « petit boubé » nous étonne par la richesse qu’il a amassée. Est-ce un revers pour le propriétaire de l’entreprise ? En fait, celui-ci a déjà évolué. Alors que le mandat de Tandja touche à sa fin, il signe un contrat avec Mahamane Moussa, le ministre du développement agricole, pour la fourniture d’un avion pulvérisateur à l’Etat du Niger.

Déjà, celui qu’on a commencé à appeler « Petit Boubé » (diminutif d’Aboubacar)  étonne son entourage par la richesse qu’il a amassée. Il a épousé Samira, l’une des filles de feu Ibrahim Baré Manassara, en 2005. Clémence Baré, la mère de ce dernier, vit à côté de son père, Massi Hima, un fonctionnaire du ministère de l’Elevage connu comme “Major” par beaucoup à Abidjan. Les deux familles se connaissent bien. Hima en a profité, affirme un membre de la famille. Cela l’a aidé à accéder à d’autres cercles de pouvoir de Niamey. Sous les traits d’Abdou Labo, l’astucieux entrepreneur se rapproche également d’un autre « parrain » politique.

La fumée commence à étouffée la vie de Hima ; entre 2014 et 2019, 76 milliards de francs CFA (116 millions d’euros) auraient été pillés au Niger dans le cadre de contrats d’armement. L’Inspection générale des forces armées a mené un audit auquel le projet de signalement du crime organisé et de la corruption a eu pleinement accès. Cet audit est sans aucun doute au cœur du pire scandale politique et financier du pays. Le document de l’inspection générale des services, évoquant les principales conclusions, a été publié en février 2020 et révèle un total de 76 milliards de francs CFA (116 millions d’euros) détournés entre 2014 et 2019 dans le cadre de commandes d’armes transmises par l’État nigérien et son ministère de la Défense.

 Un nom est aussi cité comme influant dans ce dossier, c’est Labo, commandant en second de la Convention démocratique et sociale (CDS, alors alignée sur le MNSD), a construit de vastes réseaux au Nigeria dans les années 1990, devenant un financier clé de la vie politique nigérienne. De nombreuses personnalités nigérianes finançaient des partis politiques au Niger, dont le CDS de Mahamane Ousmane. L’un des hommes qui a orchestré tout cela était Abdou Labo, se souvient un ministre de l’époque. Cette source poursuit : «Il est originaire de la région de Maradi, dont la vie économique est tournée vers le Nigeria. Ce sont les réseaux régionaux d’Abdou Labo qui ont permis à Aboubacar Hima de devenir le ‘Petit Boubé’ que l’on connaît, raconte un proche de l’homme d’affaires.

Aboubacar Hima, qui a fait fortune en cultivant des relations fructueuses dans l’entourage de Hama Amadou, va-t-il disparaître ? Pas le moindre. Il ne s’intéresse pas à la politique, assure une de ses connaissances. Dès le début, le sujet a été évoqué, raconte un membre du cabinet du président Issoufou. Mais il avait des relations et le gouvernement lui devait beaucoup d’argent. Par ailleurs, Abdou Labo, proche du nouveau président, a été nommé ministre de l’Intérieur. Plutôt que de couper les ponts avec le Nigeria, ce dernier se rend régulièrement dans le pays, jusqu’à l’agacement. Même pour le président, il était souvent injoignable, plaisante un membre de l’entourage d’Issoufou. Ce même collaborateur poursuit : Il voulait superviser tout ce qui se faisait avec le Nigeria et se considérait comme le passeur entre Issoufou et Goodluck Jonathan. Selon une source proche de Labo, le ministre a servi au moins une fois de “porteur de valises” entre les entrepreneurs nigérians et l’entourage d’Issoufou. Abdou Labo a évoqué le chiffre de 1 milliard de francs CFA (1,5 million d’euros) en espèces dans son communiqué concernant la signature d’un contrat de livraison d’engrais à l’Etat du Niger.

Abdou labo était le canal par lequel aboubacar Hima est entré au Nigeria. C’est en tout cas par lui qu’Aboubacar Hima est entré au Nigeria, où Labo avait dans son carnet de contacts un certain Sambo Dasuki, fils d’un sultan de Sokoto, un ex-militaire du nord qui a contribué à la victoire d’Olusegun Obasanjo dans le Élection présidentielle nigériane de 1999. Dasuki n’est pas n’importe qui : après avoir traversé le désert au début des années 2000 ce qui lui a permis de se concentrer sur les affaires  il revient sur le devant de la scène et est nommé conseiller à la sécurité nationale de Goodluck Jonathan en 2012.

Sans doute que les intérêts priment en politique et non les affinités. Le colonel de l’armée à la retraite est l’un des principaux conseillers du président nigérian Muhammadu Buhari, qui cherche à rééquiper ses soldats face aux insurgés de Boko Haram dans le nord du pays ; d’où la connexion avec Hima.  Le Nigeria est approvisionné en hélicoptères et autres avions de guerre par l’intermédiaire de ses réseaux en Europe de l’Est.  On sait bien que “Petit Boubé a utilisé les réseaux de Dasuki pour développer un carnet d’adresses à travers l’Europe de l’Est, notamment en République tchèque, en Ukraine et en Russie”, ajoute un proche nigérien. C’est ainsi qu’il a fait ses débuts dans le commerce des armes et du matériel militaire. Il a été transporté dans un autre univers. Selon un ancien responsable du gouvernement, les sommes sont devenues énormes, comme les commissions et les pots-de-vin.

En 2014, Abdou Labo est  arrêté dans le cadre d’une affaire de supposition d’enfant, également connue sous le nom de “trafic de bébés”, mais il n’a pas amené Aboubacar Hima avec lui. Une de ses connaissances dit : Il n’a pas de copains, que des centres d’intérêt. Hima devient le principal fournisseur d’armement des ministères de la défense de Mahamadou Karidjo (2011-2016) et de Kalla Moutari (2016-2019).  En 2011, le PNDS a été contraint de collaborer avec lui. Mais le parti au pouvoir s’en est bien tiré, raconte un haut responsable du parti au pouvoir. L’ex-imprimeur « Petit Boubé » est un interlocuteur et un visiteur fréquent des supérieurs de l’armée, où son frère est officier. Sa relation “directe” avec Mahamadou Issoufou, dont le fils, Sani, a longtemps été son voisin à Niamey et est aujourd’hui ministre du Pétrole. A minima, l’Etat devrait verser à l’entrepreneur de nombreuses dizaines de milliards de francs CFA.

Selon l’un des cousins ​​d’Aboubacar Hima, le gouvernement devrait verser à l’entrepreneur au moins plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. C’est un système de fidélisation patriotique, dit en souriant un baron du PNDS. Dont l’intéressé profite au maximum. Selon un audit de 2020 de l’Inspection générale des armées, il aurait gagné au moins les trois quarts des contrats de fourniture d’armes signés par le ministre de la Défense entre 2011 et 2020. Depuis la révélation d’un audit en cours au ministère de la Défense, l’opposition espère utiliser le PNDS (au pouvoir) et son candidat à la présidentielle, Mohamed Bazoum, pour affaiblir le PNDS.

L’opposition politique nigérienne (composée de multiples plateformes) a publié le 17 mars un communiqué dans lequel elle fustige le comportement du chef de l’Etat et de son cabinet dans leur tentative de minimiser un problème très grave. Amadou Djibo Ali, le leader du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la République, a signé le communiqué de presse (FRDDR). Cependant, le texte n’est qu’un petit élément d’une stratégie plus large qui est envisagée depuis des semaines. Un quintette, selon nos sources, est en première ligne et se réunit régulièrement. Ibrahim Yacouba (MPN Kishin Kassa et Front Patriotique), Amadou Djibo Ali, Omar Hamidou Tchiana (Amen-Amin), Tahirou Seydou (Moden Fa Lumana), et Mariama Gamatié Bayard (MPN Kishin Kassa et Front Patriotique) composent le groupe (Front de l’opposition indépendante).

D’autres, comme Amadou Boubacar Cissé (Front démocrate et républicain) et l’ancien président Mahamane Ousmane, sont moins visibles. Tous travaillent ensemble pour délégitimer la candidature de Mohamed Bazoum. Les opposants tentent d’établir un lien entre le PNDS, dont Bazoum est le président, et le prétendu détournement en s’appuyant sur la société civile qui a de nouveau organisé une manifestation le 15 mars (qui a fait trois morts). C’est un lien que ce dernier rejette formellement.  Kalla Moutari et Mahamadou Karidjo, deux anciens ministres et cadres du parti, figurent parmi les principaux suspects. Est-ce vraiment si simple ? Beaucoup plus est révélé dans l’audit mené par l’Inspection générale des armées.

De ce fait, le contrat d’acquisition et de maintenance des deux Mi-171Sh aurait coûté au Niger 55 millions d’euros, dont une « surfacturation » de 17,8 millions. Selon les derniers chiffres des enquêteurs, de multiples autres incidents ont été révélés sur la séquence de contrats d’un montant total de plus de 130 millions d’euros signés par Aboubacar Hima via « Brid A Defcon » en 2014. Bien que l’État, qui avait décidé de poursuivre une action civile ; l’affaire, finalement retirée, une enquête a été ouverte. Le gouvernement prétend avoir obtenu une compensation pour les montants trop chers ainsi que pour tout l’équipement qui avait été payé mais non livré.

Selon la partie défenderesse, Me Marc Le Bihan, l’avocat de “Petit Boubé”, souligne que la surfacturation n’est pas un délit en droit nigérien et réfute les allégations de profit illicite. L’État est déterminé à découvrir ce qui s’est passé. Tidjani Idrissa Abdoulkadri, porte-parole du gouvernement, a déclaré: Laissons le juge d’instruction compléter son enquête. L’État véhicule un message d’impunité lorsqu’il décide de ne pas engager de poursuites civiles. L’enquête est toujours en cours, mais les autorités ne veulent pas s’en prendre au système, déplore un responsable de la société civile. Même s’il a grandi avec le MNSD, le système Hima est inextricablement lié au PNDS, dont barons alternent comme ministres de la Défense depuis 2011. Même si le président Bazoum voulait tout mettre en lumière, il ne pourrait pas le faire puisque le parti est au-dessus de lui. Par ailleurs, le ministre Issoufou Katambe, qui a dirigé l’audit de la Défense et enquêté jusqu’en Europe de l’Est et en Russie, n’est plus en fonction.

Les richesses poussent partout, Il y a plusieurs résidences à Prague, au moins un pied-à-terre à Paris, des villas à Niamey… Aller au bout des investigations reviendrait à dévoiler la “clé de répartition” en vigueur pour les contrats militaires, c’est-à-dire quelles sont les commissions accordées à chaque acteur privé ou public”, explique un enquêteur qui connaît l’audit par cœur. De bas en haut de l’échelle de l’entreprise, tout le monde est conscient de son existence.

Lorsque “Petit Boubé” doit fournir une centaine de voitures, on constate que le parc automobile d’un ministre se gonfle d’une dizaine de véhicules, précise la même source. La fortune personnelle d’Aboubacar Hima s’améliore. On dit qu’il possède de nombreuses maisons haut de gamme à Prague, dont un penthouse surplombant la rivière Vltava qu’il a acheté pour 1,4 million d’euros en 2015. Il entretiendrait également au moins un pied-à-terre à Paris, où il a noué des relations avec des personnes comme Alexandre Benalla, ancien chef de projet d’Emmanuel Macron, et Pascale Jeannin Perez, majeure des milieux africains et moyen-orientaux.

Aboubacar Hima est resté silencieux depuis que l’audit du ministère de la Défense a été rendu public. Il visite rarement ses villas proches de la présidence à Niamey, qu’il a laissées entre les mains de sa sœur aînée, Fati, et de sa mère, pour qui il a fait construire une somptueuse demeure dans le quartier du Plateau. Il évite aussi la France et le Nigeria, où il possède une propriété et avait réussi à se rapprocher du nouveau président, Muhammadu Buhari, qui l’avait également accueilli. Il fait également l’objet d’une enquête de la Commission des crimes économiques et financiers d’Abuja (EFCC).

Par l’intermédiaire d’une autre de ses entreprises nigérianes, la Société internationale d’équipements, il est accusé d’escroquerie et de détournement de fonds publics pour un montant total de plus de 10 millions d’euros. L’EFCC, qui a délivré un mandat d’arrêt à son encontre, estime qu’il aurait participé à un stratagème frauduleux avec l’aide de Sambo Dasuki, l’homme qui l’a accueilli pour la première fois dans le pays au début des années 2010.

Ce richissime semble toujours intouchable, l’ombre ivoirienne abrite-t-elle Hima recherché d’Abuja ? pour rappel, Sambo Dasuki a été arrêté en décembre 2015, quelques mois seulement après l’arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari et la démission de Goodluck Jonathan, et accusé d’avoir détourné environ 2 milliards d’euros en commercialisant de faux contrats pour la livraison d’hélicoptères, d’avions de chasse et de munitions à l’armée nigériane. Il pourrait faire face à un nouveau procès après sa libération fin 2019. Aboubacar n’est plus autorisé à entrer au Nigeria. Il a peur d’être arrêté, a déclaré un de ses proches.

Malgré des changements de téléphone à plusieurs reprises, “Petit Boubé” poursuit son opération. Il opère dans toute la sous-région, poursuit cette source, notamment au Ghana, au Togo, au Bénin, au Sénégal, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée Bissau. Selon ses proches, il partage désormais son temps entre Accra et Abidjan, tandis que sa femme voyage entre Dakar et Paris.

Eric Kuikende, LEO NJO LEO NEWS

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