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Friday, September 27, 2024

Que retenir du Bénin avec Patrice Talon ?

Patrice Talon est un président à l’âge de 65 ans avec un physique similaire à celui d’un « sensei du Wakanda », avec un langage franc et soigneusement calculé qui détonne dans un environnement politique où l’on se déteste mais où les amitiés, les accords provisoires et les complicités de façade sont autorisés. Il possède une certaine touche d’« iron man ». Depuis son élection en 2016, le président du Bénin travaille à réformer l’économie, la protection sociale, les institutions… Et d’ici la fin de son deuxième et dernier mandat en 2026, il prévoit de continuer à changer radicalement le Bénin.

Certes, le Bénin n’est pas à l’abri de vulnérabilités conjoncturelles, et les besoins en investissements dans les infrastructures restent massifs.

Le littoral béninois

Les efforts du gouvernement Talon pour faire du Bénin une destination touristique privilégiée se sont poursuivis, davantage concentrés désormais sur les quelque 120 kilomètres de côtes que compte le pays. Le Bénin a tout d’abord misé sur ses parcs. Le Bénin a d’abord investi dans ses parcs. Les amateurs de safari et d’étendues sauvages ont longtemps été attirés par les réserves à la faune exceptionnelles du parc national W et du parc national Pendjari, situés dans le nord-ouest du pays.

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Le Bénin ne se base pas uniquement sur ses monuments historiques pour « attirer les touristes ». Son littoral est encore largement sauvage et offre de belles opportunités pour le tourisme balnéaire – loisirs au bord de la mer. Le Bénin a l’intention de mettre en place des complexes hôteliers de premier plan en plus des « bassins de nage » destinés à offrir des « espaces de baignade » malgré les ardeurs de la houle. D’ici à 2026, les lodges du Club Med de Cap Skirring seront installés dans l’arrondissement d’Avlékété, à environ dix kilomètres à l’est de Ouidah. Cet établissement d’environ 150 chambres sera construit avec un coût estimé de 183 milliards de F CFA (environ 279 millions d’euros).

« L’économie de la Casamance est alimentée par le tourisme ». Ces projections, que ce soit sur des maquettes ou des images de synthèses, présentent un paysage de carte postale et des perspectives économiques favorables pour Cotonou. Cependant, une ombre plane sur la scène. Comme tous les pays côtiers, le Bénin est confronté à une menace pour son littoral en raison de l’évolution inévitable de la mer. En certains endroits, les courants impitoyables de l’océan Atlantique et la force de ses vagues grignotent jusqu’à quinze mètres de plage annuellement.

Martin Pépin Aïna, directeur général de l’environnement et du climat au ministère du Cadre de vie et du Développement durable, conseille de « faire preuve de patience » en raison des effets déjà observés de ces réalisations. Ces réalisations, selon les simulations en laboratoire, devraient protéger les côtes béninoises pour les trente années à venir. Cependant, il est encore trop tôt pour quantifier les effets immédiats, il nous faudra effectuer de nouvelles études pour en mesurer l’impact.

Un appétit dévorant que Cotonou tente de limiter grâce à des projets importants, au-dessus et au-dessous des eaux. Il est temps de se rappeler que la solution locale viable face à la montée des eaux nécessite une « réponse mondiale ».

Création d’une zone industrielle

Transformer sur place, dès 2024, la totalité de la production nationale de « noix de cajou ». Tel est l’objectif fixé par le président béninois Patrice Talon à la filière « anacarde », deuxième pourvoyeuse de recettes d’exportation du Bénin, après celle de « coton ».

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En juin 2023, Létondji Béhéton, le directeur général de la Société d’investissement et de promotion de l’industrie (Sipi-Bénin SA), une coentreprise entre Arise IIP (65 %), Gagan Gupta et l’État béninois (35 %), a estimé que la « transformation locale » permettrait au gouvernement béninois de générer environ « 1 milliard de dollars ». Ce secteur représente environ 2 % du PIB du pays et compte environ 200 000 producteurs. Avec 1,25 million de tonnes de noix brutes produites et 300 000 tonnes de noix transformées localement en 2023, la Côte d’Ivoire est désormais dans le top 5 des acteurs mondiaux de la noix de cajou, et ces grandes ambitions béninoises font partie d’un mouvement ouest-africain d’essor de l’anacarde.

Au niveau de la transformation, les efforts sont également reconnus. Le produit principal de la zone industrielle spéciale de Glo-Djigbé (GDIZ), qui est gérée par Sipi-Bénin SA, est la « noix ». Elle dispose de cinq unités de transformation d’une capacité de 20 000 tonnes chacune, deux ans après le début de son aménagement en février 2021.

La production a considérablement augmenté, passant de 100 000 tonnes en 2013 au double sur les deux dernières campagnes, grâce à des conditions climato-géologiques favorables, au soutien à la réhabilitation de vieilles plantations et à la subvention de plants plus performants. Elle est prévue à 250 000 tonnes en 2024.

Sans oublier la nécessité de construire des espaces de stockage afin d’assurer un approvisionnement annuel des unités de traitement, ainsi que le coût de l’énergie, ce qui rend les usines béninoises moins compétitives que leurs concurrentes asiatiques.

Fabrication de vêtements made in Bénin

Le Bénin se distingue par sa « résilience économique » dans une situation mondiale marquée par une « succession de crises et une spirale inflationniste ». Il affiche une croissance de 5,5 % pour 2023, qui devrait se consolider à 6,3 % en 2024, selon les prévisions du FMI. Ces chiffres sont supérieurs à la moyenne régionale en raison d’investissements stratégiques et de politiques économiques ciblées dans les infrastructures et les secteurs clés, en particulier l’agroalimentaire et les services.

La transformation structurelle de l’économie béninoise est « bel et bien en cours », au-delà de ces défis qui affectent le commerce de transit. L’économie béninoise a historiquement été concentrée sur des secteurs tels que l’agriculture, avec une prédominance du coton (dont il a confirmé sa position de premier producteur du continent avec 700 000 tonnes de coton-graine) et de l’anacarde, mais elle s’oriente progressivement vers une « diversification plus marquée ».

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En raison de sa vaste côte (plus de 120 kilomètres) sur le golfe de Guinée, entouré par le Nigeria et le Togo, il offre un accès maritime essentiel aux pays qui n’ont pas accès direct à la mer, notamment le Niger, le Burkina Faso et, plus loin, le Mali. « Le Bénin est un centre important du commerce régional ».

Malgré ces indicateurs encourageants, il est possible que certaines notes fragilisent les perspectives de croissance à court terme. La proximité du Bénin avec les économies voisines, en particulier ses principaux marchés de l’hinterland, le Niger et le Burkina Faso, qui ont tous deux été touchés par un coup d’Etat militaire, ainsi que les attaques djihadistes dans les régions du Nord du pays, pourraient entraîner une baisse des prévisions de croissance à moyen terme.

Un nouveau visage de l’aéroport de Cotonou

En 2023, l’aéroport international Cardinal-Bernardin-Gantin a accueilli plus de 520 000 passagers, soit un chiffre équivalent au trafic de 2019, et le pays se concentre sur sa stabilité et sur une politique « touristique ambitieuse pour atteindre 2 millions de visiteurs par an à l’horizon 2030 ». Un environnement moderne pour la « gestion et le développement des infrastructures aéroportuaires et des activités aéronautiques nationales » a été créé.

En moyenne, environ quinze avions atterrissent chaque jour au Bénin. Au niveau régional, Asky, Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire desservissent l’aéroport, ce qui en fait la seule destination ouest-africaine pour Afrijet, tandis que Mauritania Airlines le relie au nord du continent.

Le Bénin bénéficie d’une augmentation de la capacité de fret due à l’ouverture de la ligne, en particulier en raison de la proximité de l’aéroport de Paris-Orly avec le centre de Paris ainsi que de l’importance du marché de Rungis, le premier marché mondial de produits frais.

Didier Amani SANGARE

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