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Friday, September 27, 2024

RD CONGO, LE VISAGE D’UNE SOCIETE RISQUEE, UNE SOCIETE DES MILICES ETHNIQUES

Aujourd’hui, au Congo, la guerre défraye à nouveau la « chronique » avec sa cohorte de souffrances aussi horribles qu’insensées. Tous les mots sont devenus fiables pour décrire ce qui s’y passe. Ayant traversé une longue période de guerres répétitives, le pays semble malheureusement « s’accoutumer à une logique négative de revendication ou construction de la paix ». Il est ainsi plus marqué par les épisodes de guerres que le vrai chemin de la paix.

La guerre qu’on a fait aux Congolais constitue une « sérieuse entrave à la construction du devenir de paix et de sécurité de l’ensemble politique congolais ». Elle est une réelle menace aux perspectives du développement et couvoir d’une « société en danger ». Les reflets qu’elle renvoie de la société congolaise permettent d’apercevoir les « ruines qui la souillent et qu’elle amplifie ». Les fragilités de la société congolaise à multiples visages suite aux vagues de guerre de quatre dernières décennies. L’approche par la culture de la guerre imposée de ce quasi demi-siècle, « encolle une perspective continue à l’ensemble de la politique congolaise ».

Des fissures des liens sociaux

Le cycle de guerres que le Congo connaît se révèle un « briseur de la diversité de liens sociaux » qui reliaient les congolais au sein de différents villages, secteurs, chefferies, territoires, villes, provinces et groupes sociaux. L’exclusion sociale ; l’accès inégal aux ressources, aux services et au pouvoir ; l’injustice sociale ; le défaut de paix et de solidarité ; la pauvreté des masses sont autant des « fertilisants de la culture façonneuse de fractures sociales ». C’est aujourd’hui qu’on sait, expressivement et avec empressement, distinguer les Congolais selon leurs zones géographiques et linguistiques d’origine [Congolais de l’Est, de l’Ouest, du Nord, du Sud ou du Centre ; Congolais swahilophone, Congolais lingalophone, etc.].

Plus fort encore, dans ces grands ensembles géolinguistiques, s’y déroulent la même « dynamique identitaire nuisible à l’unité nationale ». Ce détricotage des liens sociaux préside à la « crise de confiance mutuelle et de sociabilité entre peuple ». Les récents affrontements sanglants entre les forces loyalistes congolaises et le M23 en viennent à rajouter leur lot de malheurs que le Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’Homme (BCNUDH) et la Mission des Nations unies pour la stabilité du Congo (MONUSCO) documentent à ce jour à Kishishe au Nord Kivu.

Une société des milices qui s’engraissent

Face au bruit de bottes à reflet identitaire, les ensembles sociologiques se sont constitués en différents groupes armés pour ne pas consommer les couleuvres d’envahissement et d’occupation. Certes, ils n’ont pu empêcher de se consumer par l’instabilité dont ils sont eux-mêmes producteurs à l’échelle des villes, territoires, chefferies, secteurs ou des villages, mais ont joué un rôle de « dernier rempart à la sauvegarde de la terre ancestrale congolaise ».

Cette logique de résistance armée a aussi donné corps à une « forme d’instabilité, de crises à tous les étages, faisant de l’ensemble politique congolais une société des milices », où ces dernières sont en compétition numérique avec les églises. Autant qu’il y a des églises au bout de chaque avenue arpentant les quartiers, autant qu’il y a des milices dans chaque village, dans chaque secteur, dans chaque chefferie, chaque territoire, devenant leur « pourvoyeur de leurs moyens de survie par l’achat de la sécurité ».

A ce jour, le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST) en a dénombré « 122 milices dans la seule partie Est de la RDC ». Cet éventail des milices s’est considérablement élargi à cause, notamment, de la « résurgence et élasticité de guerres d’agression ». Sans répondre au défi de paix et de sécurité, ces entreprises sont, plus que jamais, soumises à des tensions internes considérables et aléas de tout bord.

Les habitants, même de leur appartenance sociologique, en subissent le contrecoup. Les plus visibles sont des barrières érigées sur les routes d’intérêts commerciaux, dans des carrés miniers ; des jetons de sécurité, des règlements de comptes ; etc. Clairement, l’offre de la « protection de la terre ancestrale se répercute sur les violences politiques, économiques et sociales ». Mais cela n’est qu’une partie extériorisée de la « fragilité du tissu sécuritaire » du pays et « une frustration ressentie par les groupes sociologiques menacés dans leurs milieux naturels d’existence ».

Les milices, identifiées sous le vocable « Maï-maï », sont aujourd’hui en effervescence avec une contagiosité incontrôlable à l’Est du Congo comme une solution locale à la convoitise foncière et économique par les pays agresseurs, supposés sous-traiter pour le compte de l’Occident tout en poursuivant leurs propres agendas politiques, militaires, mais surtout économiques. « L’intervention violente de jeunes Congolais qui montrent une disposition croissante à agir contre ce qu’ils perçoivent comme la cause de la crise actuelle, c’est-à-dire ce qu’ils appellent l’occupation rwandaise de leur province ». Pour ces milices, « la violence tend à devenir une activité ordinaire dans un contexte où les conflits se succèdent ».

>> Lire aussi : LE CHIKUNGUNYA DU GOUVERNEMENT CONGOLAIS

Cependant, le véritable problème de la réapparition et la persistance du phénomène « Maï-maï » n’est pas tant constitué de l’existence des « forces étrangères d’occupation », plutôt de crises complexes enracinées dans des conflits autour du pouvoir, de la gouvernance, de l’identité et de l’accès aux ressources naturelles. Il s’agit là de l’essoufflement de l’État à remplir sa mission de sécurité et de régulation de la vie socio-économique, qui est source de ce que nous nommons la « guerrâtrie ».

Le guerrâtre n’a de la passion que pour la guerre, celle-ci supposant pour lui, la clé de réussite en toute circonstance, c’est-à-dire « dominer, imposer sa volonté et plier celle des autres à sa guise ». Il s’agit-là d’un « égarement éthique » en ce siècle des Lumières, voué aux modes pacifistes de la vie collective.

© 2023 – Daniel MOMBELE, LNL News. Tous droits réservés.

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2 COMMENTS

  1. Un Kasaïen qui a fui la guerre de Kamwena Nsapo, a fui et est à Lyantonde lui et sa femme, ils ont une identité Ougandaise.
    Ils ont un grand magasin et prospèrent…
    Le Kongo demeure tjrs : « Un Conglomérat de combines maléfiques !»

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