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Friday, September 27, 2024

RDC-ANGOLA : VERS LA RELANCE DE L’EXPLOITATION MINIERE VIA LA LIGNE FERROVIAIRE LOBITO-KOLWEZI

Dans le souci de rénover la ligne ferroviaire entre le port de Lobito en Angola et Kolwezi en RDC, une région extrêmement minière, Luanda et Kinshasa ont accordé à un groupe d`investisseurs une concession de 30 ans dans cette région. Une exploitation qui devra bénéficier à ces deux pays, notamment dans la relance des activités économiques et minières.  C’est les groupes Trader de premières Trafigura et Mota-Engil qui ont décroché ce marché dont le coût d’exécution est de 555 millions de dollars financé en partie par les Etats-Unis d’Amérique via le DFC, l’International Development Finance Corporation, une agence gouvernementale américaine. S’étendant sur environ 1.700 km, cette ligne de chemin de fer a été construite il y a 100 ans par des investisseurs britanniques.

Des préalables pour y arriver

La région entre Lobito et Kolwezi est réputée productrice des minerais, dont le cuivre où elle est la première en Afrique centrale. Ce projet va contribuer à resserrer de plus en plus de liens entre l’Angola et la Rd Congo ainsi que les pays étrangers et  devra alors permettre à ces deux pays de se développer, surtout en ce qui concerne le commerce et généralement dans l’exploitation des matières premières. Ainsi, il devra être question pour les deux pays d’acheter au moins plus de 1.500 wagons en reprenant les ponts mais aussi investir en Angola 456 millions de dollars et 100 millions en RDC.

Il n’est pas donc exclu que ce projet s’étende jusqu’en Zambie voisin, selon le consortium chargé de l’exécution du projet. La partie angolaise de la ligne a été fermée au plus fort de la guerre civile qui a ravagé le pays entre 1975 et 2002, puis laissée à l’abandon tandis que la partie congolaise plus vétuste, qui remonte à l’époque coloniale, a été peu entretenue. Face à cette situation, les compagnies minières préfèrent transporter le minerai par la route vers Lobito et d’autres ports souvent saturés en Tanzanie, Kenya, Mozambique ou Afrique du Sud, mais ce transport très coûteux prend des semaines.

Les travaux devraient commencer dans les trois prochains mois. Cet itinéraire est d’abord une alternative aux ports d’Afrique de l’Est, très congestionnés et où les retards sont fréquents. Et jusqu’à présent, pour exporter leurs métaux précieux, la RDC et la Zambie dépendaient fortement du transport routier.

Compétition sur le sol africain

Le DFC, l’International Development Finance Corporation qui va financer la moitié du projet entre la RDC et l’Angola, proche de la Chine et de la Russie veut concrétiser la volonté des Etats Unis d’Amérique d’empêcher la chine d’étendre son expansionnisme sur le continent africain. Une compétition à ciel ouvert entre les deux la Chine et les USA pour s’assurer un accès aux ressources sur le sol africain étant déjà bien remarquable.

Il y a un siècle, la partie angolaise reconstruite par une société chinoise, a rouvert en 2015, mais le trafic n’a jamais vraiment repris, avec environ un train toutes les deux semaines, selon Vecturis, l’opérateur belge qui la gère et fait aujourd’hui partie de la nouvelle concession. Actuellement, les compagnies minières préfèrent transporter le minerai par la route vers d’autres ports de la région, mais cela est coûteux et prend des semaines. Avec la demande croissante de minerais essentiels à la transition énergétique, de nouvelles voies d’exportation sont nécessaires.

Le consortium chargé de la rénovation de la ligne de chemin de fer compte investir environ 455 millions de dollars en Angola, en achetant des wagons et des locomotives, ainsi qu’en réparant les ponts et les voies. Une enveloppe supplémentaire de 100 millions de dollars sera allouée à la RDC, et l’extension de la ligne jusqu’en Zambie n’est pas exclue.

Ce projet de rénovation marque un tournant dans la diplomatie angolaise, qui cherche à diversifier ses partenariats économiques.

Le financement du projet par l’International Development Finance Corporation (DFC) des États-Unis témoigne de la concurrence entre les États-Unis et la Chine pour accéder aux ressources naturelles africaines.

L’objectif de cette initiative est de renforcer le commerce entre l’Angola et la RDC, et de favoriser le développement économique régional. Le corridor ferroviaire de Lobito, reliant l’Angola, la RDC et la Zambie, est considéré comme une infrastructure essentielle qui facilitera l’intégration régionale en Afrique. 

Vers la fin du calvaire ?

Un véritable chemin de croix pour les usagers de ce corridor actuellement. Ces transporteurs miniers traversent un véritable calvaire. Ils sont obligés de passer par la voie routière pour transporter les minerais pour atteindre Lobito, Mombasa et Dars es Salam. Un transport qui prend plusieurs semaines et beaucoup d’argent avec tous les risques liés notamment à l’impraticabilité de cette route. Ce projet devrait également créer des emplois et des opportunités d’investissement, notamment dans les secteurs de l’industrie lourde, de l’agriculture et de l’exploitation minière. À nouveau, cette ligne est une infrastructure au service de l’extractivisme, pas de l’intérêt général. Les décideurs de ces pays mettent en œuvre le même schéma que celui conçu il y a plus d’un siècle par les capitaux britanniques et belges.

Le qui perd-gagne

Quand le gouvernement angolais a énergiquement ouvert ce chantier après l’accord de paix de Luena de 2002, il visait le redressement économique, mais aussi l’unification politique. L’économiste Ana Duarte précise que la reconstruction du train était un instrument politique qui représentait un retour à la stabilité et la garantie que les populations puissent à nouveau se déplacer sans peur. Cette décision sous-entendait que le pouvoir central du MPLA rompe l’isolement des provinces de l’intérieur maintenu par les rebelles de l’UNITA et ses alliés. Le MPLA est le premier parti politique en Angola. Ce parti, fondé en 1956, a une fois de plus gagné les élections parlementaires en août 2017. Il est soudé depuis plus d’un demi-siècle de guerres anticoloniales et contre des rebelles armés par l’Apartheid et soutenus, jusqu’au dernier jour, par l’Occident.

Ce passé anticolonial est ancré dans ses gènes. Le président João Lourenço, élu l’année dernière, réoriente actuellement la politique gouvernementale. Sous son action, certaines personnalités corrompues du régime ont été écartées du pouvoir (à commencer par la famille de son prédécesseur José Eduardo dos Santos). Le pétrole est depuis des décennies la première source de revenus de l’Angola. Cette source permet au pays d’affirmer sa souveraineté vis-à-vis des puissances extérieures. Grâce au pétrole, et même après sa chute de prix depuis 2014, l’Angola dispose de moyens financiers conséquents. Son budget pour 2018 (45,69 milliards de dollars) fait pâlir celui de la République démocratique du Congo (qui est de 5 milliards de dollars). Contrairement à l’Angola, la RD Congo présente l’image d’un pays mis sous tutelle par l’étranger depuis son indépendance, où toute tendance à la souveraineté a été tuée dans l’œuf et tout projet fédérateur nationaliste saboté.

©2023 – Paulin AGANZE, LNL NEWS

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