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Friday, September 27, 2024

RDC : BENI-ITURI, UN FOYER D’AFFRONTEMENT DES ADF/NALU DEPUIS LES ANNEES 1989

« Les ADF-Nalu sont l’un des plus anciens et méconnus groupes armés de l’Est de la République démocratique du Congo, et la seule organisation terroriste islamiste » en Afrique Centrale. L’ADF-Nalu a pris les armes contre le dirigeant ougandais, Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986. Elle a été vaincue par l’armée ougandaise et a été repoussée dans le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo.

A sa création, la Nalu est soutenue financièrement et militairement par les pouvoirs zaïrois et kenyan qui se méfiaient de MUSEVENI. A partir de 1988, elle est chassée d’Ouganda par l’armée ougandaise et s’établit dans les territoires zaïrois de Beni et du LUBERO. En plus d’anciens éléments de la rébellion séparatiste du Rwenzururu, elle récupère des combattants zaïrois comme les Maï-Maï Kasindiens. Installé autour de la ville frontalière de Kasindi entre l’Ouganda et le Zaïre, au pied du mont Rwenzori, ce groupe est dirigé par Enoch Nyamwisi et Mbusa Nyamwisi après le décès de son frère. En intégrant dans ses rangs des combattants zaïrois, la Nalu devient en fait un « mouvement congolo-ougandais ».

La clé de la ténacité ADF- Nalu au Congo

Le secret de la résilience des ADF-Nalu n’est pas leur récente radicalisation islamiste mais leur intégration locale dans une zone frontalière stratégique qui leur a permis de survivre sans gagner de bataille pendant plus de quinze ans et de résister jusqu’à présent à toutes les tentatives de neutralisation. Les ADF-Nalu se sont installées dans cette zone grise où l’autorité de l’Etat est traditionnellement faible et où les activités économiques illicites sont prospères.

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La stratégie d’expansion des ADF en Ituri a nécessité une intensification des recrutements, y compris dans leurs nouvelles zones d’opérations. À cette fin, les ADF ont instrumentalisé les conflits existants entre la communauté indigène Nyali-Tchabi et la communauté Hutu migrante, également appelée Banyabwisha. Les ADF avaient utilisé une stratégie de recrutement similaire au début des années 2000, lorsqu’elles avaient exploité les tensions entre les communautés Vuba et Nande dans le territoire de Beni. Les ADF ont recruté et formé plus de 100 Hutus, d’abord essentiellement sur la base du volontariat, bien que certains aient pu être trompés, forcés et/ou capturés, en particulier vers juillet 2021, lorsque des recrues mécontentes ont commencé à s’échapper. Les recrues Hutu ont été régulièrement utilisées comme combattants par les ADF, notamment lors des attaques de Boga et de Tchabi en mai 2021. En juillet 2021, les FARDC ont utilisé un grand nombre des recrues Hutu qui s’étaient échappées des camps des ADF, y compris des enfants, comme supplétifs pour combattre les ADF.

Liens régionaux et internationaux : recrutement et financement

Les efforts accrus des ADF en matière de propagande, de sensibilisation et de mobilisation extérieures, y compris au moyen de leur allégeance à Daech, ont contribué à renforcer leurs réseaux et à étendre leur portée pour recruter, collecter des fonds et organiser des attaques armées au-delà des frontières de la République démocratique du Congo. Le Groupe d’experts de l’ONU a recueilli des informations sur plusieurs individus ou cellules responsables du recrutement et du financement en Afrique du Sud, au Burundi, au Kenya, en Somalie et en Tanzanie, dont certains entretiennent des liens. Toujours selon le groupe d’experts, des ex-combattants des ADF ont continué de signaler la présence de recruteurs et de points focaux dans la région, en particulier le long des côtes kenyanes et tanzaniennes et au Burundi.

Les mêmes sources ont également fait état de recrutements par des religieux ou des fidèles musulmans dans des mosquées et des écoles, notamment à Mombasa (Kenya) et à Bujumbura (Burundi). Des médias sociaux (Facebook, WhatsApp et Telegram) ont été utilisés, avec des groupes en ligne qui diffusaient une propagande radicale et encourageaient les membres de ces groupes à rejoindre le jihad, notamment en République démocratique du Congo ou au Mozambique. Cela montre que l’allégeance des ADF à Daech et leur projet d’alignement avec ce dernier, ainsi que les revendications de Daech, ont permis aux ADF d’accroître leur notoriété dans des cercles radicalisés. Les ADF ont capitalisé sur cette notoriété pour attirer des recrues hautement radicalisées et sont ainsi apparues comme une option possible pour des individus désireux de rejoindre Daech, au même titre que Daech en Libye, au Mozambique, en Somalie et en République arabe syrienne. Plusieurs recrues, dont Salim et Hytham, ont cependant été déçues par les conditions de vie difficiles ou les divergences idéologiques et ont rapidement quitté les camps des ADF.

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Selon plusieurs sources, Daech aurait fourni aux ADF une orientation idéologique, et aurait soutenu, coordonné ou dirigé ses affiliés, à savoir les ADF en République démocratique du Congo et Ahl al-Sunna wal-Jama’a au Mozambique (ASWJ), par l’intermédiaire de son bureau Al-Karrar au Puntland, en Somalie, qui est hébergé par Daech en Somalie. Daech en Somalie et le bureau Al-Karrar de Daech sont tous deux dirigés par Yusuf Abulqadir Mumin.

Comment combattre les ADF-Nalu ?

A Beni, « l’ADF s’est solidement implantée sur le territoire, laissant un grand nombre de localités (villages) dans son sillage ; ses troupes considèrent l’armée congolaise comme leur famille ». En un quart de siècle, au-delà de l’implantation territoriale, les ADF ont eu le temps de construire des réseaux : « elles sont parvenues à tisser des liens avec des groupes Maï-Maï locaux » et plusieurs rapports des Nations unies ont également montré des rapprochements avec des officiers des FARDC.

La neutralisation de ce groupe terroriste bien armé et enraciné ne nécessite plus qu’une « solution militaire », mais plutôt une « stratégie basée sur le renseignement ».  Les réseaux économiques et logistiques des ADF-Nalu au Congo et ailleurs doivent être identifiés, et les dirigeants de ces réseaux doivent faire face à des sanctions de la part des Nations Unies et de leurs autorités militaires respectives. 

« Au lieu de lancer des offensives militaires, il serait plus efficace d’affaiblir la base socioéconomique de ce groupe armé et, en même temps, tenter d’attirer les ADF en feignant de prendre la fuite ». Lui offrir ce qu’il demande a pour but de mieux se préparer à ce qu’il abandonne. C’est-à-dire que les FARDC peuvent provoquer l’action des ADF afin de découvrir ses motivations, la contraindre à dévoiler son dispositif, et la freiner afin d’identifier ses points forts et ses points faibles. C’est une des stratégies pour sauver les gens de Beni.

©2022 – Didier Amani SANGARA pour Leo Njo Leo News

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