Pendant que la situation diplomatique demeure tendue entre le Rwanda et la RDC depuis le début des affrontements dans le Nord-Kivu entre la rébellion du M23, soutenue par Kigali selon plusieurs rapports des Nations Unies et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), les autorités congolaises cherchent l’appui de part et d’autres pour restaurer l’autorité de l’Etat dans les zones occupées par les rebelles.
La dernière solution magique de Kinshasa, c’est Israël où se sont tournées récemment les autorités de Kinshasa. Le 02 juillet dernière, le président congolais Félix Tshisekedi a eu un échange téléphonique fructueux à ce sujet sécuritaire avec Isaac Herzog son homologue israélien. Visiblement, Kinshasa compte énormément sur Tel-Aviv, pays ami au président Tshisekedi pour l’appuyer dans son offensive diplomatique, en particulier contre le régime du président rwandais Paul Kagame.
Rapprochement de haut-niveau avec l’Israël
Depuis plus de vingt ans, la RDC n’avait pas d’ambassadeur accrédité à Tel-Aviv. Aussitôt arrivé au pouvoir, Tshisekedi a nommé un chargé d’affaires en Israël pour témoigner de l’histoire d’amour particulière qu’il a à ce pays de la main de l’Eternel. Un ambassadeur devrait être nommé et une partie de l’ambassade, notamment son antenne économique, devrait partir pour Jérusalem.
Lors de son intervention du haut de la tribune du Congrès de l’AIPAC (American Israel Affairs Comitee), le président congolais a annoncé de manière très solennelle la reprise des relations diplomatiques de haut niveau de son pays avec Israël. Les applaudissements couvrent sa voix. C’est une nouvelle chargée de sens. Par la suite, il s’est efforcé de renforcer ses relations avec l’Etat hébreu, notamment en se prononçant systématiquement en sa faveur sur le dossier palestinien devant les différentes instances internationales (Nations unies ou Union africaine). Un soutien dont la RDC espère tirer profit, que ce soit sur le plan diplomatique, économique et militaire.
Depuis plus d’un an, les forces spéciales de l’armée israélienne sont en formation avec les Forces armées de la RDC qui sont outillés sur différentes stratégies et techniques de guerre et plusieurs autres matières dans le secteur de la sécurité.
Kigali ne recule pas en arrière
Le soutien de Kagame à la rébellion du M23 n’est plus à démontrer. Ce mouvement, qualifié de terroriste par le gouvernement congolais occupe actuellement plusieurs villages dans les territoires de Masisi, Rutshuru et de Nyiragongo dans la province du Nord-Kivu dans l’est de la RDC. La ville de Goma est souvent la cible de ces derniers, mais n’y arrivent toujours pas. Ce qui continue à entêté le gouvernement congolais à camper sur sa décision de ne pas dialoguer avec les responsables du M23.
Des experts des Nations unies dans leur rapport, ont affirmé le soutien de l’Administration de Paul Kagame à la rébellion du Mouvement du 23 mars. Ce que Kigali ne cesse de balayer d’un revers de la main par une série de démentis successifs. Ce groupe d’experts des Nations unies à publier un rapport sur la RDC, lequel affirme que l’armée rwandaise continue d’assurer une présence active sur le sol congolais en soutien aux rebelles du M23. Les condamnations des chancelleries occidentales semblent ne pas avoir freiné Kigali à soutenir ses poulains disséminés partout dans la province du Nord-Kivu et qui font présentement face aux résistants nationaux communément appelés « Wazalendo ».
Andrew Nyamvumba et James Kabarebe, chefs de file des RDF en RDC
Faisant foi à ce rapport des experts des Nations unies, les Rwanda defenses forces (RDF) sont bien visibles sur le sol congolais. Il n’y a pas longtemps, la société civile dans le territoire de Nyiragongo a dénoncé l’entrée de plusieurs colonnes des éléments RDF à travers plusieurs bornes. Le général de brigade Andrew Nyamvumba, conduit de main de maitre cette armée visible en RDC depuis novembre 2022 et cohabite avec les combattants du M23. Il assure la liaison directe entre cette rébellion et Kigali. Dans la localité de Mushaki, en territoire de Masisi, un carnet a été retrouvé par les experts. Ce document détaille les noms et les grades des militaires rwandais envoyés en mission dans la zone, de même que l’emploi de mortiers contre les positions adverses. Depuis Kigali, c’est le conseiller défense et sécurité du président, le général James Kabarebe âgé de 64ans qui coordonne tout soutien avant de faire une liaison avec le M23, par le biais du général de brigade Nyamvumba. Pour mener ces actions militaires sur le sol congolais, regroupées sous l’appellation “North Kivu Operations“, Kabarebe s’appuie sur les plus hauts dirigeants de l’armée rwandaise, tous identifiés par les experts onusiens pour leur rôle direct dans le soutien au M23. On retrouve parmi eux le lieutenant-général Mubarak Muganga, nommé début juin chef d’état-major de la défense (la plus haute fonction au sein de la RDF), ainsi que le général de division Vincent Nyakarundi, ex-patron du renseignement militaire nommé, lui aussi, début juin chef d’état-major de l’armée.
L’Israël agit discrètement
Malgré la déclaration d’amour solennelle de Tshisekedi à l’Israël, le pays hébreu préfère la discrétion. Discrètement, le chef du Mossad, David Barnea, souhaite rompre avec les pratiques de son prédécesseur, Yossi Cohen. Un changement qui va dans le sens de la nouvelle attitude promue par Tel-Aviv qui cherche à poser les bases d’un partenariat étatique et à faire oublier les agissements des hommes d’affaires israéliens impliqués dans des scandales en RDC. L’Israël apporterait déjà son soutien militaire aux autorités de Kinshasa en matière de coopération sécuritaire. Un déploiement des « drones pimpa » en provenance de Tel-Aviv a été signalé, il n’y a pas longtemps dans la capitale congolaise.
Le président de la RDC s’était rendu en Israël depuis le 25 octobre dernier où il été accueilli par son homologue Isaac Herzog. Ce dernier lui a promis de veiller à la réouverture de l’ambassade d’Israël à Kinshasa. Pour sa part, Félix Tshisekedi a déclaré qu’il souhaitait resserrer les liens avec Israël dans les domaines de la sécurité, de l’agriculture, des infrastructures ainsi que de la technologie numérique. S’adressant à la presse à la résidence du président israélien à Jérusalem aux côtés de son homologue Isaac Herzog, le président congolais a déclaré que son pays veut développer les meilleures relations possibles avec Israël.
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